samedi, 09 décembre 2017
Mais pourquoi le vaticaniste Aldo Maria Valli voyage-t-il à bord de l'avion du Pape François ?
Mais pourquoi le vaticaniste Aldo Maria Valli voyage-t-il à bord de l'avion du Pape François?
Je connais un peu le vaticaniste de RAI UNO.
Son livre sur le Pape François m'avait déjà fortement surpris. Il sonne comme un retournement de veste.
Il était à bord de l'avion papal lors du dernier voyage du Pape François.
Ce spécialiste du Vatican critique ouvertement les réponses de François. Cela reste possible. Mais aucune ne semble constructive.
La question est dès lors légitime ? Pourquoi Aldo Maria Vali voyage-t-il ?
Etre à bord est un privilège très rare, qui mérite au moins, pour un "catholique", une certaine fidélité à la vérité.
Pardonnez mon audace, pleine de franchise: pourquoi ne pas rester à la maison ? et laisser votre place à quelqu'un d'autre ?
Les agnostiques et les athées font parfois beaucoup mieux.
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MAIS POURQUOI PIERRE VOYAGE-T-IL ?
5 décembre 2012
La traduction Mme Bohly Benoît et Moi
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Rentré depuis peu de Birmanie et du Bangladesh, je repense à certaines des réponses données par le pape dans l'avion, sur le vol de retour. Et malgré mes efforts, je ne parviens pas à écarter une certaine perplexité.
La première est sous la forme d'une question: mais pourquoi le pape est-il allé en Birmanie et au Bangladesh?
La question ne doit pas sembler étrange.
Depuis que les successeurs des successeurs de Pierre ont commencé à voyager, le but principal de leurs voyages a toujours été un seul: confirmer leurs frères dans la foi, et surtout les frères les plus éloignés et solitaires, ceux qui vivent dans des mondes et des contextes où l'appartenance à la sainte Église romaine fait de vous le représentant d'une petite minorité, qu'il n'est pas rare de voir persécutée.
Toutefois, certaines déclarations faites par François à bord de l'avion suggèrent que Bergoglio a voyagé cette fois-ci pour d'autres raisons.
En effet, pendant la conférence de presse, expliquant comment et pourquoi il a voulu rencontrer des réfugiés Rohingyas à Dhaka, le pape a dit à un moment donné: « Je savais que j’allais rencontrer les Rohingyas. Je ne savais pas où ni comment, mais cela était pour moi une condition du voyage, et on préparait la façon de le faire».
Ainsi, le pape affirme que la rencontre avec les Rohingyas n'était pas un élément «à côté», certes important mais ajouté à une visite destinée à confirmer dans la foi les frères des petites et courageuses Églises de Birmanie et du Bangladesh. Non, c'était la «condition» même du voyage, posée par le pape en personne.
La raison fondamentale du voyage du successeur de Pierre a-t-elle donc changé? De la confirmation de ses frères et sœurs dans la foi, est-on passé à la rencontre des réfugiés? Et si les autorités, pour une raison ou une autre, avaient interdit la rencontre avec les musulmans rohingyas, comment le pape se serait-il comporté? Puisqu'il avait placé cette rencontre comme condition du voyage, ne se serait-il plus rendu chez ses frères et sœurs dans la foi?
Justement au sujet du Rohingya, François a fait une déclaration qui ouvre sur un autre problème. Se référant vraisemblablement aux terroristes Rohingya (c'est-à-dire l'ARSA, Arakan Rohingya Salvation Army, une organisation responsable des attaques contre les commissariats de police birmans), il a soutenu que les Rohingya sont des «des gens de paix» et que «ceux qui se sont enrôlés dans Daech, bien qu’ils soient rohingyas, sont un petit groupe fondamentaliste extrémiste très restreint».
Qu'est-ce que cela veut dire? Un petit groupe terroriste est-il un peu moins terroriste? Le fait d'être petit est-il une circonstance atténuante? Devrions-nous penser qu'après tout, un groupe ethnique discriminé devrait être compris s'il a un petit groupe terroriste?
En ce qui concerne les liens entre Rohingya et terrorisme, François a ensuite déclaré: «Comme dans toutes les ethnies et toutes les religions, il y a toujours un groupe fondamentaliste. Nous aussi catholiques, nous en avons».
Comment peut-on dire que «Nous aussi catholiques, nous en avons». Dès lors que François parle des fondamentalistes et des terroristes islamiques, lorsqu'il dit «Nous aussi catholiques, nous en avons», entend-il par là que parmi les catholiques aussi, il y a des gens qui se promènent pour tuer et faire des attentats?
Un autre point. Répondant à la question d'un journaliste français qui lui demandait s'il était plus important pour lui d'évangéliser ou de dialoguer, François a répondu:
« Première distinction: évangéliser ne signifie pas faire du prosélytisme. L’Eglise grandit non par prosélytisme, mais par attraction, c’est-à-dire par témoignage. C’est ce qu’a dit le Pape Benoît XVI. Comment se fait l’évangélisation? C’est vivre l’Evangile, c’est témoigner comment on vit l’Evangile: témoigner des Béatitudes, témoigner Matthieu 25, témoigner le Bon Samaritain, témoigner le pardon soixante-dix sept fois sept fois.
