jeudi, 09 février 2017
I.Media: la sagesse du Pape délivrée aux religieux
- Quelle est la source de ma tranquillité? Non je ne prends pas de tranquillisants! Les Italiens délivrent un très bon conseil: pour vivre en paix, il faut un sain ‘je-m’en-foutisme’.
- Pédophilie: soyons clairs: c’est une maladie. Si nous ne sommes pas convaincus que c’est une maladie, le problème ne pourra pas bien être résolu.
- Quand on me dit qu’il y a une congrégation qui attire beaucoup de vocations, je l’avoue, cela me préoccupe.
- Il y a de la corruption au Vatican. Mais je suis en paix. S’il y a un problème, j’écris un billet à saint Joseph et je le mets sous la statue que j’ai dans ma chambre.
Radio Vatican - Article complet Zenit
"L'Evangile doit être pris sans calmant", affirme le pape aux religieux
L’Osservatore Romano a publié le 9 février 2017 un dialogue à bâtons rompus du pape François avec des religieux, datant du 25 novembre dernier et retranscrit par la revue Civiltà Cattolica à l’occasion de son 4000e numéro. Le Souverain pontife s’y exprime notamment sur la vie religieuse, l’appelant à une certaine radicalité dans la perspective du prochain synode sur les jeunes et les vocations.
Extraits.
Personnellement j’ai beaucoup à cœur le thème du discernement. (…) Actuellement un des plus grands problèmes que nous avons concerne la formation sacerdotale. Dans cette formation nous sommes habitués aux formules, aux blancs ou aux noirs, mais pas aux gris de la vie. (…) Nous devons croître dans le discernement. La logique du blanc ou noir peut porter à l’abstraction casuistique. En revanche le discernement consiste à avancer en avant dans le gris de la vie selon la volonté de Dieu. Et la volonté de Dieu se recherche selon la vraie doctrine de l’Evangile et non dans le fixisme d’une doctrine abstraite.
“Quand on me dit qu’il y a une congrégation qui attire beaucoup de vocations, je l’avoue, cela me préoccupe.”
Baisse des vocations
Il est vrai qu’il y a une diminution des forces vives de la vie religieuse en Occident. C’est certainement lié au problème démographique. Mais il est vrai aussi que parfois la pastorale vocationnelle ne répond pas aux attentes des jeunes. Le prochain Synode nous donnera une idée. La diminution de la vie religieuse en Occident me préoccupe.
Jeunes communautés religieuses
Une autre chose me préoccupe: l’apparition de plusieurs instituts religieux qui soulèvent quelques préoccupations. Je ne dis pas qu’il ne faut pas créer de nouveaux instituts! Absolument pas. Mais dans certaines maisons, je m’interroge sur ce qu’il s’y passe. Certaines d’entre elles semblent proposer de grandes nouveautés et exprimer une grande force apostolique, elles croissent puis… s’effondrent. Parfois l’on découvre même que s’y déroulaient des scandales.
“Il n’y a pas besoin de devenir cardinal pour se croire prince!”
Je vois qu’il existe des petites fondations vraiment bonnes et sérieuses (…) parfois elles sont accompagnées par des groupes d’évêques qui garantissent leur croissance. Mais d’autres naissent non pas du charisme de l’Esprit Saint mais d’un charisme humain, d’une personne charismatique (…) qui fascine.
Quand on me dit qu’il y a une congrégation qui attire beaucoup de vocations, je l’avoue, cela me préoccupe. L’Esprit ne fonctionne pas avec la logique humaine du succès. On me dit qu’elle est constituée de nombreux jeunes prêts à tout, qui prient beaucoup et qui sont très fidèles. Alors je me dis: très bien, nous verrons si le Seigneur y est!
Piété mariale
Ce n’est pas moi qui ait choisi les thèmes mariaux pour les prochaines trois Journées mondiales [de la jeunesse]! C’est de l’Amérique latine qu’est venue cette demande d’une forte présence mariale. C’est vrai que l’Amérique latine est très mariale, et cela me semble une très bonne chose. Mais si c’est la vraie Madone! Pas la Madone chef d’un bureau postal qui chaque jour envoie une lettre en disant: ‘Mes fils, faites-ceci et puis le jour suivant faites autre chose’. La vraie Madone est celle qui engendre Jésus dans notre cœur, qui est une mère. Cette mode de la Madone superstar, comme une protagoniste qui se met elle-même au centre, n’est pas catholique.
