mardi, 22 novembre 2016
Quatre cardinaux doutent d'Amoris Laetitia, un évêque grec répond franchement: scandale publique
La lettre ouverte, publiée sur Settimananews.it, d'un prélat aux auteurs des "dubia" à propos d'Amoris Laetitia: "le péché grave de scandale, diffusé publiquement au peuple chrétien dans le monde entier"
FRAGKISKOS PAPAMANOLIS*
Très chers frères dans l'épiscopat,
ma foi en notre Dieu enseigne qu'il ne peut pas ne pas vous aimer. Avec la sincérité qui jaillit de mon coeur, je vous appelle "très chers frères".
Le document que vous avez adressé à la Congrégation pour la doctrine de la foi est aussi arrivé en Grêce. Il a été publié lundi dernier sur le site de l'Espresso.
Avant de publier ce document, et même d'avantage, avant de le rédiger, vous auriez dû présenter au Saint-Père François la demande de vous retirer des membres du Collège cardinalice. En outre, afin de donner du prestige à ce que vous avez accompli, vous ne deviez pas faire usage du titre de "cardinal", et ceci par cohérence avec votre conscience; et écrire alors à titre privé, ceci afin d'alléger le scandale que vous avez engendré.
Vous écrivez que vous "êtes profondément préoccuper par le bien authentique des âmes" et, indirectement, vous accusez le Saint-Père François "de faire progresser une certaine forme de politique dans l'Eglise". Vous demandez que personne "ne vous juge injustement". Celui qui dirait le contraire de ce que vous écrivez explicitement, vous jugerait alors injustement.
Les paroles que vous utilisez ont leur signification. Le fait que vous vous revêtiez du titre de cardinal ne change pas le sens des paroles gravement offensantes envers l'évêque de Rome.
Si vous êtes "profondément préoccupés par le vrai bien des âmes" et mues "par une préoccupation passionnée pour le bien des fidèles", moi, chers frères, je suis "profondément préoccupé par le vrai bien de vos âmes", pour votre double et grave péché :
- le péché d'hérésie (et d'apostasie ? ainsi, en fait, commence les schismes dans l'Eglise). De votre document il apparaît clairement qu'en pratique, vous ne croyez pas à la suprême autorité du magistère du Pape, renforcée par deux Synodes des évêques provenant du monde entier. Nous voyons que le Saint-Esprit inspire seulement vous, mais pas le vicaire du Christ, pas plus des évêques réunis en Synode;
- le péché de scandale est encore plus grand, répercuté publiquement au peuple chrétien dans le monde. A ce propos, Jésus a dit: "Malheur à l'homme par qui vient le scandale" (Mt 18,7). "Il vaudrait mieux pour lui que lui soit attaché au coup une meule que tourne les ânes et qu'il soit jeté dans les abimes de la mer" (Mt18,6)
Poussé par la Charité du Christ, je prie pour vous. Je demande au Seigneur de vous illuminer pour accepter avec simplicité l'enseignement magistériel du Saint-Père François.
Je crains fort que vos catégories mentales trouvent des arguments sophistiqués pour justifier votre manière de faire, de ne même pas la considérer comme un péché à soumettre au sacrement de la pénitence, et que vous continuerez à célébrer tous les jours la sainte messe, en recevant de façon sacrilège le sacrement de l'Eucharistie; vous jouez même aux scandalisés, si, dans des cas spécifiques, un divorcé remarié reçoit l'Eucharistie, alors que vous osez accuser le Saint-Père d'hérésie. ...
.... Chers frères, que le Seigneur vous illumine pour reconnaître, le plus tôt possible, votre péché, pour réparer le scandale que vous avez propagé.
Avec la charité du Christ, je vous salue fraternellement.
* o.f.m.cap, évêque émérite de Syros, Santorini et Crète, président de la conférence épiscopale de la Grèce.
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Commentaires
Le ton fielleux utilisé par cet évêque ne donne malheureusement que peu de crédibilité au message qu'il souhaite faire passer...
Je n'aime pas la méthode utilisée par ces cardinaux, mais peut-on se contenter d'une encyclique si floue qu'il en existe de multiples interprétations opposées ? Peut-on se contenter d'un texte qui utilise des notes de bas de pages imprécises sur des points importants ?
