Massimo Introvigne: précisions

Le sociologue italien Massimo Introvigne a publié en 2010 aux éditons San Paolo un excellent livre sur les  prêtres pédophiles ou "Preti Pedofili". Il sera donc traduit en français. aux éditions Saint Augustin  encore ce printemps. Excellente lecture à recommander.

Dans la jaquette du livre, je lis en italien: "De la triste réalité des prêtres pédophiles, Introvigne distinguent pourtant l'amplification de leurs nombres aux travers de statistiques bâclées....".

Aussi il est bien question, dans l'argumentation, de statistiques. Cet excellent sociologue a parlé justement de panique moral pour expliquer cette énorme amplification qui a jetée sur tous les prêtres une ombre terrible qui dure encore. Certains ont toutefois utilisé faussement ce juste argument pour relativiser les faits et accuser les médias.

Je me suis simplement permis de préciser, qu'à mon avis, il est mieux de parler, en tout premier lieu, de l'intégrité morale et du coeur de Benoît XVI dans sa rencontre avec les victimes. Ce sont elles qui ont la priorité absolue. L'argument statistique, même vrai, n'est à mon avis pas "convaincant" et approprié. Car un seul cas, un seul enfant blessé est de trop. Le Pape ne s'est jamais senti d'ailleurs sous attaques, car c'est lui qui a soulevé le lièvre. Lors d'un accident, le coeur va vers les victimes. C'est une réaction naturelle. On ne parle pas de statistiques ou d'attaques.

A mon avis, Massimo Introvigne, qui est sociologue, se porte peut-être justement plus sur les attaques et sur les statistiques, ce qui n'est pas à mon avis la priorité. Ce sont les victimes.

C'est vrai qu'une campagne a consisté à salir et à jeter de la boue sur la blancheur de Benoît XVI alors que c'est le dernier qui peut être critiqué. Ce fut de la calomnie grave, aussi médiatique, un cas de panique moral. Quelle souffrance pour lui, alors qu'il est une partie de la solution pour faire justement la vérité. Celui qui fait la vérité vient à la lumière a dit le Christ.

Sans rejeter nullement l'analyse de Massimo Introvigne, qui est justement sociologique, je partage par contre plus pleinement l'approche ou l'avis du Pape lorsqu'il écrit dans son livre "Lumière du Monde":

"Il était évident que l'action des médias ne fut pas guidée seulement par la pure recherche de la vérité, mais qu'il y eut aussi un certain contentement à mettre l'Eglise au pilori, si possible, pour la discréditer. Et cependant, il était nécessaire qu'une chose soit claire: tant qu'il s'agit de mettre en lumière la vérité, nous devons être reconnaissants. La vérité, unie à l'amour correctement entendu, est la valeur numéro une. Et puis, les médias n'auraient pas pu donner ces compte-rendus si dans l'Eglise elle-même le mal n'avait pas été présent. C’est seulement parce que le mal était dans l'Eglise, que les autres ont pu se retourner contre elle" (traduit de l'italien, je n’ai pas l’édition en français).

Aussi, je ne pense pas que la contre attaque envers les médias, ou l'usage des statistiques, soient une réponse appropriée. C'est avant toute chose la vérité, le pardon, l'humilité, la compassion, la pénitence qui vont nous permettre de sortir de cette perte énorme de crédibilité. L’Eglise est une force morale et elle fut touchée par  une forme de mensonge et de dissimulation. Les médias ont donc aidé l'Eglise à mettre la lumière. Aussi pensons d'abord aux victimes, comme le fait l'Eglise et tout coeur touché, et puis l'Eglise ira de l'avant tout naturellement, avec la grâce de Dieu, car elle est Sienne.

J'espère ici que le commentaire de mon confrère aura trouvé une juste réponse. Car la divergence se situe, ou se situait, entre mon cher confrère et nos commentaires, pas entre le Pape et Introvigne. Ce dernier a certes une approche sociologique, mais cela n'est pas une divergence, mais simplement un angle de vue différent sur une même réalité. Les deux regards convergent.

N.B. Panique moral

La panique morale est un concept anglo-saxon d'origine nord-américaine ("moral panic"), sans équivalent exact en français, qui désigne une réaction disproportionnée de certains groupes face à des pratiques culturelles ou personnelles, souvent minoritaires, jugées "déviantes" ou dangereuses pour la société. En français, les notions les plus proches de la "panique morale" sont ceux de croisade morale, de vindicte populaire, de lynchage médiatique ou de cirque médiatique.