Deux Marini, pour un seul rite romain

Le cérémoniaire émérite du bienheureux Jean Paul II, Mgr Guido Marini publie un livre "Io sono un Papa amabile". Le blog de Paolo Rodari parle de "show sacré" pour les liturgies papales, des innovations voulues par le Pape lui-même (c'est encore à voir à mon avis).

Ils sont sous la critique du courant "plutôt traditionnaliste", qui a vite crié aux scandales. On vient d'ailleurs à la Messe pour prier, pas pour critiquer.

La nomination de Monsignor Guido Marini par Benoît XVI, a marqué selon eux le retour à la Tradition. Certains parlent avec ironie de l'ancien testament pour Piero Marini et de nouveau testament pour Guido Marini.

Le cérémonaire actuel de Benoît XVI est canoniste de formation, en provenance de Gênes, proposé par Bertone, de l'école du Cardinal Siri. Un homme très humble, effacé, timide, entièrement dédié au service du sacré.

Ce qui est certain, nous courons le risque de faire une querelle d'école avec le danger de nous détourner de la liturgie: la Vie du Christ, la source de la vie intérieure.

Il est clair que les choix de Benoît XVI sont plus baroques, plus conformes à la Bavière catholique. Le retour du crucifix sur l'autel est une volonté de mettre le Christ au centre de la liturgie, comme annoncé dans son excellent livre: "L'Esprit de la liturgie". Notre Saint Père veut relancer un nouveau mouvement liturgique. Il est très fin connaisseur.

Bienheureux Jean Paul II: un homme irradiant

Mais qui a fréquenté Jean Paul II lors de la célébration de la Messe, ne peut pas accuser le bienheureux de n'avoir pas fait rayonner la présence réelle du Christ, le trésor des trésors. ll l'a fait avec le talent qu'il a reçu de Dieu, en iradiant, telle "une centrale nucléaire", le rayonnement du Christ ressuscité. Ce fut fulgurant.

Benoît XVI: l'homme du Logos

Benoît XVI est le Pape du Logos, avec moins de "pathos" que le bienheureux, avec un humble effacement manifeste, lui qui est comme tout concentré sur la présence du Christ, afin de Lui laisser toute la place. Benoît XVI manie le verbe à merveille, et désire laisser tout la place au Verbe fait chair et au silence de la Parole de Dieu. C'est son génie, que j'apprécie énormément et qui me charme. C'est extraordinaire, saisissant et m'émeut toujours. La qualité de la prière est touchante, la foi devient presque visible et palpable. Saint Paul dit d'ailleurs que la foi naît de l'écoute. Ecouter Benoît XVI, encore plus que "voir Pierre", est de cet ordre ou cette grâce surnaturelle. Ratzinger est un Prince, un Père de l'Eglise ou le Mozart de la théologie.

Personnellement, "je choisis tout", comme le dit la petite Thérèse de Lisieux.

Succession déjà évoquée ?

Paolo Rodari parle déjà de la succession de Benoît XVI ?! qu'il trouve fatigué (il a 84 ans et fêtera  60 ans de sacerdoce le 29 juin prochain). Je trouve pourtant qu'il est encore très fort, notamment après avoir accompli le marathon des fêtes de Pâques. Certes, il n'est plus tout jeune, cela est une évidence.

Le vaticaniste italien évoque le Cardinal Ravasi (la culture, italien) Ouellet (aux évêques, canadien) ou Sandri (italien) pour la succesion. Il reprend le vaticaniste, plutôt original, J.L Allen.

Une chose est certaine, on ne va pas se prendre pour l'Esprit Saint en tout cas! Les vaticanistes qui avait misé sur des autres candidats que Ratzinger en fin 2004 ont pu tous mettre leurs livres de côté. On lui donnait ensuite maximum deux ans lors de son élection. Il en est déjà à 6 dans un brillant pontificat. que les historiens mettront dans une juste perspective. Heureusement, Dieu commande encore dans son Eglise. Benoît XVI sait surtout qu'il a une mission à accomplir, car il n'a jamais voulu être Pape. Dieu l'a voulu.

Angelo Sodano versus J.L.Allen

Ce même vaticaniste américain évoque toutefois le problème actuel du Cardinal doyen des Cardinaux, le secrétaire d'Etat émérite, Mgr Angelo Sodano. Il aurait "des casseroles" dans la gestion des affaires des prêtres pédophiles.

Le cardinal doyen dirige le collège des Cardinaux en cas de vacance du Siège romain et préside les funérailles du Pape défunt. Selon J.L. Allen, cela "entacherait" médiatiquement la grande classe de Benoît XVI qui a lutté corps et âme pour purifier l'intérieure de l'institution de l'Eglise marquée par le péché et les scandales de ses membres. Ses propos lors du début de la Messe de Pâques de l'an dernier, qualifiant en mondio-vision de "racontards" les attaques contre l'Eglise (à moins qu'il ait voulu défendre la vérité contre les calomnies à l'encontre des frères Ratzingers (Georges et Joseph),  irréprochables et traînés honteusement dans la boue) ne furent pas appréciées par tous.

Un journal américain avait lancé la campagne contre Benoît XVI: ils ont pris soins de téléphoner  au Saint Siège en disant: "demain, nous commençons la campagne". On apprenait que quelques jours plus tard, un rabin de New York avait été jugé pour pédophilie durant la même période. Aucune ligne dans le célèbre quotidien.

Le Cardinal de Vienne Schönborn avait alors ensuite vivement réagit sur les propos qui atteignaient en plein coeur les victimes. Le Cardinal  doyen fut un grand défenseur du Père Marcial Maciel, le faux prophète des Légionnaires du Christ (qui reste globalement avec des saints prêtres) qui a trompé et abusé de bien des personnes. Sodano aurait semble-t-il, toujours selon Allen, bloqué une enquête sur les comportements du Cardinal Groër, ancien archevêque de Vienne.

En cas de nouveau conclave, le Cardinal diacre, qui annonce l'élection au balcon de Saint Pierre, est son Eminence Mgr Jean Louis Tauran, un français.

Ceci écrit, longue vie à vous très Saint Père!