vendredi, 07 octobre 2016
Mission impossible ? pour le diocèse Lausanne, Genève et Fribourg
Trop de structures
Quelque 400 prêtres, diacres et laïcs du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg se sont réunis à Palexpo (GE) du 4 au 6 octobre. Sur le thème « Mission impossible ? »
En guise de retour sur la session, Mgr Morerod, évêque diocésain, répète que si le Christ est au centre, et non la structure, il faut alors se poser la question : si certaines structures disparaissent, s’en rendra-t-on compte ?
À titre d’exemple, il évoque la récente suppression de huit commissions de la Conférence des évêques suisses et interroge l’auditoire si celui-ci a remarqué le changement. Les rires fusent et personne n’est au courant.
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Communiqué
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Quand « Mission impossible » réunit tout un diocèse
Quelque 400 prêtres, diacres et laïcs du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg se sont réunis à Palexpo (GE) du 4 au 6 octobre. Sur le thème « Mission impossible ? », ils ont décortiqué leur mission à la lumière l’exhortation apostolique du pape François : La Joie de l’Evangile. Ponctué par de nombreux témoignages, le grand rassemblement diocésain s’est clos sur un appel à des réflexions locales.
Il est difficile aujourd’hui d’afficher sa foi sans paraître ridicule. Pourquoi ? Les gens croient nous connaître mais que savent-ils réellement de nous, catholiques ? Comment leur parler ? Comment aller « en périphérie », comme nous y invite le pape? Tant de questions ont animé les halls de Palexpo où s’est tenue la session diocésaine triennale.
« Saintes insatisfactions »
Autocritiques et remises en question ont été au centre des discussions de la session diocésaine 2016. L’Eglise rassemble dans la foi en Jésus Christ une somme de personnes qui ne se sont pas choisies, dont les affinités différentes peuvent engendrer des tensions. Pourtant l’Eglise est vivante si elle est capable de vivre dans ces tensions, si elle est capable de viser une « unité multiforme », selon le pape François.
Les insatisfactions pastorales peuvent alors devenir salutaires. Et c’est ce qu’ont relevé plusieurs prêtres et laïcs qui, au fil de la session, ont témoigné tant des beaux moments de leur quotidien que des plus difficiles. Dans son intervention, un « curé de campagne » a avoué avoir connu, quelques années auparavant, une grande lassitude face à une vie pastorale peu vivante, à des charges administratives trop lourdes, à une forte incompréhension entre le message de l’Eglise et l’attente des fidèles. C’est ce qu’il a exprimé dans une lettre adressée à l’évêque d’alors. Lettre qu’il n’a jamais envoyée et dans laquelle il disait souffrir d’« être l’acteur d’une mauvaise pièce de théâtre ». Et de poursuivre : « Que dirait un non-catholique s’il venait à la messe et qu’il y voyait un homme en robe blanche parler seul devant deux trois personnes âgées assises au dernier rang et quelques chanteurs cachés sur une tribune ? Aujourd’hui, il faut qu’on crée des lieux de réel rassemblement ! »
Se décentrer
Si l’on place la communauté paroissiale au centre, on se trompe. L’Eglise ne doit pas penser être autoréférentielle, martèle-t-on au fil de la session. C’est le Christ, qui est au centre, et qui lui-même décentre. Aussi les catholiques doivent-ils rejoindre les gens où ils sont, en tendant vers le haut. Le théologien français Xavier Simon, conférencier, évoque un décentrement significatif : c’est son beau-père, athée, qui l’a conforté dans sa foi.
Se décentrer, c’est permettre également une conversion pastorale de chacune et chacun, des équipes de travail et des communautés paroissiales.
Preuve encore du décentrement : c’est sur les airs de SOS, de la chanteuse française Indila, loin des airs grégoriens, que les agents pastoraux ont disserté durant les ateliers.
Approche œcuménique
Elisabeth Parmentier, théologienne luthérienne, a souligné la similitude des difficultés que rencontrent réformés et catholiques lorsqu’il s’agit de témoigner et vivre sa foi. Pour faciliter la mission de l’Eglise, la professeure de théologie pratique de l’Université de Genève évoque le besoin de cohérence : le chrétien doit être cohérent dans ce qu’il fait, afin de trouver une résonnance chez l’autre. D’autre part, l’importance du langage est pour elle primordiale : le langage de l’Eglise peut faire peur ; il convient donc de trouver des analogies qui parlent au non-initié. Enfin, la visibilité de l’Eglise ne doit pas résider dans le spectaculaire, mais dans sa qualité.
Mission impossible… le retour ?
En guise de retour sur la session, Mgr Morerod, évêque diocésain, répète que si le Christ est au centre, et non la structure, il faut alors se poser la question : si certaines structures disparaissent, s’en rendra-t-on compte ? À titre d’exemple, il évoque la récente suppression de huit commissions de la Conférence des évêques suisses et interroge l’auditoire si celui-ci a remarqué le changement. Les rires fusent et personne n’est au courant. L’évêque met en avant un obstacle qui s’érige continuellement dans la vie pastorale : l’habitude. L’argument : « Ici, on a toujours fait comme ça » est le meilleur moyen de faire mourir une communauté. Il en appelle donc aux « idées folles », qui sont utiles pour le dynamisme, soulignant que le concept fou qu’est Swatch fut régénérant pour l’industrie horlogère en Suisse.
Aussi l’évêque invite les cantons du diocèse à un processus synodal – actuellement en phase initiale dans la partie francophone du canton de Fribourg. Il faudrait que l’on se questionne sur les structures utiles et celles qu’on peut laisser tomber.
Dans les questions de structures encore, l’évêque diocésain émet un message final concernant le sondage lié au découpage du diocèse. Il est sorti de la consultation des agents pastoraux que personne n’est tellement convaincu du « oui » ou du « non ». Sans compter les craintes d’enfermer les agents pastoraux dans un petit territoire dont ils ne peuvent plus bouger. Aussi, aux yeux de l’évêque, mieux vaut ne pas entreprendre cette démarche de découpage diocésain, vu le scepticisme des acteurs sondés (à savoir les agents qui devraient porter le changement). Décision d’autant plus motivée qu’à la fin de la session diocésaine, l’évêque a pu juger les nombreux aspects positifs de la diversité du diocèse, réelle richesse.
La dernière session diocésaine, en octobre 2010, s’était déroulée à Fribourg autour du thème du dimanche. Elle est organisée par la planification pastorale.
Fribourg, le 7 octobre 2016
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