jeudi, 09 mai 2013
Asile: qui est le plus chrétien ?
Débat sous tensions autour des prochaines votations en Suisse sur le thème de l'asile, le drame et la souffrance des réfugiés.
Après la prise de position de la conférence des évêques suisses et l'excellente interview de Mgr Charles Morerod, les questions du C (chrétien) et de la conformité du vote avec l'Evangile agitent les esprits.
Le Président du PDC suisse Christophe Darbellay tonne : "je suis tout autant chrétien que les évêques". On ne saurait lui lancer la pierre pour lui donner tort. En politique, il est impossible que le côté gauche ignore ce que donne la droite.
La tendance à tirer la couverture à soi est toujours la tentation qui nous guette tous. Entraîner l'Eglise n'est jamais sans risque. L'enseignement sociale chrétien est alors une lumière indispensable (voir Compendium, qui ne mentionne d'ailleurs pas, à proprement parler, l'asile)
Une société construite par les laïcs
La société actuelle est laïque, ce qui veut dire que les laïcs en sont responsables. Le Concile Vatican II a mis en lumière la grande noblesse du rôle temporel et séculier des laïcs. Nous sommes heureusement très loin de la vision des laïcs comme des membres de seconde classe, du bas peuple de l'Eglise, qui suivent passivement comme des moutons le clergé en matière sociale.
La decléricalisation de la société est ainsi un bien pour toute l'Eglise. Eglise et Etat sont au service de la même personne humaine, mais avec des moyens différents. Le Concile Vatican II a solennellement réaffirmé: « Sur le terrain qui leur est propre, la communauté politique et l'Église sont indépendantes l'une de l'autre et autonomes ».
Différentes options pour une même dignité
Aussi, pour l'asile, des moyens différents peuvent venir en aide aux réfugiés: s'engager concrètement pour la paix dans les pays d'origine, assurer le droit de ne pas immigrer, s'engager pour le maintien de l'unité de la famille avec le regroupement dans le pays de provenance. Pour un même problème grave, avec des souffrances inouïes, il n'y a qu'un seul absolu: la dignité de la personne humaine. Pour la promouvoir, plusieurs voies sont alors possibles. Ce même absolu oblige la conscience à refuser la corruption, l'avortement ou l'euthanasie.
Secouer les consciences
La position des évêques suisses mobilise la conscience des chrétiens et éclaire cet absolu: le devoir qui engage la conscience à aider les personnes, les réfugiés, pour assurer leur existence. Dès que l'homme, que la personne humaine est en jeu, l'Eglise, telle une Mère sort ses griffes.
Et le oui, et le non ... ne sont pas chrétiens
Dans cette prochaine votation, les chrétiens peuvent voter oui ou voter non; la question n'est pas de savoir qui est plus évangélique, plus chrétien, mais si concrètement les laïcs s'engagent activement et résolument dans la vie de la société, en adulte libre et responsable, pour que l'Evangile touche le coeur de chaque personne. L'Evangile n'est ni une initiative, ni un référendum, car il n'est pas non plus un programme politique. Rendons l'Evangile aux chrétiens et la politique à César, aux laïcs s'entend.
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