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mercredi, 25 janvier 2017

El Pais: Le Pape François et Donald Trump: wait and see

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Le Pape François et Donald Trump: wait and see

 

 le journal espagnol El Pais a interviewé le Pape François

 

En temps de crise, le grave danger consiste à penser ainsi:

"Cherchons un sauveur qui nous redonne notre identité et défendons-nous avec des murs, des barbelés, n'importe quoi, des autres peuples qui peuvent nous priver de notre identité"

 

"Oui, chaque pays a le droit de contrôler ses frontières"

 

El Pais: Sainteté, sur les problèmes du monde que vous venez de mentionner, Donald Trump vient de devenir le président des États-Unis et le monde entier est dans une grande tension à cause de cela. Qu'en pensez-vous?

François: Je pense que nous devons attendre et voir. Je n'aime pas anticiper les évènements, ni juger les gens prématurément. Nous allons voir comment il agit, ce qu'il fait, et je vais avoir une opinion. Mais avoir peur ou se réjouir à l'avance pour quelque chose qui pourrait se produire est, à mon avis, tout à fait imprudent. Ce serait comme des prophètes prédisant des calamités ou des aubaines qui ne se produiront pas. Nous verrons. Nous allons voir ce qu'il fait et juger. Toujours sur les faits concrets. Le christianisme, ou bien il est spécifique ou bien ce n'est pas le christianisme.

Il est intéressant de noter que la première hérésie dans l'Église a eu lieu juste après la mort de Jésus-Christ. L'hérésie gnostique, condamnée par l'apôtre Jean. Qui était ce que j'appelle une religiosité spray, une religiosité du non concret. Oui, moi, la spiritualité, la loi ... mais rien de concret. Non, pas moyen.

Nous avons besoin de faits concrets. Et à partir du concret, nous pouvons tirer les conséquences. Nous perdons de vue le sens du concret. L'autre jour, un penseur me disait que ce monde est tellement à l'envers qu'il a besoin d'un point fixe. Et ces points fixes proviennent du concret. Qu'avez-vous fait, qu'avez-vous décidé, comment avancez-vous. Voilà ce que je préfère: attendre et voir.

El Pais: A la fois en Europe et en Amérique, les répercussions de la crise qui ne finit jamais, les inégalités croissantes, l'absence d'un leadership fort, cèdent la place à des groupes politiques qui reflètent le malaise des citoyens. Certains d'entre eux - les "anti-système" ou populistes - capitalisent sur les peurs face à un avenir incertain pour former un message rempli de xénophobie et de haine envers l'étranger.

Le cas de Trump est le plus remarquable, mais il y en a d'autres, comme l'Autriche ou la Suisse. Êtes-vous inquiet à propos de ce phénomène?

François: C'est ce qu'ils appellent le populisme. Ce qui est un terme équivoque, parce qu'en Amérique latine, le populisme a un autre sens. En Amérique latine, cela signifie que le peuple - par exemple les mouvements populaires - sont les protagonistes. Ils sont auto-organisés, c'est autre chose. Lorsque j'ai commencé à entendre parler de populisme en Europe, je ne savais pas quoi en faire, j'étais perdu, jusqu'à ce que je comprenne qu'il avait des significations différentes.

Les crises provoquent la peur, l'alarme. À mon avis, l'exemple le plus évident du populisme européen est l'Allemagne en 1933. Après Hindenburg, après la crise de 1930, l'Allemagne est en morceaux, elle cherche à se relever, à trouver son identité, un leader, quelqu'un capable de restaurer son caractère, et il y a un jeune nommé Adolf Hitler qui dit: «Je peux, je peux». Et tous les Allemands votent pour Hitler.

Hitler n'a pas volé le pouvoir, son peuple a voté pour lui, puis il a détruit son peuple. C'est le risque. En temps de crise, nous manquons de jugement, et c'est une référence constante pour moi. Cherchons un sauveur qui nous redonne notre identité et défendons-nous avec des murs, des barbelés, n'importe quoi, des autres peuples qui peuvent nous priver de notre identité. Et c'est une chose très grave. Voilà pourquoi j'essaie toujours de dire: parlez entre vous, parlez les uns aux autres.

Mais le cas de l'Allemagne en 1933 est typique, un peuple qui a été plongé dans une crise, qui cherchait son identité jusqu'à ce leader charismatique vienne et promette de leur redonner leur identité, et il leur a donné une identité déformée et nous savons tous ce que arrivé. Lorsqu'il n'y a pas de conversation ...

Les frontières peuvent-elles être contrôlées?

Oui, chaque pays a le droit de contrôler ses frontières, qui vient et qui va, et les pays à risque (de terrorisme ou ce genre de choses) ont encore plus le droit de les contrôler, mais aucun pays n'a le droit de priver ses citoyens de la possibilité de parler avec leurs voisins.

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