Radicalité
Etre radical dans le caractère prophétique. Cela m’importe tant. (…) L’Evangile doit être pris sans calmant. Ainsi ont fait nos fondateurs. Nous devons trouver la radicalité de la prophétie chez nos fondateurs. Ils nous rappellent que nous sommes appelés à sortir de notre zone de confort et de sécurité, de tout ce qui est mondanité: dans notre mode de vie, mais aussi dans le fait de trouver des voies nouvelles pour nos instituts.
Cilice
Même l’ascèse peut être mondaine. Alors qu’elle doit être prophétique. Quand je suis entré au noviciat des jésuites, on m’a donné un cilice. D’accord pour le cilice aussi, mais attention: il ne doit pas m’aider à prouver que je suis courageux et fort. La vraie ascèse doit me rendre plus libre.
“Ce sont les pauvres qui unissent les chrétiens divisés!”
Je crois que le jeûne est une chose qui conserve son actualité: mais comment faire le jeûne? Simplement en ne mangeant pas? Sainte Thérèse [de l’Enfant-Jésus] avait aussi une autre façon de faire: elle ne disait jamais ce qui ne lui plaisait pas. Elle ne se lamentait jamais et prenait tout ce qu’on lui donnait. C’est une ascèse quotidienne, petite, qui est une mortification constante.
Vie religieuse
Le climat mondain et princier entre dans l’Eglise, et les religieux peuvent contribuer à détruire ce climat néfaste. Il n’y a pas besoin de devenir cardinal pour se croire prince! Assez d’être cléricaux. Cela est ce qu’il y a de pire dans l’organisation de l’Eglise. Les religieux peuvent contribuer par le témoignage de la fraternité plus humble. Les religieux peuvent donner le témoignage d’un iceberg inversé, où la pointe, à savoir le sommet, la tête, est renversée, est en bas.
Abus sexuels
Il paraît que sur quatre personnes qui abusent de quelqu’un, deux ont elles-mêmes été abusées. L’abus se dissémine dans l’avenir: c’est dévastateur. Si des prêtres ou des religieux sont impliqués, il est clair que la présence du diable entre en action pour ruiner l’œuvre de Jésus à travers celui qui devait annoncer Jésus.
Soyons clairs: c’est une maladie. Si nous ne sommes pas convaincus que c’est une maladie, le problème ne pourra pas bien être résolu. Donc, attention à ne pas recevoir en formation des candidats à la vie religieuse sans s’assurer de leur maturité affective adéquate. Par exemple: ne jamais recevoir dans la vie religieuse ou dans un diocèse, des candidats qui ont été rejetés par un autre séminaire sans demander des informations claires et détaillées sur les motifs de ce rejet.
Tranquillité
Quelle est la source de ma tranquillité? Non je ne prends pas de tranquillisants! Les Italiens délivrent un très bon conseil: pour vivre en paix, il faut un sain ‘je-m’en-foutisme’. Je n’ai pas de problème à dire que ce que je vis est une expérience complètement nouvelle. A Buenos-Aires, j’étais plus anxieux, je l’admets. (…) J’ai eu une expérience très particulière de paix profonde à partir du moment où j’ai été élu. (…) Je ne peux pas l’expliquer.
Lors des Congrégations générales, on entendait parler des problèmes du Vatican, des réformes. Tous les réclamaient. Il y a de la corruption au Vatican. Mais je suis en paix. S’il y a un problème, j’écris un billet à saint Joseph et je le mets sous la statue que j’ai dans ma chambre. Il est représenté en train de dormir. Maintenant, il dort sur un matelas de billets!
Pauvreté
C’est précisément dans le service de la charité qu’il est possible de trouver un terrain adéquat pour le dialogue œcuménique: ce sont les pauvres qui unissent les chrétiens divisés!
(cath.ch/imedia/pp)
20:17 | Lien permanent | Commentaires (0) | | |
Les commentaires sont fermés.