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mardi, 12 juillet 2011

Chine: risque d'un pas en arrière


En Chine, après les ordinations épiscopales illicites du 18 novembre 2010 et du 29 juin 2011, une nouvelle ordination épiscopale sans mandat pontifical devrait être célébrée le 14 juillet prochain dans le diocèse de Shantou (Sud-Est). ‘Numéro deux’ de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, le Chinois Mgr Savio Hon Tai Fai juge que cette nouvelle ordination marquerait “un nouveau pas en arrière“ et ne cache pas que la situation actuelle est particulièrement “tendue“, comme lors de la rupture des relations diplomatiques entre la République populaire de Chine et le Saint-Siège en 1951, 2 ans après la prise du pouvoir par les communistes. Interrogé par I.MEDIA, le secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples explique aussi ces nouvelles tensions par l’approche de changements à la tête du Parti communiste chinois. 

Que représenterait, aux yeux de Rome, cette nouvelle ordination sans mandat pontifical ? 

Ce serait un nouveau pas en arrière. Le gouvernement et les hommes politiques chinois ont la conviction que l’Eglise doit être gérée par le gouvernement. Certainement, avec les ordinations illégitimes de novembre 2010 et avec celle du 29 juin dernier, le gouvernement était revenu en arrière, revenant à la situation des années 1950. Ils ont voulu ainsi avoir des évêques ordonnés sous l’organisation du gouvernement. Cela me surprend car nous avons fait tellement de pas en avant, pour nous rapprocher.

Pourquoi le gouvernement veut-il contrôler ainsi l’Eglise catholique ? 

Les grands chefs, au sein du politburo, font chacun leur travail. Il manque 18 mois avant de grands changements en Chine. Hu Jintao, président et aussi secrétaire général du Comité central du Parti communiste, doit être remplacé. Alors, pour se sauver, chacun cherche à être le plus à gauche possible, et prend position de façon plus intransigeante. C’est une forme subtile de campagne électorale !

Depuis novembre, deux ordinations sans mandat pontifical ont été célébrées. Qu’entraînent ces ordinations illégitimes auxquelles participent certains évêques fidèles à Rome ?

Toute ordination illégitime crée des blessures au sein de l’Eglise. Les fidèles s’interrogent. Des évêques fidèles à Rome sont revenus dans leurs diocèses comme si de rien n’était et ont créé le trouble parmi leurs fidèles. Certains ont des circonstances atténuantes et n’encourent pas l’excommunication. Ils nous ont écrit pour s’expliquer, décrivant les pressions exercées sur eux, expliquant qu’ils avaient été emmenés de force. Ceux-ci doivent s’excuser auprès du peuple de Dieu, proposer une journée de prière et de pénitence dans leur diocèse. Ils peuvent ainsi récupérer leur crédibilité afin de gouverner leur diocèse. Et puis il y a des opportunistes qui se disent qu’ils sont déjà évêques et qu’ils n’ont rien à perdre et écoutent les promesses du gouvernement.

Le Saint-Siège devait-il rendre publique, le 4 juillet dernier*, l’excommunication du nouvel évêque de Leishan, ordonné 5 jours plus tôt ? 

La Congrégation pour l’évangélisation des peuples souhaite l’unité de l’Eglise et des évêques fermes dans la foi. Bien sûr, nous encourageons nos évêques en cette période historique car il n’y a jamais eu de moment aussi tendu. Le Saint-Siège a lancé une excommunication déclarée, forte, contre quelqu’un. Avec cette déclaration, nous sommes revenus à la situation des années 1950, mais l’Eglise a fait son devoir en déclarant l’excommunication.
 
Enfin, pourquoi, ces derniers jours, 4 évêques légitimes ont-ils été enlevés par la police ?
 
Il s’agit de les obliger à participer à la messe d’ordination du 14 juillet.

Propos recueillis, au Vatican, par Antoine-Marie Izoard. I.MEDIA 12 juillet 2011

* Le 4 juillet, le Saint-Siège avait publié un communiqué confirmant l’excommunication du père Lei Shiyin, ordonné le 29 juin, sans mandat pontifical, pour prendre la tête du diocèse de Leishan (Centre-Sud). 

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