dimanche, 26 mars 2017
Traduction du Missel en français: l'anglais et l'espagnol sont passées, le français est bloquée
Traduction du Missel en français: l'anglais et l'espagnol sont passées, le français est bloquée
Pour l’aire anglo-saxonne, en raison de l’implication des cardinaux Arinze et Pell, le travail de rectification des traductions avait heureusement abouti, grâce au comité Vox Clara, présidé par George Pell, qui avait été constitué au sein de la Congrégation pour faire contrepoids à la très libérale Commission ICEL (International Commission on English in the Liturgy), organisme de coordination entre les conférences épiscopales anglophones.
Mais depuis que la nouvelle traduction est mise en application, des critiques continuelles (la traduction anglaise serait rejetée par la moitié des fidèles et 71 % des prêtres à cause de son style « trop formel » et « pompeux ») visent à le remettre en cause. La nouvelle Commission entendra certainement ces plaintes (ndlr: personnellement, je suis très à l'aise avec cette traduction, bien plus théologique)
En Espagne, liturgiquement paisible et conciliairement alignée, la nouvelle édition du Missel romain a été révisée sous la surveillance de López Martin et est entrée en vigueur le premier dimanche de Carême.
Pour l’aire française, le projet de traduction de la Congrégation du cardinal Sarah, a été approuvé par environ les trois quarts des évêques français (alors que Liturgiam authenticam n’exige que les deux tiers des voix) lors de leur Assemblée plénière de mars 2016, et on laissait entendre que le nouveau Missel pourrait entrer en vigueur au Carême ou à l’Avent 2017.
Sauf que le vote était assorti d’une condition résolutoire qui a provoqué, jusqu’à présent, le blocage : les évêques français approuvaient, « laissant à la Commission épiscopale francophone pour les traductions liturgiques le soin d’apporter les dernières mises au point du texte ». Or les mises au point que voulait faire la Conférence étaient loin d’être mineures.
Elles concernaient notamment la traduction du Confiteor : le cardinal Sarah voulait « C’est ma faute, c’est ma faute, c’est ma très grande faute », au lieu de « Oui, j’ai vraiment péché » ; dans le « Credo », il demandait « consubstantiel », au lieu de : « de même nature » ; dans l’Orate fratres il tenait à traduire « Priez mes frères pour que mon sacrifice qui est aussi le vôtre soit agréable à Dieu le Père tout-puissant ℞ Que le Seigneur reçoive de vos mains ce sacrifice pour la louange et la gloire de son nom, pour notre bien et celui de toute sa sainte Église », au lieu de « Prions ensemble au moment d’offrir le sacrifice de toute l’Église ℞ Pour la gloire de Dieu et le salut du monde ». Les Français demandaient que l’ancienne traduction « large » puisse toujours être utilisée ad libitum. Ce que la Congrégation a, jusqu’à présent, refusé.
Au Canada, en Belgique et en Suisse, les évêques n’ont même pris la peine de voter, faisant savoir a priori leur opposition aux rectifications demandées par le cardinal Sarah.
Il est cependant un point que la nouvelle Commission pourrait faire rectifier opportunément, mais gageons qu’elle s’en gardera bien : les pays africains francophones disposent uniquement de l’édition du Missel réalisé par la France et dépendent totalement de l’approbation de la France. On ne leur demande pas même de voter, à l’exception des évêques d’Afrique du Nord, qui font partie de la Commission épiscopale francophone pour les traductions liturgiques, la CEFTL, avec les évêques de Belgique, du Canada, de France, de Suisse, les évêques de Luxembourg et de Monaco, mais dont sont exclus l’Afrique francophone et Haïti. ....
En l'état la traduction du Missel en français est bloquée. François a nommé une commission pour revoir le document de Saint Jean Paul II "liturgiam authenticam". Ce dernier a permis la traduction du Missel en espagnol et en anglais. Le Pape sait manoeuvrer et manager les hommes afin d'aboutir, en prenant parfois un autre chemin. François a nommé personnellement le Cardinal Sarah à la tête de ce dicastère en 2014.
18:39 | Lien permanent | Commentaires (1) | | |
Commentaires
Merci de cet article intéressant qui montre la complexité de la traduction.
Je trouve que la traduction proposée par le Cardinal Sarah tout à fait adéquate et lorsque l'on connaît d'autres langues comme l'italien ou l'espagnol, cela s'aligne totalement.
J'ai toujours trouvé que dans la langue française en simplifiant on avait perdu le sens exact!
Quel dommage que les pays africains ne participent pas!
Quant au changement dans la traduction, je trouve que c'est une chance. Cela nous aide à comprendre la signification profonde et nous permettre d'être plus conscient ce que nous disons sans le dire machinalement!
Écrit par : Myriam | lundi, 27 mars 2017
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