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mercredi, 15 février 2012

Joseph Ratzinger, 30 ans à Rome

Source et traduction: Benoît et Moi

 

 

Trente ans après
(Texte en italien, ma traduction)
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Il y a trente ans, le 15 Février 1982, était rendue publique la nouvelle que Jean-Paul II, allant à l'encontre du désir du cardinal Joseph Ratzinger, le déchargeait de la gouvernance pastorale du diocèse de Freising, et Munich. 
Le 25 Novembre précédent, en effet, le cardinal allemand de 54 ans avait été nommé par le Pape comme préfet du premier dicastère de la Curie romaine, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. 
Ainsi, après avoir conservé près de trois mois encore la direction de ce grand diocèse bavarois, en ces jours de Février, Ratzinger s'installe à Rome. Là, il était venu vingt ans plus tôt, en 1962, pour passer tout le temps du Concile en tant que conseiller théologique de l'un des protagonistes de Vatican II, l'archevêque de Cologne, le cardinal Joseph Frings. 
Par la suite, le brillant théologien de Rome était revenu plusieurs fois, surtout après 1977, quand il avait été nommé évêque de Munich et fait cardinal par le Pape Paul VI dans son dernier consistoire. 
Lors du premier conclave de 1978, Ratzinger rencontra en personne le métropolite de Cracovie, le cardinal Karol Wojtyla, et dans le second il contribua à son élection, convaincu - comme il l'écrivit en 2004 -qu'il était "le Pape pour l'heure présente".
A peine quelques mois plus tard, en 1979, Jean-Paul II le convoqua pour lui proposer d'assumer le poste de préfet de l'organnisme curial en charge de l'éducation catholique, mais l'archevêque de Munich ne se sentait pas de quitter le diocèse après seulement deux ans de gouvernement. Le Pape le voulait pourtant à ses côtés et, en Février 1981, il communiqua au cardinal son intention de le nommer préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, ne vainquant toutefois ses dernières résistances qu'à l'automne. 

Depuis Février 1982, le cardinal allemand n'a plus jamais quitté Rome. Malgré le passage des années et le désir de retourner à temps plein à la vie d'étude à laquelle il s'était toujours senti appelé, Jean-Paul II lui a en effet demandé à rester avec lui en tant que responsable de l'organisme doctrinal de la Curie romaine, et, de fait, comme son principal conseiller théologique. 
Pendant près d'un quart de siècle, depuis le siège romain, les deux hommes ont ainsi soutenu l'Église ensemble — tertio millennio adveniente et ensuite novo millennio ineunte— dans la transition séculaire, sur le chemin de l'homme aujourd'hui. Accompagnant cette humanité, et lui témoignant que Dieu est proche, comme l'ont toujours fait au long de l'histoire ceux qui ont su suivre vraiment Jésus, en dépit des fautes et des imperfections humaines présentes dans l'Eglise. 

En 2005, ensuite, il a été demandé encore plus à Joseph Ratzinger, dans la très rapide élection lors du conclave, une élection qui n'a été recherchée en aucune façon et que le cardinal a acceptée avec cette sérénité simple qui impressionne ceux qui l'approchent, même pour un instant. 

"Je ne le connais pas, mais ses yeux sont bons", a dit quelques jours plus tard une femme du peuple romaine. 
Et voilà, durant ces années de Pontificat, Benoît XVI a su chaque jour davantage transmettre - et pas seulement à ses fidèles - ce qu'il a confié en 2006 à Munich devant la Mariensäule, la colonne érigée en l'honneur de Marie: autrement dit, qu'il se sentait, selon l'interprétation augustinienne d'un psaume, comme une bête de trait qui travaille, sous la direction du paysan, mais en même temps est très proche de son maître, le Seigneur Jésus, et donc n'a pas peur du mal. 

Ce sentiment de confiance totale en Dieu se lit déjà à la fin du précieux récit autobiographique du cardinal qui, en 1997, reparcourait son premier demi-siècle de vie. Aujourd'hui, à trente ans du début de la période romaine de Joseph Ratzinger, ce doux berger qui ne recule pas les loups, le profil de la maturité d'un pontificat qui restera dans l'histoire se fait clair, dissolvant comme de la fumée les stéréotypes durs à mourir et contrastant avec des comportements irresponsables et indignes. Ces derniers finissent par s'imbriquer dans les clameurs des médias, inévitables et certainement pas désintéressées, mais qui doivent être utilisées comme une opportunité pour la purification de l'Eglise . 

Pape de la paix qui veut raviver la flamme de la primauté de Dieu, Benoît XVI est parfaitement cohérent avec son histoire. Une histoire marquée par une vision ample qui, dans les trente romaines, a toujours cherché un souffle mondial et a été caractérisé par une oeuvre d'innovation et de purification poursuivie avec courage, ténacité et de patience, conscient que depuis la nuit des temps, l'ennemi sème la zizanie (l'ivraie) le champ. 

C'est pourquoi le Pape indique sans relâche la nécessité de renouveau continu (ecclesia semper reformanda), rappelant que la sainteté de l'Église ne sera pas obscurcie si, à l'écoute de la vérité, elle reste proche de l'unique Seigneur. gmv 

(© L'Osservatore Romano le 15 février 2012)

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