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mardi, 26 janvier 2016

Abus à Fribourg, institut Marini: "j'ai enfin été entendu". Mgr Morerod pour la vérité et la justice

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«J'ai enfin été entendu»

 

RTS

 

 (Arcinfo - ATS)

 

Site de l'évêché à Fribourg (rapport final)

 

Le Temps: rapport accablant

 

Abus sexuels à Fribourg, institut Marini: "j'ai enfin été entendu" !

 

Mgr Morerod pour la vérité et la justice


Unknown.jpegINSTITUT MARINI (FR) — Le détail des abus sexuels à l’ex-pensionnat catholique est divulgué ce matin. Jean-Louis Claude est l’enfant placé et violé qui a tout déclenché.

Le Matin

Mgr Morerod: son courage face à la vérité de l'histoire (12h30 Radio RTS)

Extraits rapport:

Les témoignages laissent transparaître à quel point le silence et le non-dit sur les abus sexuels participent de l’atmosphère générale de l’institut. Des mécanismes de pouvoir ou d’intimidation réduisent certaines victimes au silence, jusqu’à la menace de violences physiques. Même lors du procès des abuseurs, des enfants sont sommés de revenir sur leurs déclarations à la justice. Les victimes se heurtent également à l’incrédulité de l’entourage et à l’absence totale d’écoute.

La volonté d’éviter toute publicité à propos des affaires d’abus sexuels représente une constante de l’attitude des autorités épiscopales et du Comité de direction de Marini. Différentes stratégies sont mises en œuvre pour faire taire les rumeurs : déclaration épiscopale lue en chaire lors de la grand-messe du dimanche, obtention d’une rétractation de la part des accusateurs et pressions sur les élèves.

Les autorités ecclésiastiques se contentent d’enquêtes internes discrètes et déplacent le prêtre incriminé lorsque les rumeurs se font trop insistantes, sans chercher à faire éclater la vérité, à confondre et punir le coupable. Le premier but du déplacement consiste à camoufler le scandale. Qu’il s’agisse d’abus réel ou d’allégations infondées, peu importe finalement...

Selon les spécialistes en histoire de l’Eglise, les abus sexuels du clergé ont été régulièrement condamnés par les lois ecclésiastiques et punis de sanctions sévères. Ce n’est qu’au milieu du 19e siècle qu’ils ont été recouverts d’une chape de silence. Des directives sur les procédures à suivre, édictées par le Vatican en 1866 et 1922, sont restées en vigueur jusqu’en 2001.

Elles introduisent un degré exceptionnel de confidentialité des délits sexuels traités par les tribunaux ecclésiastiques, un secret total et perpétuel, sous peine d’excommunication. L’attitude de l’Eglise, vis-à-vis de la justice civile, s’inscrit aussi dans des siècles de privilèges, où le clergé ne relevait que de ses propres tribunaux. Enfin, l’esprit de corps entre membres du clergé incite à la solidarité face aux attaques susceptibles de remettre en question le prestige et le pouvoir de l’Eglise et des ecclésiastiques, qui se considèrent comme des hommes d’une « nature différente ».

Ce cléricalisme interagit à plusieurs niveaux avec la question des abus sexuels sur mineurs, en renforçant l’asymétrie des rapports de pouvoir. La culture essentiellement homosociale des séminaristes et des prêtres, ainsi que le regard négatif de l’Eglise sur la sexualité, n’est pas étranger à une certaine immaturité affective, à l’origine de certaines dérives. Mais ces dérives ne seraient pas si fréquentes si elles n’étaient pas rendues possibles par la position de pouvoir et d’impunité garantie au clergé, par la structure de l’institution ecclésiale elle-même.

Le dernier chapitre évoque l’impact des maltraitances et abus sexuels sur le parcours de vie des témoins, ainsi que les stratégies qu’ils ont réussi à développer pour survivre et se reconstruire. Le fait de témoigner participe déjà de cette résilience, et certains ont confié leurs souvenirs pour la première fois, une démarche qui n’a pas été sans souffrances.

Le sentiment de solitude et d’abandon a particulièrement marqué les enfants placés, même s’ils n’ont pas subi d’abus ou de maltraitances. Ce passé handicape le développement affectif et la confiance en soi-même. Lorsque des abus sexuels viennent se greffer sur cette fragilité affective initiale, s’ajoute alors un malaise immense et une culpabilité profonde, liée à un discours récurrent sur la sexualité coupable. Les conséquences sont considérables : développement affectif et sexuel perturbé, troubles psychiques plus ou moins graves.

Certains témoins ont transformé ces difficultés vécues dans l’enfance en atouts pour l’existence, grâce à leur courage et à leur volonté de vivre, à leur révolte parfois. D’autres se sont raccrochés à quelques éclairs de bonheur dans cette enfance chahutée, pour s’imaginer et réaliser des projets de vie. D’autres enfin luttent encore et toujours pour exorciser leur passé.

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