mardi, 10 février 2015
Un document romain pour contribuer à la qualité des homélies
Homélie : Rome publie le manuel du parfait prédicateur
Des homélies “brèves“ et bien préparées qui permettent de “nourrir la vie chrétienne“ des fidèles. C’est en substance ce que recommande le Directoire sur l’homélie publié le 10 février 2015 par la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. Ce manuel homilétique de plus d’une centaine de pages s’adresse aux quelque 460 000 évêques, prêtres et diacres à travers le monde à qui il offre quelques règles générales et des “ébauches“ d’homélie pour les différents temps liturgiques de l’année.
Véritable compendium des textes sur l’art de la prédication, le document romain rappelle que “l’homélie est strictement réservée aux évêques, aux prêtres et aux diacres“ et que, si “des enseignements et des exhortations à la fois de bonne qualité et efficaces peuvent être dispensés par des responsables laïcs bien préparés de certaines communautés, (…) de telles interventions doivent être faites dans d’autres contextes“.
Rome a par exemple rappelé à l’ordre le Chemin néocatéchuménal en 2005 et 2008 en invitant ses membres à bien distinguer l’homélie prononcée par le prêtre ou le diacre des monitions qui peuvent être par ailleurs prononcées par des laïcs.
L’homélie, rappelle le document en citant le pape François, “doit être brève et éviter de ressembler à une conférence ou à un cours“, et elle n’est pas “un sermon sur un sujet abstrait“. Ainsi, “pour le prédicateur, la messe ne doit pas être l’occasion de tenir des propos complètement étrangers à la célébration liturgique et aux lectures, ou de ne pas respecter les textes prévus par l’Eglise, en les tordant dans tous les sens pour les soumettre à une idée préconçue“. “L’homélie n’est pas non plus un exercice d’exégèse biblique“, précise le document à l’intention des prédicateurs pour qui, “le plus important“ est “de montrer que la Parole de Dieu est en train de s’accomplir ici et maintenant“.
“Un prédicateur qui ne se prépare pas, qui ne prie pas, est malhonnête et irresponsable“, voire “un faux prophète, un escroc ou un charlatan sans consistance“, assure le document en citant à nouveau le pape François.
“Pour devenir un bon prédicateur, il n’est pas nécessaire d’être un grand orateur“, précise le document romain en invitant ceux qui doivent prêcher à se souvenir que “Moïse souffrait de quelque difficulté d’expression“. Pour autant, le manuel homilétique reconnaît que les “talents“ et les “limites“ de celui qui prononce l’homélie entrent en ligne de compte et assure que “l’art oratoire ou la capacité de parler en public, y compris l’usage approprié de la voix et aussi des gestes, contribue à l’efficacité de l’homélie“.
Une “aide précieuse“ pour les prêtres
Dans une première partie, le Directoire sur l’homélie décrit la nature, la fonction et le contexte particulier de la prédication, ainsi que certains aspects qui la caractérisent. La deuxième partie consacrée à l’Ars praedicandi, nettement plus longue, propose des clefs de lecture indicatives pour le cycle des dimanches et fêtes selon la période liturgique, ou encore pour la célébration des mariages et des obsèques.
L’origine de ce document remonte au Synode des évêques de 2008 consacré à la Parole de Dieu. En écho au désir alors exprimé par les pères synodaux, deux ans plus tard, Benoît XVI (2005-2013) avait jugé “nécessaire“ d’améliorer “la qualité“ des homélies, dans l’Exhortation apostolique Verbum Domini, souhaitant alors que soit publié un “directoire sur l’homélie“ qui permette aux prédicateurs de trouver “une aide précieuse pour se préparer à l’exercice de leur ministère“.
Le dicastère en charge de la liturgie s’est alors appliqué à rédiger ce directoire, qu’il a dû compléter avec les indications très largement données de façon presque inattendue fin 2013 par le pape François, dans l’Exhortation apostolique Evangelii gaudium. AMI
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