C'est pourquoi, sans approuver la méthode de ces cardinaux, j'approuve la demande de clarification.
Écrit par : Henry | mardi, 22 novembre 2016
Que ne comprenez vous pas dans ce chapitre VIII ?
Il y va certes un peu fort, mais il s'adresse à des Cardinaux qui ont fait serment d'aider le Pape dans sa mission. A qui on a beaucoup donné on exigera d'avantage. Le curé d'Ars disait que le jugement d'un curé serait plus sévère que pour une âme. Car il y a l'engagement de servir les autres.
Les deux reproches qu'il fait sont assez bien ciblés: un scandale publique car ces prélats devaient aller voir en privé le Pape.
Et ils se scandalisent qu'une personne divorcée remariée puissent avoir recours au sacrement de la Miséricorde et à la communion, s'il est capable de lever le petit pied pour aller progressivement vers le Christ, alors qu'ils commettent un péché bien plus grave. Aveugle dirait Jésus ..
Pour les imprécisions, j'ai lu et relu l'exhortation, puis l'interview du Cardinal Schönborn par le Père Spadaro. Je retrouve l'enseignement reçu en morale avec le Père Pinckaers, la morale du bonheur, celle de Saint Thomas, celle qui s'oriente vers Dieu. Il y a à la fois Saint Thomas d'Aquin et Saint Ignace réuni dans un même document.
Puis, je vous parle de mon expérience de confesseur, si la conscience est ouverte, ou si le pénitent a la moindre volonté, ou même le désir de changer, de se convertir, la porte est ouverte pour la Miséricorde. La grâce fera bien plus que nos théories et que tous les débats théologiques du monde. Je peux vous l'assurer. Si une personne vient au confessionnal, mais elle est déjà là !, et que je constate et discerne une fermeture complète, alors un moment de prière et une bénédiction seront tout indiquées. L'Eglise ne doit pas puer l'étroitesse et la fermeture d'une pièce non aérée, mais l'écoute et l'accueil bienveillant feront bien plus de bien que la rigidité morale. Le Pape invite à la confession: c'est génial ! Un sacrement tellement oublié ...
Si les expressions du Magistère peuvent être discutées, je n'y vois pas de problèmes. Si c'est pour mieux saisir, mieux comprendre, mieux progresser, et corriger au besoin une manière de dire, c'est très bien. Mais si c'est pour poser des questions comme les docteurs de la Loi avec Jésus, qui lui tournaient autour comme des guêpes pour le prendre en défaut, alors c'est de l'hypocrisie. Ne voyons-nous pas cela dans l'Evangile ?
Je lis en ce moment le Cardinal Schöborn, et je suis enthousiaste, car je retrouve Saint Thomas, la morale des vertus, du bonheur, de la finalité de nos actes: la vie éternelle. Je retrouve aussi Veritatis Splendor qui refusait à la fois une morale de la loi ( une loi objective qui s'impose par la force à la conscience ) et une autonomie de la conscience. Le Pape Saint Jean-Paul II usait du terme: théonomie participée, soit une loi divine inscrite dans le coeur humain, une loi divine qui nous fait participer par la conscience à la Loi Nouvelle. L'Esprit Saint donné et répandu dans le coeur. Nous avons une inclination vers le mal, le fomes peccati, qui nous incite à lutter pour accomplir le bien. Mais nous avons surtout une inclination pour les vertus. J'y retrouve mes maîtres en théologie morale: le Père Pinckaers, Saint Thomas d'Aquin, enrichi par Saint Ignace de Loyola et le discernement avec François. Certes notre Pape n'est pas théologien, mais c'est un tout grand spirituel; il a un génie spirituel qui s'appuie sur l'Ecriture et un bagage de vrai Jésuite, nourrit pas l'expérience de la vie. Il parle tout simplement, comme Jésus en fait, qui a dû aussi s'affronter aux soi-disant cultivés de l'époque, qu'il a traité d'hypocrites ! sépulcre blanchie ...
