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dimanche, 24 mai 2009

Benoît XVI au Yad Vashem

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"Que leur souffrance ne soit jamais niée, discréditée ou oubliée"

En relisant patiemment la méditation de Benoît XVI au Yad Vashem, surtout après les sévères critiques de certains journalistes israëliens, je peux dégager quelques lignes de fond.

Le pèlerinage du Pape était centré sur la paix, comme l'a souligné son petit billet, en latin, glissé dans le Mur des Lamentations: "Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, écoute le cris des affligés, des apeurés, envoie ta Paix sur cette Terre Sainte, au Moyen Orient et sur l'entière famille humaine". A 82 ans, il aurait pu rester à Rome; or, il a tenu à se jeter corps et âme dans les souffrances de tous les habitants de la terre foulée par le Christ. Aussi, l'attente de certains amis Juifs étaient déplacée et décalée. Ils attendaient des excuses personnelles pour l'Allemagne nazie et pour toutes les erreurs de l'Eglise durant l'histoire. Honnêtement, pourquoi Ratzinger devait-il demander pardon ? Qu'a-t-il fait ? Jean Paul II, en 2000 , avait déjà humblement demander pardon, par des actes nécessaires de repentance et de purification de la mémoire. Qui connaît toute l'oeuvre théologique de Ratzinger pour le rapprochement entre les Juifs et les chrétiens ? Le Pape Benoît XVI a d'ailleurs déjà annoncé sa prochaine visite à la synagogue de Rome.

"Néanmoins, quoique vous fassiez, il est impossible d’enlever son nom à un être humain"

images.jpgSon discours au mémoriale de l'Holocauste, centré sur la mémoire des noms, était très humain, rempli de citations de l'Ancien Testament et de fine connaissance de l'importance de la mémoire pour nos frères Juifs. Il était en parfait harmonie avec la racine même du Yad Vashem ( mémoriale des noms ). Aussi, pour ce Pape pourtant intellectuel, le négationisme ou le réductionisme ne sont pas seulement des idéologies perverses, mais une négation des souffrances de personnes massacrées par l'horreur et la haine, victimes et martyrs dans les camps, personnes dont le noms restent gravés dans le coeur de Dieu, dans le coeur des survivants et des familles et de nous tous.

Les reproches: il n'a pas dit "6 millions de Juifs". Or, dès l'aéroport, le Pape en a clairement parlé. Il a dit "tués" et pas "exécutés"... Et la référence aux enfants et leurs parents ? "qui aurait pu immaginer qu'ils auraient été condamnés à un destin aussi dramatique ?". On scrute ce Pape, cherchant les failles, pour le comparer à Jean Paul II. Or là, nous avons la mémoire très courte. Il fut souvent très critiqué: trop théatrale, trop émotionnel, one-man show, star ...

Jean Paul II avait une bien meilleure équipe de communication autour de lui. Chacun se souvient des petites anecdotes lors de ses rencontres avec les personnes. Pourquoi n'y en a t-il pas qui soient publiées et médiatisées avec ce Pape ? Je suis certains qu'elles ne manquent pourtant pas.

A la lecture du la presse italienne, une survivante de l'Holocauste, Gita Kalderon, qui n'avait sans doute jamais pensé raconter son expérience devant un Pape d'origine allemande, a parlé au Pape dans sa langue séraphade: "faites que le peuple juif soit aimé". Les deux furent émus. Aussi, lorsque le speaker a annoncé le geste de la flamme éternelle, Benoît XVI paru comme absent, tout absorbé et troublé par les témoignages des survivants.

Pour Andrea Riccardi, fondateur de la communauté de Sant' Egidio, le discours du Pape fut différent des discours de tant et tant de leaders qui parlent selon l'attente des gens mais que l'on oublie ensuite très vite. Qui était présent au Yad Vashem, comme lui, a senti la  profondeur, l'humanité et la grande émotion du Pape.

Si on attend encore un pardon déjà demandé, je comprends la déception. Le Jubilé de l'an 2000 nous a mis à genoux devant Dieu et les hommes avec nos fautes et nos péchés; or le pardon nous grandit pour toujours nous remettre debout. L'humiliation, au contraire de l'humilité, de la vérité et du pardon donné et reçu, fera toujours souffrir.

 

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