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jeudi, 22 septembre 2016

Marche pour la Vie à Berne: le discours de Jean-Pierre Graber

« C’est toi qui as formé mes reins, qui m’as tissé dans le sein de ma mère. Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse. Tes œuvres sont admirables, et mon âme le reconnaît bien. Mon corps n’était point caché devant toi, lorsque j’ai été fait dans un lieu secret, tissé dans les profondeurs de la terre.

Quand je n’étais qu’une masse informe, tes yeux me voyaient ; et sur ton livre étaient tous inscrits les jours qui m’étaient destinés, avant qu’aucun d’eux existe. »

« Les graves atteintes à la sacralité de la vie humaine »

Discours de Jean-Pierre Graber
7ème marche pour la Vie
À Berne le 17 septembre 2016

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Chères participantes et chers participants à la 7ème marche pour la vie,

Je vous remercie toutes et tous d’être présents à Berne et de vous engager publiquement pour la sacralité de la vie.

Le 5 juin dernier, le peuple suisse a accepté de réviser la loi sur la procréation médicalement assistée dans un sens qui permet le diagnostic préimplantatoire.

14368886_1423451354336942_6805103290205215697_n.jpgCette acceptation du DPI fait suite à une série de décisions populaires qui, depuis une quarantaine d’années, ont avalisé des avancées sociétales en rupture toujours plus évidente avec les normes judéo-chrétiennes de protection de la vie. Ont notamment été admis l’avortement et l’expérimentation sur les cellules souches. Cela concerne le début de la vie. Pour ce qui est de la fin de la vie, des pressions toujours plus intenses visent à ancrer dans la loi l’assistance au suicide, voire même l’euthanasie active dans certains cas.

Dans le domaine sociétal, le démantèlement des barrières éthiques et plus particulièrement celui des normes de la protection de la vie humaine de sa conception à sa mort naturelle est presque toujours obtenu par la méthode gradualiste. Les partisans d’une application sans limite du génie génétique et d’une euthanasie active à la demande ou pratiquée sur des personnes sans discernement ne revendiquent presque jamais une libéralisation extrême par rapport aux victoires qu’ils ont précédemment enregistrées. Ils avancent pas à pas, parvenant à imposer à la société, et souvent avec son consentement, des modifications législatives qui auraient révulsé 80 % de la population des pays occidentaux il y a quelques décennies.

En Suisse, l’érosion progressive de la protection de la vie humaine contrevient à l’esprit sinon à la lettre de plusieurs dispositions de la Constitution qui imposent le respect de la dignité humaine, la non-discrimination du fait d’une déficience corporelle, mentale ou psychique et le droit de tout être humain à la vie.

Les dérives observées dans le domaine du traitement du début et de la fin de la vie humaine sont inquiétantes.

Les diagnostics prénatals et préimplantatoires risquent de nous conduire à l’eugénisme, à une sélection darwinienne volontariste et prométhéenne. Il n’est hélas pas invraisemblable de penser qu’à l’avenir seules les naissances d’embryons supposés impeccables à l’aune des critères intransigeants de la santé publique seront autorisées sous la pression de la société, de certains médecins et même de la plupart des caisses maladies. La médecine prédictive basée sur le diagnostic présymptomatique risque de délivrer des permis de vie et, dans le meilleur des cas, de déterminer des surcroîts de primes d’assurance pour les récalcitrants.

Aujourd’hui, des milliers d’embryons surnuméraires utilisés dans le cadre de la fécondation in vitro sont sacrifiés sur l’autel de la recherche et de la thérapie ou directement détruits.

Il y a une décennie déjà, le journaliste italien Giuliano Ferrara – qui se déclare pourtant ouvertement agnostique – a écrit ceci : « Le XXIème siècle risque de s’annoncer comme le siècle où le douteux diagnostic sur une parfaite santé génétique décidera à la place de la nature concernant la naissance et la mort des embryons… Nous risquons de subordonner la mort à la décision formalisée d’un comité éthique, de prescrire des euthanasies indolores qui vident la mort naturelle de sa signification plurimillénaire. »

Abordant la question de l’application des possibilités sans cesse plus étendues qu’offre la science, le pape émérite Benoît XVI, une des plus grandes intelligences de notre temps, s’est exprimé ainsi : « La science peut servir l’humanité mais elle peut aussi devenir l’instrument du mal et lui donner alors sa pleine mesure et entière monstruosité. Ce n’est qu’en assumant sa responsabilité morale qu’elle peut remplir sa vraie mission. »

En devenant autonomes relativement aux lois divines et aux lois de la nature, la science et la société se soumettent à une logique qui les conduisent à asservir les êtres humains, à donner une coloration pathologique à l’évolution de nos pays.

Les ingénieurs d’une société parfaite veulent être Dieu sans en avoir ni les attributs ni les moyens. C’est le drame d’une aventure prométhéenne qui menace gravement notre avenir.

Pour éviter que notre société de plus en plus dépourvue d’ancrages éthiques ne s’empare de la vie et de la mort de manière totalitaire, pour échapper aussi à la surveillance liberticide de nos actions et de nos pensées, nous devons réaffirmer partout cette grande vérité : l’humanité ne s’arrêtera au bord du précipice que si elle revient aux catégories fondamentales du Bien et du Mal.

Nous devons nous souvenir que pour Dieu, la vie est sacrée de la conception jusqu’à la mort, comme nous le rappelle ce magnifique texte du roi David extrait du livre des Psaumes (139, 13 – 16) : « C’est toi qui as formé mes reins, qui m’as tissé dans le sein de ma mère. Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse. Tes œuvres sont admirables, et mon âme le reconnaît bien. Mon corps n’était point caché devant toi, lorsque j’ai été fait dans un lieu secret, tissé dans les profondeurs de la terre. Quand je n’étais qu’une masse informe, tes yeux me voyaient ; et sur ton livre étaient tous inscrits les jours qui m’étaient destinés, avant qu’aucun d’eux existe. »

Puisse cette grande vérité demeurer en nous afin de nourrir notre motivation à poursuivre le noble et beau combat en faveur de la vie humaine et de la véritable dignité.


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