L'Ecriture Sainte, écrit le Concile Vatican II, doit être comme l'âme de toute la théologie. Nous y voilà. Aussi au-lieu d'opposer, cherchons à intégrer. Clarification: certes, comme avec l'Evangile d'ailleurs, je ne le comprends pas toujours immédiatement, mais avec le temps, je vois tels ou tels aspects qui m'avaient échappé. Tout n'est pas clair dans la foi, mais vais-je dire qu'elle est fausse ? Non c'est la nature de la foi que d'être une aube... ainsi j'avance, je ne fais pas du surplace ... Bien à vous
Écrit par : Don Dom | mardi, 22 novembre 2016
Je suis ravie de lire la lettre de l'évêque émérite de Syros, Santorini et Crète. Je suis ravie de vous lire Don Dom. Vous avez eu l'inspiration de l'Esprit dans votre réponse. Je souligne et je vous cite : " L'Ecriture Sainte, écrit le Concile Vatican II, doit être comme l'âme de toute la théologie."
Toujours revenir à l'Evangile avant de parler, toujours revenir à Jésus avant de parler. Notre cher Pape François l'a bien compris et le pratique sans cesse.
Écrit par : Maria José | mardi, 22 novembre 2016
Bon il y va fort ... mais parfois, comme dit François, le Seigneur donne des petits coups pour se réveiller !
Oui, l'âme de la théologie. Les paroles de Jésus sont tout de même l'essence même de la théologie me semble-t-il. Et le Pape parle simplement, en paraboles, en images, avec des exemples. Les grands intellectuels sont fait pour les Universités. Le format médiatique est autre.
Écrit par : Don Dom | mardi, 22 novembre 2016
Votre description de la démarche des cardinaux est totalement à côté de la plaque, et franchement votre aveuglement me sidère. Les questions des dubia ne sont pas des pièges pour faire tomber, mais des demandes de clarification tout à fait légitime, devant la confusion générée par AL. La démarche était privée. Elle ne l'est pas restée car le pape a traité par le mépris ces questions et que le sujet est extrêmement grave. Ces questions ne sont pas des pièges, pour toute personne qui professe la foi est catholique. Mais elles sont certes désagréables pour toute personne qui voudrait enseigner autre chose. C'est là où le bât blesse! On voudrait qu'AL puisse être interprété en-dehors de ce qui est authentiquement catholique. On voudrait faire évoluer la foi catholique. Or celle-ci ne peut pas changer. On peut approfondir au cours des siècles les vérités contenues dans la Révélation, mais on ne peut pas en changer le contenu, et prétendre en le faisant opérer un "développement". Certains devraient relire Newman..
Vous prétendez que cette encyclique est thomiste, mais c'est risible. Certes elle se voudrait telle, mais elle trahit Saint Thomas par des emplois abusifs. J'aimerais que Mgr Morerod, qui n'est pas un courtisan de la trempe de Schönborn (quelle déception, celui là) aie le courage de dire tout haut ce qu'il pense du "thomisme" d'AL...
Écrit par : B.S. | mercredi, 23 novembre 2016
Un commentaire plus directement au sujet de cette intervention
"We have on one hand Lublin Auxiliary Bishop Józef Wróbel’s statement that it would be “just” for the Pope to answer the dubia of the Four Cardinals, and on the other, the head of the Greek Latin Church, Franciscan Fragiskos Papamanolis accusing the same Cardinals of creating “scandal” and being in “great sin.”
The retired bishop, though head of the Episcopal Conference in Greece, misses key points in his letter. He assumes that the Cardinals have accused Pope Francis of “heresy.” They have not. He clearly believes that no person, even a Cardinal has the right or duty to hold accountable, any Pontiff, from teaching error, if that be the case. He continues that their “intellectual capacities” will prohibit them from seeing these realities. He even goes so far as to accuse them of sacrilege - that of offering Holy Mass in a state of sin because of their challenge of the Pope's sanction of actual Eucharistic sacrilege through adultery. Oh, the irony. Oh, the temerity.
The pushback to discredit the Four has begun. There are rumours that there were six, but two did not want their names made public, at least not at this time.