Et dans ce témoignage, l’Esprit Saint travaille et il y a des conversions. Mais nous ne sommes pas très enthousiastes à l’idée de conversions rapides. Si elles viennent, elles attendent: on parle..., votre tradition..., on fait en sorte qu’une conversion soit la réponse à quelque chose que le Saint-Esprit a éveillé dans mon cœur face au témoignage du chrétien.
Pendant le déjeuner auquel j’ai participé avec les jeunes lors de la journée de la jeunesse à Cracovie — une quinzaine de jeunes du monde entier — l’un d’eux m’a posé cette question: "Que dois-je dire à un camarade d’université, à un ami, une brave personne, mais qui est athée? Qu’est-ce que je dois lui dire pour le changer, pour le convertir?".
La réponse a été la suivante: "La dernière chose que tu dois faire est dire quelque chose. Toi, vis l’Evangile, et s’il te demande pourquoi tu fais cela, tu peux lui expliquer pourquoi tu le fais. Et laisse le Saint-Esprit l’attirer". C’est la force et la douceur de l’Esprit Saint dans les conversions. Ce n’est pas une conviction effectuée par des apologies, en donnant des raisons... non. C’est l’Esprit qui effectue la conversion. Nous sommes des témoins de l’Esprit, des témoins de l’Evangile».
« L'Eglise ne fait pas de prosélytisme. Elle se développe plutôt par "attraction" Benoît XVI
L'évangélisation, soutient en somme François, ne se fait pas en paroles («La dernière chose que tu dois faire est dire quelque chose»), mais par l'exemple, et en laissant l'exemple être contagieux. A l'appui de sa thèse, le pape cite, comme aussi dans "Evangelii gaudium", un passage de l'homélie de Benoît XVI à Aparecida (13 mai 2007), à l'occasion de la cinquième conférence générale des épiscopats d'Amérique latine et des Caraïbes. Mais qu'a dit Ratzinger à cette occasion?
Voici le passage:
« L'Eglise ne fait pas de prosélytisme. Elle se développe plutôt par "attraction": comme le Christ "attire chacun à lui" par la force de son amour, qui a culminé dans le sacrifice de la Croix, de même, l'Eglise accomplit sa mission dans la mesure où, associée au Christ, elle accomplit chacune de ses œuvres en conformité spirituelle et concrète avec la charité de son Seigneur» (w2.vatican.va/content/benedict-xvi).
Comme on peut le voir, Benoît XVI dit que l'Église se développe par attraction, mais en disant cela, il n'entend pas soutenir que dans l'action missionnaire elle doit s'abstenir de proclamer la bonne nouvelle. Il dit que l'action est d'autant plus missionnaire que l'Église reste fidèle au Christ.
Enfin, à un autre moment de la conférence de presse, à propos de la rencontre avec les chefs militaires à Yangon, François dit: «Je ne ferme jamais la porte. Tu demandes à parler? Viens. En parlant, on ne perd jamais rien, on y gagne toujours».
François ne ferme jamais la porte? Il serait intéressant de savoir ce qu'en pensent les cardinaux des «dubia» (au moins les deux survivants). Devant eux, qui n'ont jamais été reçus, ni eu de message écrit, la porte du pape n'a-t-elle pas été fermée? Il serait intéressant de savoir ce que pensent aussi tous les autres qui ont respectueusement envoyé des lettres et des messages à Sainte Marthe pour exprimer des doutes ou de la perplexité, mais qui n'ont reçu ni réponse écrite ni un de ces appels téléphoniques dont François est prodigue dans d'autres cas.
Nous savons que sur sa porte, à Sainte Marthe, le pape a accroché une pancarte disant «Interdit de se plaindre». Doit-on en déduire que les observations critiques des frères dans la foi ne sont pour lui que des plaintes à éviter? Mais pourquoi, alors, demande-t-il toujours la parrhésie, c'est-à-dire la franchise dans l'expression, et met-il en garde contre les bavardages?
La meilleure façon d'éviter le bavardage et la vaine spéculation n'est-elle pas d'établir un dialogue franc et direct, à visage découvert, c'est-à-dire précisément ce dialogue dont Bergoglio parle souvent comme l'une des attitudes les plus importantes pour une Église «qui sort», amie du monde et non pas hostile?
Ou bien le dialogue serait-il bien quand il s'agit d'être une Église «qui sort», c'est-à-dire en dialogue avec le monde et les lointains, et ne vaudrait-il plus rien quand il est interne à l'Église elle-même et qu'il s'agit d'apporter des réponses aux proches perplexes?
22:51 | Lien permanent | Commentaires (1) | | |
Commentaires
Mais pourquoi le vaticaniste Aldo Maria Valli voyage-t-il à bord de l'avion du Pape François ?
- Sans doute parce qu'il est capable de réfléchir un peu plus loin qu'un pigiste faisant de la retranscription d'interview pré-mâché...
Écrit par : P.F | dimanche, 10 décembre 2017
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