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mardi, 14 mars 2017

La diplomatie du Saint-Siège: il ne peut y avoir de solution militaire à la situation en Syrie.

La diplomatie du Saint-Siège: il ne peut y avoir de solution militaire à la situation en Syrie.

Unknown.jpeg« Il ne peut y avoir de solution militaire à la situation en Syrie. Nous ne devons pas succomber à la logique de la violence, car la violence n’engendre que la violence », déclare le Saint-Siège au Conseil des droits de l’homme. Il dénonce l' »inacceptable »: le prix que paient les enfants dans la guerre.

Mgr Ivan Jurkovic, observateur permanent du Saint-Siège à l’Organisation des Nations Unies et aux autres organisations internationales à Genève, est en effet intervenu lors de la 34ème Session du Conseil des droits de l’homme, à Genève (SUISSE), le 14 mars 2017. Son intervention portait précisément sur l' »Article 4″: « Dialogue interactif avec la Commission d’enquête sur la République arabe syrienne ».

Mgr Jurkovic s’est appuyé sur les chiffres pour dénoncer les « égoïsmes » et les « complicités »: « L’ambition du pouvoir politique et des intérêts égoïstes, combinés avec la complicité de ceux qui suscitent la violence et la haine en fournissant des quantités considérables de ressources et d’armes, ont abouti à un exode de Syrie de 5 millions de personnes depuis 2011, laissant derrière elles 13,5 millions de personnes dans le besoin, environ la moitié d’entre elles étant des enfants. »

Il a lancé à nouveau un appel à la seule voie préconisée par le Saint-Siège pour sortir du conflit, à savoir le dialogue: « Confronté à ces chiffres, le dialogue à tous les niveaux est le seul chemin vers l’avant. Tandis que ma délégation se félicite des petits pas adoptés récemment à cet égard, nous souhaitons souligner qu’il ne peut y avoir de solution militaire à la situation en Syrie. Nous ne devons pas succomber à la logique de la violence, car la violence n’engendre que la violence. »

Il a appelé à la paix, une paix inclusive des minorités: » Il est de la plus grande importance que les minorités religieuses et ethniques ne deviennent pas les pions des compromis géopolitiques, mais qu’elles soient pleinement impliquées dans un processus de négociation transparent et inclusif, avec des droits égaux et d’égales responsabilités, car c’est la seule façon de construire un avenir pacifique. »

« Il est inacceptable que ce soit les enfants qui paient souvent le prix le plus élevé pendant ces conflits. »

Il a rappelé "l'inacceptable »: « Il est inacceptable que ce soit les enfants qui paient souvent le prix le plus élevé pendant ces conflits. »

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Voici notre traduction intégrale, de l’anglais, de l’intervention du représentant du Saint-Siège qui réaffirme sa « solidarité avec le peuple syrien ».

AB

Intervention de Mgr Jurkovic

Monsieur le Président,

Le Rapport de la Commission d’enquête sur la République arabe syrienne, ainsi que d’autres sources, décrivent trop bien la situation désastreuse qui continue de s’étendre après plus de six années de violence : des centaines de milliers de victimes et de blessés, la vie familiale perturbée, les infrastructures, les maisons, les écoles, les hôpitaux et les lieux de culte détruits, des villes entières ravagées, la malnutrition et les soins médicaux inadéquats. Telle est la sombre réalité à laquelle le peuple syrien est confronté chaque jour.

Le Saint-Siège souhaite réitérer sa solidarité avec le peuple syrien et en particulier avec les victimes de la violence, et il encourage la communauté internationale à embrasser la perspective des victimes. Six années de massacre insensé exposent une fois encore l’illusion et la futilité de la guerre comme moyen de régler les différends. L’ambition du pouvoir politique et des intérêts égoïstes, combinés avec la complicité de ceux qui suscitent la violence et la haine en fournissant des quantités considérables de ressources et d’armes, ont abouti à un exode de Syrie de 5 millions de personnes depuis 2011, laissant derrière elles 13,5 millions de personnes dans le besoin, environ la moitié d’entre elles étant des enfants.

Confronté à ces chiffres, le dialogue à tous les niveaux est le seul chemin vers l’avant. Tandis que ma délégation se félicite des petits pas adoptés récemment à cet égard, nous souhaitons souligner qu’il ne peut y avoir de solution militaire à la situation en Syrie. Nous ne devons pas succomber à la logique de la violence, car la violence n’engendre que la violence.

Monsieur le Président,

Il est inacceptable que ce soit les enfants qui paient souvent le prix ultime pendant ces conflits : « Certains d’entre eux ne connaissent pas d’autre vie que la guerre. D’autres sont nés sous les bombardements. Ils souffrent d’une immense pression psychologique. Rarement un sourire apparaît sur leurs visages. La souffrance se lit dans leurs yeux effrayés. Ils se réveillent dans le bruit des explosions, des bombes et des roquettes » (1).

Le pape François a exprimé à maintes reprises sa proximité avec le peuple syrien, spécialement « les jeunes affectés par le conflit brutal en Syrie, privés des joies de l’enfance et de la jeunesse, comme la capacité à jouer et à aller à l’école » (2).

Monsieur le Président,

Ma délégation souhaite lancer un appel pour que la paix, le pardon et la réconciliation puissent triompher sur la violence et le ressentiment. Six ans de conflit continuel manifestent l’échec de la communauté internationale dans son ensemble. La situation en Syrie est de notre commune responsabilité en tant que famille des nations. Les droits du peuple syrien, indépendamment de leur identité religieuse ou ethnique, doivent être protégés alors que tous les Syriens partagent de justes aspirations à la justice et à la paix, éléments fondamentaux du développement humain intégral. À cet égard, il est de la plus grande importance que les minorités religieuses et ethniques ne deviennent pas les pions des compromis géopolitiques, mais qu’elles soient pleinement impliquées dans un processus de négociation transparent et inclusif, avec des droits égaux et d’égales responsabilités, car c’est la seule façon de construire un avenir pacifique.

En conclusion, ma délégation souhaite souligner que la dignité inhérente à toute personne humaine doit avoir toute la prééminence sur le pouvoir et la revanche. La souffrance injuste des victimes innocentes de ce massacre insensé doit motiver toutes les parties impliquées à s’engager dans un dialogue sérieux et à œuvrer en faveur d’un avenir de paix et de justice.

Merci, Monsieur le Président.

(1) Lettre envoyée par la paroisse latine Saint François d’Alep au pape François, 28 décembre 2016.

(2) Pape François, Discours au Corps diplomatique, 9 janvier 2017.

© Traduction de Zenit, Constance Roques

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