This division in the Church has been created by Francis. He has acted against the will of the Synod. Neither Synod had a two-thirds majority to make the changes to Holy Communion for unrepentant adulterers that he has undertaken. While he has the legal right to chart his course contrary to the Synod, it flies in the face of “synodality” which he preaches and the Conciliar “collegiality” to which those who worship at the altar of Vatican II, demand.
Amoris Laetitia is very simple and so is the issue.
In this exhortation, the path is opened for people who are living in adultery, and who refuse to change the circumstance of their lives, to receive Holy Communion. The Pope himself has confirmed that this is the case by his approval of this position taken by the Bishops of Buenos Aires and the Vicar of Rome – something which could not have happened without his direct approval.
It is not the Four Cardinals who have caused scandal, it is Francis."
http://voxcantor.blogspot.ch/2016/11/a-greek-latin-bishop-accuses-four.html
Écrit par : B.S. | mercredi, 23 novembre 2016
Mon évêque n'est pas un moraliste mais un théologien plutôt dogmatique et un philosophe. Il est toujours fort éclairant effectivement.
Dites-moi en quoi AL n'intègre pas Saint Thomas d'Aquin ? Où ? Quels passages ?
Écrit par : Don Dom | mercredi, 23 novembre 2016
Mgr Morerod est notre évêque et il est dominicain. Deux raisons qui rendent son avis sur le sujet digne d'intérêt, qu'il soit moraliste ou non.
Pour répondre à votre question je vous renvoie à une analyse détaillée et plus nuancée que mon jugement trop péremptoire. Elle m'évitera de perdre trop de temps et possède le mérite de ne pas provenir d'un sans grade de la toile.
https://exlaodicea.wordpress.com/2016/04/10/free-thomas-aquinas/
Écrit par : B.S. | mercredi, 23 novembre 2016
Je ne peux pas m'exprimer à la place de mon évêque. Vous pouvez le lui demander puisque c'est le votre. Pourriez-vous condenser les erreurs de référence à Saint Thomas ? Vous connaissez le sujet ... merci
Écrit par : Don Dom | mercredi, 23 novembre 2016
Je lui ai est écrit plusieurs fois sur AL mais force est de constater qu'il préfère rester discret sur AL.
Pour le reste lisez l'article. Ce n'est pas long et éclairant.
Écrit par : B.S. | mercredi, 23 novembre 2016
Faites un résumé svp
Écrit par : Don Dom | mercredi, 23 novembre 2016
Désolé. Je ne suis pas votre assistant et n'ayant aucun espoir de vous ouvrir les yeux, je ne suis pas motivé à faire des efforts. Vous êtes libre: prenez la peine de lire ce qu'on vous recommande ou passez votre chemin.
Par ailleurs, je note que vous ignorez totalement le premier paragraphe de mon intervention, qui en constituait l'essentiel.
Écrit par : B.S. | mercredi, 23 novembre 2016
Je dois passer mon chemin sur mon propre petit blog ? Ah bon... c'est un peu curieux non ? C'est un peu le monde à l'envers, ne trouvez-vous pas ?Je crois que vous mettez vos commentaires sur ce moyen non ? Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement. Je vous donne tous les éléments qui viennent de l'exhortation, des homélies du Pape, de ses interventions, ses interviews si nombreuses ! les propos du Cardinal Schönborn, et vous trouvez que cela n'est pas clair ? Je ne peux pas faire mieux que l'Esprit-Saint et que le Pape tout de même, avec les évêques en communion avec lui. Je vous concède que l'évêque de Grèce n'y va pas avec le dos de la cuillère, mais c'est au moins franc, direct et compréhensible.
Faites votre propre blog, vous avez l'entière liberté de mettre ce que bon vous semble. Je suis pour la liberté. Ceci dit, je ne suis pas certain que vous compreniez ce que vous écrivez. Je préfère donner des éléments positifs qui montre la continuité d'AL avec les textes précédents du Magistère, notamment Veritatis Splendor, le Concile Vatican II, et les propos du Cardinal Ratzinger ... Je ne suis pas chargé de vous convaincre. Je ne vous force pas, simplement ma mission consiste à éclairer les personnes qui vivent dans le monde de la communication qui nous imprégne. J'ai reçu cela, je le transmets à qui veut prendre le temps de lire et de comprendre avec simplicité et bonne volonté. Vos commentaires jettent un trouble réthorique chez ceux qui les lisent. Avec moi cela ne marche pas, car j'ai suffisamment de réponses pour approfondir les points. Ce n'est pas être assistant que d'être clair dans les points que vous contestez.
