mercredi, 24 février 2016
Messe de funérailles de l'abbé Edgar Imer: lorsqu'un prêtre s'en va vers le Seigneur ...
Funérailles de l'abbé Edgar Imer: lorsqu'un prêtre s'en va ...
Lorsqu’un prêtre s’en va, il rassemble pour une toute dernière fois une multitude d’amis.
A Neuchâtel, dans l’église rouge, il y avait foule pour l’enterrement de l’abbé Edgar Imer. La basilique Notre Dame était comble, pour accueillir plus de quatre-vingt prêtres, trois évêques, une petite dizaine de diacres, une multitude de fidèles reconnaissants de la fécondité de son ministère; sans oublier sa famille et pour couronner l'ensemble, une magnifique chorale.
Monseigneur Alain de Raemy, ami de l’abbé, je devrais dire plutôt frère, a souligné, non sans humour, une de ses qualités (ou défaut): l’art de préparer avec tact et soin, dans les moindres détails, les grands événements, et même trop longtemps à l'avance. Son enterrement ne fut heureusement pas l’exception.
Edgar a tout préparé pour cette Pâques, son passage de ce monde vers la vie éternelle. Jésus n’a-t-il pas invité ses disciples à monter dans la pièce, à l’étage, à la chambre haute, au Cénacle, lieu de naissance du sacerdoce, pour préparer soigneusement la Pâques ? "faites ceci en mémoire de moi !" Marie insiste à Cana : "faites tout ce qu’il vous dira !".
Edgar a tout préparé avec très grand soin, art et délicatesse, aidé par ses amis (depuis 43 ans), ses chers frères Paul et Alain. Tout était prêt ! de la poésie des textes bibliques aux chants aux accents de l’Espérance.
Edgar voulait partir un dimanche. La Providence a choisi un vendredi, le jour de sa propre mort. Edgar se demandait qu’elle était le sens à donner à sa vie en cette année de la Miséricorde, année sainte ! Toutes les personnes venues lui dire merci l’on sans doute compris, tant cette messe d’enterrement pouvait être presque un « enciellement ».
J'ai reçu cette célébration comme un ultime cadeau d'Edgar ! Et quel présent ! Il a tout mis, le meilleur de lui-même !
Lorsqu’un prêtre s’en va, il embarque dans son coeur une multitude de personne. Un prêtre ne va jamais seul vers le Seigneur, mais il emmène avec lui son troupeau. Lorsqu’un Pasteur, un serviteur de Dieu s’en va vers la vie éternelle, toutes les personnes qui ont croisé sa vie sont comme réunis encore une fois, autour de l’autel du Seigneur, comme un Dimanche.
Lorsqu’un prêtre s’en va vers le Seigneur, il n’est pas seul
Sa vie a gravité autour de l’Astre divin, le Soleil qui ne se couche plus jamais, le Christ Ressuscité plus brillant que le soleil. Son coeur fut tout penché, tout incliné vers les âmes pour qui il a donné toute sa vie: aimer, c’est tout donner et se donner soi-même.
Le cercueil d’un prêtre est orienté différemment que tous les autres fidèles. Normalement, le visage d’un défunt fait face à l’autel, à la croix et regarde l’autel de Jésus, tournant le dos à l’assemblée.
Lorsqu’un prêtre s’en va vers le Seigneur, sa tête regarde cette Assemblée, toutes les personnes autour desquelles sa vie s’était mise à tourner. Le prêtre est tout orienté vers le service des autres. Il a donné sa vie pour les orienter vers le ciel. Avant d’aller contempler le visage de Dieu, face à face, le visage des autres devient si important.
Lorsqu’un prêtre s’en vient vers le Seigneur, le jour de son ordination sacerdotale, il est prostré à même le sol, comme mort à lui-même, pour implorer la Miséricorde de Dieu. Lorsqu’il s’en va vers son Seigneur, il est à nouveau à même le sol, dirigé vers le but de sa vie: les autres !
Au tout début de la messe, le calice et la patène qui recevaient chaque jour l’Hôte divin, le Corps et le Sang de Jésus, sont délicatement déposés sur le bois de son cercueil, accompagnés par l’Evangile et l’étole. Ce furent ses instruments de travail pour soigner, pour enseigner la multitude des âmes. Ceux qu’il a baptisés, peut-être confirmés, en tout cas mariés, bénis, consolés, toujours pardonnés, enseignés et aimés sont comme réunis autour de Jésus et de Marie, tout recroquevillés autour de la croix.
Ces personnes, chères à son coeur, sont comme présentes autour de lui, ou bien plutôt de Lui, car le prêtre n’était que l’Ambassadeur, l'ombre lumineuse ou le Serviteur. Dire que parfois, on ne veut pas comprendre le sens de son célibat ! un coeur donné jalousement à Dieu et préservé pour les autres afin que tous puisse y trouver un refuge, une place, un espace aimant. Un prêtre n’est pas sans amour, bien au contraire. Lorsqu’un prêtre s’en va, il est accompagné.
Après que l’encens se soit élevé paisiblement vers la voute céleste pour honorer une dernière fois le corps promis à la résurrection, et que l’eau du baptême, qui lui avait donné la vie éternelle, coule une dernière fois, telle une larme, la Vierge fait comme entendre sa voix, comme un doux écho divin; Marie qui est encore et toujours présente. Cette Mère admirable, prie toujours pour nous, toujours au présent, à l’heure de toutes vies, à la minute de toutes morts.
L'ultime étreinte de l'Eglise
Lorsqu’un prêtre s’en va, la liturgie de l’Eglise nous donne une ultime caresse, une ultime étreinte, telle une mère qui embrasse son enfant, avant de le déposer en terre: "tu es poussière, tu retourneras en poussière". La vie ne s’arrête pas là, elle va au-delà. Ce n’est que l’envers du décor; la Mère Eglise embrasse son enfant, comme la première fois, lui qui va naître pour le ciel, pour toujours, pour l’Eternité.
Marie, toute proche dans la gloire de l’Assomption, déjà avec son âme et son corps ce que nous serons un jour, déjà ressuscitée, est là pour nous en retourner à la vie quotidienne, de chaque jour, renforcée par la foi et l’espérance.
Edgar, toi qui a donné ta vie pour les vocations sacerdotales, nous osons déjà te prier: envoies-nous des vocations, au pluriel ! beaucoup de vocations sacerdotales et religieuses.
Bon ciel. A Dieu !
17:54 | Lien permanent | Commentaires (3) | | |
Commentaires
merci pour le texte sur la célébration d'hier avec et pour Edgar.
Je souhaiterais avoir les références des textes bibliques et aussi le titre du chant, que la famille d'Edgar a offert en ultime message... Est-ce possible de me renseigner?
merci beaucoup.
Écrit par : C.M. | jeudi, 25 février 2016
Merci pour ce bel hommage, si bien relaté. J'étais présente hier à la messe et j'en reste très touchée. Oui, un ministère aux fécondités multiples.
Communauté donnée, communion vécue en Christ.
Merci à Edgar pour son ministère et sa vie donnée.
Merci à vous pour ces lignes.
CG
Écrit par : Corinne Gossauer | jeudi, 25 février 2016
Bonjour!
Est-ce que je pourrais avoir aussi les references des textes qui ont ete lu... je connaissais tres bien Edgar, je vis en Californie et je n'ai pas pu me rendre a la messe.
Merci d'avance. Meilleures salutations. Aurore.
Écrit par : Aurore Gigon | mardi, 01 mars 2016
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