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jeudi, 06 novembre 2014

Suicide assisté ? Euthanasie ?? Exit ??? Un prêtre raconte

Suicide assisté ? Euthanasie ?? Exit ??? le récit d'un prêtre 

Vatican -le 04/11/2014| Par Agence I.Media

“Une profonde tristesse“, une “absurdité“. Les réactions du Vatican ne manquaient pas, le 4 novembre 2014, trois jours après le “suicide assisté“ d’une Américaine de 29 ans atteinte d’un cancer du cerveau incurable, qui a relancé le débat, aux Etats-Unis et en Europe, sur l’euthanasie.

Exit ??? Euthanasie ?? Suicide assisté ? Hommage d'un prêtre aux personnes parties vers Dieu dans la dignité

Cette dépêche de l’agence I.Media m’invite à parler, à témoigner, à raconter.

Comme prêtre, je côtoie très souvent la mort au point qu’elle est devenue comme une compagne de vie. Trois urgences font régulièrement voler en éclat mon calendrier, mes horaires ou mes rendez-vous: les malades, les confessions et les mourants. Sans trahir de secrets, je désire évoquer en toute simplicité quelques récits qui illustrent bien cette fréquentation.

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Pardonné avant Noël

Prêtre fraîchement ordonné, je fais la tournée des malades avant la fête de Noël: confession, communion et sacrement des malades. Une religieuse de la cure me sollicite pour la visite d’une personne seule. Aussitôt dit, aussitôt fait, je m’arrête durant la tournée chez un brave et aimable Monsieur. Nous parlons de tout et de rien, du beau temps, du village… Puis, me reviens le conseil d’un ami prêtre: « pour les personnes âgées, afin de leur faciliter la confession, parle simplement avec eux de Dieu, de la prière, des autres et d’eux-mêmes. Pose quelques questions afin qu’elle puisse se confier ».

Je commence donc à évoquer des choses essentielles de la vie. Le dialogue devient soudain plus profond, plus intense et plus riche. Voyant la sincérité de cet homme, je lui dis: « N’avez-vous pas l’impression que vous venez de vous confesser ? ». Il me répond: «Oui tout à fait, j’ai tout dit ». Je lui propose alors de lui donner le Pardon. L’homme pleure de joie, les larmes ruissellent sous ses yeux douloureux et usés par la vie. Nous faisons ensemble le signe de croix, les paroles de l’absolution glissent sur mes lèvres et le Pardon divin s’empare de ma pauvre et petite personne pour se déverser sur la vie du vieil homme.

Nous nous sommes quittés dans la prière, nous disant à bientôt et surtout Joyeux Noël. Lorsque je ferme les yeux je le vois encore sourire, le regard plein de lumière... Je m’en retourne tout joyeux à la cure, une amitié est née. A peine deux jours plus tard, la soeur qui nous avait mis en contact me croise dans les escaliers et m’annonce la mort de ce nouvel ami… La Providence ne se sert-elle pas de tout ?

Présent au dernier souffle

Un autre jour, je suis en voiture et ressens le besoin d’aller voir rapidement une vieille dame malade dont je n’ai plus de nouvelles depuis quelques jours. Je prends immédiatement la route pour le Home, passe par l’entrée principale, trouve rapidement l’ascenseur et me tiens devant sa porte pour entrer. Alors que je frappe doucement, sa fille vient m’ouvrir expliquant que toute la famille est réunie pour sa maman qui est en train de s’en aller.

J’entre alors dans ce lieu sacré avec le coeur rempli d’émotion au moment même où la grand-maman rend son dernier souffle à Dieu… A la seconde près, j’étais présent pour son départ ! Dans les confidences qui suivirent cette mort impressionnante, la fille me confie que sa maman a prié toute sa vie, pour mourir en présence d’un prêtre ! J’en suis encore aujourd’hui profondément bouleversé.

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De la révolte au Pardon

La Bénichon est une institution bien ancrée en ville de Fribourg. Invité dans une famille pour cette occasion, je fais connaissance avec les personnes autour de la table. Mon voisin est un homme viscéralement contre Dieu, contre la foi, les curés et toutes ces histoires… Il me dit alors droit dans les yeux: « si un prêtre vient me voir à l’hôpital, dans mon lit, je le fous à la porte ». Malgré cette intransigeance, son caractère ne m’empêche pas de le trouver fortement sympathique. 

Une année passe et j’apprends que mon voisin de table est à l’hôpital. Je m’y rends évidemment le plus vite possible pour le visiter. Arrivé à l’étage, je demande à l’infirmière de prévenir mon ami que je suis présent. La soignante me demande plutôt de le rejoindre directement, mais j’insiste pour ne pas le brusquer: « je ne préfère pas. Dites-lui simplement que je suis là ». L’infirmière revient et m’invite à entrer. J’entre alors dans la chambre d’hôpital tout en invoquant la Vierge Marie.

L’homme est très faible, assis au bord de son lit, le regard dans le vide... Nous nous saluons et parlons sereinement, de Dieu, de la mort et de la vie. Je remarque que la porte de son coeur s’est légèrement entrouverte et que Dieu est patient. Quelques jours plus tard, j’apprend son décès, mais surtout qu’un prêtre est venu en urgence lui donner les derniers sacrements.

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Les deux mains du prêtre: les clés pour ouvrir le Ciel 

Des histoires comme celles-ci, mes confrères prêtres peuvent vous en raconter des centaines. J’ai souhaité en parler, sous l’instigation d’un proche, pour rendre hommage à toutes ces personnes aimées par Dieu comme tous et chacun. 

La mort est un instant tellement sacré qu’il est juste de s’en approcher uniquement avec la prière et la grâce de Dieu. Comme prêtre je suis, par grâce, serviteur aux mains en formes de clefs pour ouvrir le Ciel lors de la célébration de la Messe et par le Sacrement du Pardon. C’est donc une immense souffrance de voir que des personnes prennent les sentiers du suicide assisté, refusant ainsi ce grand cadeau qui est offert pour leur âme.

Je sais que tout doit être entrepris pour soulager la douleur, pour donner un cadre humain à chaque personne. Je sais surtout que les personnes parties vers le Père dans la dignité parlent plus fort que toutes les théories.

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Alors que la rage de vivre fait cruellement défaut dans nos sociétés opulentes, je souhaite, en ce mois de novembre que l’Eglise dédie aux fins dernières (mort, jugement, enfer et paradis) rendre hommage à toutes les personnes que j’ai eu l’honneur et la grâce d’accompagner vers Dieu. Je les remercie vivement d’avoir croisé, pas par hasard, le sentier de ma vie, le chemin de mon coeur, la porte de la Vie éternelle. Je prie souvent pour elles et leurs familles.

Commentaires

Merci pour ce très beau témoignage qui nous donne un exemple de la mort dans la dignité!

Écrit par : Mat | mercredi, 05 novembre 2014

Témoignage très beau et touchant! Le dire haut et fort peut aider a comprendre comment peut se dérouler les dernières minutes sur cette terre avec beaucoup de paix et sérénité, tout le contraire de ce que notre société craint par dessus tout aujourd'hui!
On devient toujours plus solitaire, égoïste, replié sur soi! Le fait de mourir seul en étant assisté fait partie de cette logique! La mort n'est plus sociale mais privée...
Merci

Écrit par : Myriam | mercredi, 05 novembre 2014

Merci surtout aux défunts, qui m'ont tellement apportés. Leur vie parle au-delà de la mort, car ils sont partis vers l'Au-delà. Merci

Écrit par : Don Dom | mercredi, 05 novembre 2014

Les commentaires sont fermés.