Autre chose serait un débat universitaire et ce n'est pas mon but. Je n'ai pas le temps de me lancer dans ce travail car je suis en pastorale, qui a la priorité. Que les intellectuels fassent ce travail, car leur vocation consiste à prendre du temps pour ceux qui ne l'ont pas. A mon avis c'est ce que fait le Cardinal Schönborn. Un intellectuel qui prend du temps pour contester les enseignements de l'Eglise perd son temps justement ... Il n'accomplit pas sa mission.
Comme je vous l'ai dit, lorsque j'ai terminé mes études en communication, et lorsque j'ai été ordonné prêtre, j'ai promis publiquement d'annoncer la foi catholique. Ce serment m'engage et je ne retire ni mes mains, ni ma face devant les critiques internes. Votre anonymat est bien plus facile ! Je le fais en conscience et en réfléchissant. Je suis loyal et obéissant ( ob audire, écouter vers ).
Alors, je nous vous invite nullement à passer votre chemin ... Mais soyez clair et limpide dans vos questions, cela facilitera notre travail. Bien à vous
Écrit par : Don Dom | mercredi, 23 novembre 2016
Quant à votre article en anglais, il utilise des arguments qui ne sont pas vraiment recevables. Facile de renvoyer la balle dans le camp du Pape. Le Pape, qui après 3 ans de consultations, de réflexions, de discussions longues et difficiles, nous sort un beau document, très attractif, positif, encourageant, vous ne l'approuvez pas ? c'est pourtant le Magistère qui parle, mais si toutes les formules sont à mettre dans notre contexte actuelle et demande une explication. Ceci dit, elles sont positives: l'obsession n'éduque pas, l'amour est une croissance, il n'y a pas de nouvelle norme valable pour toutes les situations (donc "l'ancienne" demeure: avant de communier, examinons notre conscience pour nous avancer vers Jésus en état de grâce").
Alors que les 4 Cardinaux parlent pour nous éclairer; or malheureusement pas, ils sèment la confusion; voilà pourquoi le Pape ne répond pas. Il a tout donner cartes sur table. Allez cherchez ce qui nous rend plus intelligents. Ceci est la mission des évêques à qui le Pape a envoyé un message personnel avant la publication d'AL.
(c'est normal dans la vie de l'Eglise, avant le premier Concile de Jérusalem, "il y avait des discussions assez graves" disent les Ecritures - nous sommes arrivés à une décision liée à l'histoire- s'abstenir de viandes offertes aux idoles - il y a donc des circonstances historiques qui ont changées depuis lors, donc la Parole de Dieu est incarnée et elle se trouve dans un contexte qui sous-tend une vérité qui demeure, ceci pour dire qu'il y a un développement homogène dans l'Eglise catholique).
Je ne suis même pas certains que vous acquiescerez à ce qui est proposé, car pour vous c'est clair: le Pape n'est pas clair, il induit en erreur, il contredit La Tradition. ... Ce sont des réponses préparées, toutes faites, qui résonnent comme un disque rayé ... en boucle.
Peut-être comme disait Saint Jean-Paul II, ce que la Parole n'a pas converti, le sang le fera. Il y a tellement de martyrs dans le monde, que c'est sans doute vers eux que nous devrions nous tourner. Eux sont de couleur rouge sang, ils ont signé la vérité avec leur sang, leur vie. N'est-ce pas cela que nous attendons des Cardinaux ?
Écrit par : Don Dom | mercredi, 23 novembre 2016
Lorsque j'ai mis en doute le caractère "thomisto-correct" d'AL vous avez eu raison de m'éprouver en me demandant des précisions. Et je vous ai dirigé vers un article qui traite en détail du sujet.
