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dimanche, 15 janvier 2017

Extrait de "Eglise et immigration, le grand malaise" de Laurent Dandrieu, aux Editions Plon.

Unknown-1.jpeg"si le Pape François ignore la menace, c’est qu’il s’inscrit dans la lignée de la vision angélique de l’islam qui est celle de l’Église depuis des décennies, et plus précisément depuis la déclaration concilaire Nostra Ætate du 28 octobre 1965, vision dont le tort consiste à transposer sur la lecture de l’islam le regard que les chrétiens portent sur le christianisme".

Note: C'est le coeur du grand malaise, sans doute la racine du désaccord. Le Concile Vatican II fut inspiré prophétiquement par l'Esprit Saint. Ce dernier a positionné l'Eglise catholique dans des conditions sociales et temporelles différentes par rapport au passé. L'Eglise n'a plus été en position défensive, ou réactive; bien au contraire, elle a anticipé, d'une manière pro-active, les changements du monde. Elle se situe sur un autre plan que l'Etat, bien qu'au service des mêmes personnes. 

Extrait de "Eglise et immigration, le grand malaise" de Laurent Dandrieu, aux Editions Plon.

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Lien: interview

Le 8 juillet 2013, en visite à Lampedusa où il a fustigé « la mondialisation de l’indifférence », François déclare : « Je désire me tourner en pensée vers les chers immigrés musulmans qui commencent, ce soir, le jeûne du Ramadan, avec le voeu d’abondants fruits spirituels. L’Église vous est proche dans la recherche d’une vie plus digne pour vous et vos familles.»

Le 24 novembre suivant, dans l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium, on put lire ces phrases : « Nous chrétiens, nous devrions accueillir avec affection et respect les immigrés de l’Islam qui arrivent dans nos pays [...] Face aux épisodes de fondamentalisme violent qui nous inquiètent, l’affection envers les vrais croyants de l’Islam doit nous porter à éviter d’odieuses généralisations, parce que le véritable Islam et une adéquate interprétation du Coran s’opposent à toute violence » (n° 253).

Comment expliquer l’incroyable sous-estimation par le pape François du danger d’islamisation de l’Europe que porte l’actuelle vague de migrations ? Ce n’est certes pas que le pape oublie l’appartenance à la religion musulmane de nombre des nouveaux arrivants ; mais, s’il en ignore la menace, c’est qu’il s’inscrit dans la lignée de la vision angélique de l’islam qui est celle de l’Église depuis des décennies, et plus précisément depuis la déclaration concilaire Nostra Ætate du 28 octobre 1965, vision dont le tort consiste à transposer sur la lecture de l’islam le regard que les chrétiens portent sur le christianisme.

Trompés par leur propre discours sur « les religions » qui, au-delà de leurs différences superficielles, auraient en commun une même recherche de vérité et de spiritualité, les catholiques en sont venus à tragiquement minorer les différences de nature entre christianisme et islam ; au lieu d’y voir deux visions du monde, de la société et de Dieu antagonistes, ils ont voulu y voir deux voies différentes de chercher la même vérité, parfois presque deux sensibilités d’une même foi. Ce faisant, ils ont gravement sous-estimé l’incompatilité de l’islam avec les sociétés occidentales, et avec la façon chrétienne de concevoir la vie en commun.

Obsédée par l’idée d’apaiser les relations avec les autres grandes religions mondiales, l’Église catholique a décliné dans le dialogue interreligieux l’« idée généreuse et fausse [qui traîne] dans les cerveaux européens : gommons les identités, oublions-les, et, toutes raisons de combat abolies, la paix s’établira par voie de conséquence. [...] Oublions la différence entre l’Islam et la Chrétienté, et les guerres de civilisation n’auront pas lieu, personne n’ayant à défendre une appartenance au prix de son sang ».

L’Église a ainsi voulu fermer les yeux sur des siècles d’histoire, qui nous ont appris que musulmans et chrétiens n’ont pu cohabiter paisiblement que dans les pays où les communautés étaient d’importance équivalente, et toujours de façon parallèle, sans jamais réussir à former une société homogène ; mais que partout où, numériquement, l’islam avait le dessus, cette cohabitation a toujours emprunté pour les chrétiens la forme de la dhimmitude, cette soumission que les musulmans réservent, en terre d’oumma, aux minorités religieuses, dont les membres ne peuvent être que des citoyens de seconde zone. « A ujourd’hui, pour l’islam conquérant, écrit Jacques Ellul, tous ceux qui ne se reconnaissent pas musulmans n’ont pas de droits humains reconnus en tant que tels. Ils retrouveraient dans une société islamique la même condition de dhimmi2. »

Les seuls droits dont les dhimmis disposent en terre d’islam ne sont pas, comme dans la conception occidentale, des droits qui leur sont dus en raison de leur appartenance à la communauté humaine, mais des droits qui leur sont octroyés, concédés, par une sorte de fait du prince. Pour Ellul, la condition qui a toujours été celle des dhimmis en terre d’islam – avec des nuances suivant les lieux et les époques, mais aussi des constantes fondamentales –, "n’est pas du tout le résultat d’un hasard historique, c’est ce qui doit être, du point de vue religieux et du point de vue de la conception musulmane du monde".

Extrait de "Eglise et immigration, le grand malaise" de Laurent Dandrieu, aux Editions Plon.

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