Par la suite, vous m'avez mal compris. "Passez votre chemin", c'était pour dire "laissez tomber", ou en anglais: move on". Car vous avez insisté plus que de raison sur ce point. Ce n'est pas moi et ma capacité personnelle à produire un travail argumenté et précis sur AL et St Thomas qui comptent, mais le fait que ce travail existe, qu'il est disponible et qu'il suffit de le lire si on s'intéresse vraiment au sujet. Pour ma part, avec mes modestes moyens, je n'en ai ni le temps ni le besoin ni la motivation, comme déjà expliqué.
Vous êtes certainement de bonne volonté, un fils de l'Eglise qui veut servir l'Eglise avec loyauté, et j'apprécie chez vous une certaine ouverture au dialogue, qui me permet d'intervenir sans être censuré. Tous n'ont pas cette élégance. Entre catholiques, on devrait toujours pouvoir échanger nos points de vue, même fort divergents, dans le respect mutuel et avec franchise. Je vous concède que votre démarche est plus méritoire que la mienne, qui reste dans l'anonymat et qui me contente de réagir par des commentaires. Pour le reste nous différons fortement sur l'appréciation de l'actuel pontificat, et aussi - accessoirement - sur le rôle du "médiatique" dans la mission de l'Eglise, mais c'est une autre histoire. En fin de compte, il reste que nous pouvons prier les uns pour les autres et faire confiance au Seigneur, qui fait concourir toutes choses pour le bien de ceux qui aiment Dieu.
Écrit par : B.S. | mercredi, 23 novembre 2016
Voilà un commentaire positif qui montre notre bonne volonté. Je vous en suis reconnaissant. Merci, oui et priez pour moi, enfin prions ensemble.
Pour revenir à Saint Thomas d'Aquin, je me souviens des cours du Père Pinckaers, avec son insistance sur le renouveau de la morale, non plus une morale de l'obligation, de la loi, mais de la Loi Nouvelle, soit l'Esprit-Saint répandu dans nos coeurs. Saint Thomas commence par poser: nos actes ont une finalité: la vie éternelle. Nous venons de Dieu et nous allons vers Dieu. Ce sont les fondements. Le Père Pinckaers développait ensuite l'inclination aux vertus, la morale de vertus, puis les passions, les dons du Saint Esprit ... Aussi, c'est attractif, positif, et ce schéma se retrouve dans Amoris Laetitia. C'est la loi de la gradualité. Le Père Pinckaers se répétait, un peu comme Saint Jean: aimez-vous les uns les autres. Ce fut un maître: la morale du bonheur... c'est son héritage. Il me revient en mémoire.
Je retrouve aussi Veritatis Splendor, avec la théonomie participée, le rôle de la conscience chez Newman par le Cardinal Ratzinger.
A quoi s'ajoute le discernement propre de Saint Ignace. Je pense donc que cette exhortation apostolique doit être lue et relue avec patience, on doit la mastiquer, la ruminer, la prendre et la reprendre. 200 pages ... c'est une somme pastorale ... Le ton est bon ... et ces mots m'aident à renouveler les préparations aux mariages, la rencontre avec les fiancés, la rencontre avec les personnes ...
Voilà en quelques mots ce que j'y ai trouvé ... Il faut du temps, c'est une croissance, comme dit Saint Thomas, nous sommes "viator" ...
Écrit par : Don Dom | mercredi, 23 novembre 2016
Bonjour,
Je ne sais pas s'il y a des usages précis pour réglementer la communication entre les cardinaux et le pape. Peut-être ces cardinaux ne les ont-ils pas respectés mais, en l'absence de toute information sur ces usages (et en me souvenant que le pape a dit a plusieurs reprises qu'on avait la possibilité de l'interpeler) donc sur un éventuel manque de respect, je regarde le fond de la démarche.
Les cardinaux rejettent-t-ils l'ensemble du texte? Il me semble que non, notamment l'intention fondamentale, à savoir le fait que l'Eglise doit faire des efforts dans son enseignement et ses pratiques pour une meilleure compréhension et une vie meilleure des réalités dont traite le texte, étant donné l'ignorance et la confusion à laquelle on est parvenu... il me semble donc que les cardinaux ne rejettent pas l'intention fondamentale du pape mais que, justement parce qu'ils la partagent, ils attirent son attention sur quelques points du texte qui ne vont pas dans le sens de son intention fondamentale de clarification.
Et on a d'autant plus besoin de clarification que, non seulement la confusion s'est établie depuis longtemps, si bien que des gens pas très catholiques racontent partout que le pape est de leur avis (voyez l'opportunisme minable de M. Juppé sur l'avortement) mais, surtout, parce qu'il faut bien, un jour ou l'autre, passer aux mesures concrètes et que, pour que les mesures concrètes soient adéquates, il vaut mieux que le texte initial soit bien compris.
Or, dans l'Eglise comme dans le monde actuel, le "passage au concret" pose toujours des problèmes. On est très fort pour faire des textes mais pour leur application, on sombre souvent, soit dans le ridicule, soit dans le n'importe quoi, soit dans la non-application. Je pourrais vous en donner des exemples dans un domaine non-ecclésial avec la célèbre réforme des collèges, en France. Mais l'Eglise n'échappe pas à cela, il n'y a qu'à voir les niaiseries qui se colportent ici ou là, dans telle et telle réunion paroissiale à propos de l'écologie, de la part de fidèles ou de membres du clergé qui n'ont visiblement jamais arrosé un jardin, ou a propos de la priorité à accorder aux démunis, quand le même type de clercs et de fidèles cherchent sur internet ce qu'il faut faire et collectionnent les initiatives prises de l'autre côté de la terre sans jamais parler à un démuni, allant même jusqu'à dire qu'il n'y en a pas par chez nous! Essayez de porter la contradiction à ces personnes auto-proclamées expertes en pensées pontificales, essayez de leur faire remarquer qu'elles font passer le pape pour une grosse truffe en disant par exemple "qu'il n'est pas théologien" alors que, si l'on en croyait leurs propos, le pape ne saurait même pas le ba-ba du catéchisme, essayez et vous obtiendrez une réaction qui ressemble à celle de l'évêque grec...!
La réaction de l'évêque grec est, selon moi, typique de ces personnes qui s'érigent en experts des pensées pontificales et qui, tout en ayant perpétuellement à la bouche des paroles sur l'ouverture, l'écoute et tout un tralala de belles paroles attribuées au pape François, ne les mettent jamais en pratique et tirent à vue dès qu'on pose une question au sujet de ce qu'a vraiment dit ou fait le pape.
Dans ces conditions, je me demande sincèrement qui prend le pape au sérieux: les cardinaux ou bien les soi-disant experts de sa pensée?
Écrit par : C.J | mercredi, 23 novembre 2016
Je ne partage pas totalement la réaction, forte, de l'évêque de la Grèce. Certes, elle est forte, mais a au moins le mérite de renvoyer la balle aux 4 Cardinaux. Jésus était aussi assez ferme avec les pharisiens: hypocrites !
Je viens de traduire un petit passage de la catéchèse (le français n'a pas repris, curieux !) sur les doutes ... C'est éclairant... étudier, grandir, aimer Dieu et les autres... C'est le catéchisme, c'est la foi qui n'est pas une théorie abstraite.
Pour vous dire la vérité: ces théories compliquées, en dehors de la foi, me cassent la tête, et pas que la mienne. A tous. Les hérésies sont toujours arrivées par un excès de rationalisation, c'est l'enseignement de l'histoire de l'Eglise. Dans le climat français, on arrête pas de lier la foi à la politique. On en fait une idéologie. Non, la foi est distincte de la politique d'un moment. La foi n'est pas la servante de la politique. Jésus n'a jamais fait de politique.
Le Pape parle simplement, comme Jésus, et les petits comprennent, comme Ratzinger qui a voué sa vie à la défense de la foi des petits et des simples.
Le péché le plus gros des intellectuels, c'est l'orgueil. Traîter l'autre de stupide, penser qu'il est bête ... Dans l'ordre de la foi, j'en apprends parfois bien plus avec les personnes avec un handicap, qu'avec les théories fumeuses de soit disant professeurs d'Université. Je ne vise personne, c'est juste une tendance.
Écrit par : Don Dom | mercredi, 23 novembre 2016
Bonjour,
Veuillez m'excuser mais je ne comprends pas en quoi ces cardinaux sont automatiquement à classer au nombre des hypocrites. Je ne vois pas non plus en quoi parler simplement - je ne pense même pas directement au pape en disant cela - serait une garantie de clarté ou un critère pour ressembler à Jésus, c'est justement ce que font les hypocrites quand ils veulent singer Jésus ou embobiner les chrétiens.
Par ailleurs, les précisions que les cardinaux demandent relèvent-elles de considérations intellectuello-fumeuses, ou bien de réflexions en lien avec des attitudes concrètes? Je pense que, dans la mission qui est la leur, avec les capacités intellectuelles qui sont les leurs et le coeur qui est le leur, ces cardinaux font justement ce que Maria José dit dans son commentaire qui suit celui que j'ai écrit précédemment et que vous avez publié.
Je ne vois pas en quoi ces cardinaux sont à mettre au niveau des excités impolis qui déblatèrent contre le pape, et de semblables excités, dont on ne parle pas assez, qui disent soutenir le pape et qui, dans ma région, se recrutent plutôt dans des professions libérales, donc plutôt intello, et le milieu de la bourgeoisie. Finalement, au lieu de soutenir le pape, ces soi-disant soutiens le ridiculisent en répétant en boucle des propos qu'ils estiment simples sur une écologie qui, par exemple, ne sait pas que l'eau descend et en apostrophant les voisins qui prennent des précautions contre l'eau qu'on prenait déjà il y a mille ans, ou qui font les experts en exclus qui n'existeraient que sur internet, tandis que parler simplement à une voisine trop seule, trop grosse, voire même à un jeune veuf, ne leur semble d'aucune utilité. Et ils ne ridiculisent pas le pape aux yeux d'intellos ou de gens importants, mais aux yeux des fidèles de leurs paroisses qui appartiennent à des catégories socio-professionnelles plus modestes.
Écrit par : C.J | mercredi, 23 novembre 2016
Je trouve vos débats passionnants. Moi, qui ignore totalement la théologie, qui ne suis pas du tout intellectuelle, suis contente de voir enfin B.S. écrire q nous pouvons prier les uns pour les autres et faire confiance au Seigneur! Enfin le cœur qui parle! Il est essentielle de ne pas séparer l'intellect du cœur, faute de quoi tout devient monstrueux.
Merci à vous tous, car vous m'avez donné envie de lire ces textes auxquels vous faites référence.
Cependant, ils ne prendront jamais la place de l'essentiel: l'Amour de Dieu, de soi et du prochain. C'est tellement simple, tellement clair, tellement difficile...
Écrit par : María José | mercredi, 23 novembre 2016
Vous dite exactement ce que vient de dire le Pape dans sa catéchèse à Rome. Oui B.S. contrairement à certains, qui laissaient des commentaires violents et incompréhensibles, je les ai laissés, car je ne vois pas de malveillance dans ces propos. Je ne rejette pas les critiques qui font grandir.
Écrit par : Don Dom | mercredi, 23 novembre 2016
Car hypocrites est le mot utilisé par Jésus envers les pharisiens qui lui posent des questions, alors qu'ils ont déjà la réponse. Si le Cardinal Burke pose la question au Pape, alors qu'il a déjà en tête une opposition publique, c'est bien parce qu'il a déjà la réponse. Esprit faux dit Jésus. Je suis désolé de le constater, je l'aime bien ce Cardinal, mais là, franchement, il sort de son mandat.
Les propos du Cardinal Schönborn vous éclairerons. Le Pape est très loin d'être stupide ou peu intelligent. Son exhortation apostolique est une somme pastorale. Lisons-la.
Ces 4 Cardinaux sont aussi intelligents. Dommage qu'ils ne la mettent pas au service du peuple pour donner à comprendre ce que le Pape développe dans cette œuvre qui fera date.
Il suffit pour eux de lire, d'étudier, de chercher, d'approfondir. Ils ont le temps, trois sont à la retraite.
bonne lecture
Écrit par : Don Dom | mercredi, 23 novembre 2016
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