vendredi, 19 septembre 2014
Interview de Jean-Marie Guénois: jusqu'où ira François
Jean-Marie Guénois: jusqu'où ira François
Livre de Jean-Marie Guénois, excellent vaticaniste: jusqu'où ira François
Note: Contrairement à l'idée principale du vaticaniste Guénois, il n'y a aucune rupture ecclésiale. Il y a un changement de personnalité, de style et d'apparence. La communication également a passablement évolué.
Le mystère de Dieu et de l'Eglise est tellement riche, qu'aucun Pape et aucun saint n'arrivent à épuiser la richesse et la profondeur de la foi. Saint Jean XXII avait un style très différent que le futur saint Pie XII.
Du Pape Benoît XVI au Pape François, c'est soutane blanche et blanche soutane. Sainte Thérèse de Lisieux parlait de l'Eglise comme d'un champ de fleurs. Si on se concentre sur une fleur ou deux, on perd de vue l'immensité du verger de l'Eglise.
Je pense que le Pape François doit être très triste de cette comparaison avec Benoît XVI. Au Conclave de 2005, il s'était retiré pour laisser la place au Cardinal Ratzinger qu'il admirait. Il n'a jamais fait partie des cardinaux et des chrétiens qui se sont opposés à Benoît XVI, et qui récupèrent actuellement le Pape François.
Cette façon de penser en mode binaire, gauche-droite, conservateur-progressiste est hélas un des produits d'une certaine culture française qui formate l'Eglise en catégories politiques. Or l'Eglise a une envergure mondiale.
Du Pape Benoît XVI au Pape François: aucune rupture, mais une herméneutique de la Réforme
J'ose avancer sans aucune hésitation, que Benoît XVI est un saint vivant. Sa puissante prière sur la montagne, comme Moïse, contribue au rayonnement du Pape François jusque dans les périphéries de l'Eglise et du monde. Le Pape décrit l'Eglise comme une sortie continuelle, comme à la Pentecôte.
Si l'Eglise s'enferme dans ses querelles de sacristies, elle tombe malade et oublie d'évangéliser. Le Pape François propose la doctrine de la foi avec le don des langues, en sachant dire la même foi avec d'autres mots, en utilisant d'autres manières et une nouvelle communication.
Dans une famille, on ne compare pas les enfants, on les aime tous et chacun, avec leurs qualités et leurs défauts, dans l'unité ( et pas uniformité ) de l'amour familial.
Et n'oublions pas que l'Evangile a 4 Evangélistes. Lequel dit le vrai Jésus ? Tout les 4 !
09:20 | Lien permanent | Commentaires (6) | | |
Commentaires
Vous professer une grande admiration pour le pape Benoît XVI, mais de quoi est-elle faite? On pourrait croire que votre admiration est surtout celle de la soutane blanche, quel que soit l'homme qui la porte. Si c'est la théologie, l'enseignement, la pratique, la profondeur, l'esprit de l'homme Joseph Ratzinger-Benoît XVI que vous admirez, vénérez, estimez, vous ne pouvez pas ne pas remarquer que son successeur milite pour une autre compréhension et pratique ecclésiale, un autre discours au monde. Qu'il démolit la congrégation la plus en phase avec Benoît XVI, qu'il bride et maîtrise ou eloigne les plus fidèles disciples. Cela n'est pas une lecture française, ce sont des faits observables que votre ami Tornielli doit tout faire pour relativiser, amoindrir, dénaturer par son journalisme courtisan. Si vous ne le voyez pas, c'est une incapacité assez grave, ou un wishful thinking comme disent les anglophones.
Écrit par : ph.martin | vendredi, 19 septembre 2014
J'ai eu la grâce de pouvoir être à Rome durant les années noires, je veux dire entre 2009, 10 et 11. J'ai vu l'importance de la communication. Ces années furent très pénibles ( levée des excommunications etc. ) Le livre de Tornielli sur le Pape Benoît XVI ( un Pape sous attaque - qui décrit les cruels erreurs de comm de la Secrétairerie d'Etat, et le manque d'un spin doctor, un stratège de communication ) fut révélateur. Désormais ce stratège existe.
Je ne vois pas de rupture avec le Pape François. C'est la vie de l'Eglise, qui avance toujours, et par des persécutions et des grâces. Le Pape Benoît XVI n'a jamais été cet homme que l'on a décrit. C'est un portrait totalement éloigné de sa réelle personnalité. Simplement, sa communication fut assez pathétique. Il ne s'intéresse d'ailleurs pas du tout à ce domaine. Je l'avais sous mes yeux, et les deux visages ne correspondaient pas du tout: un homme doux, simple, timide, humble, intelligent, harmonieux et élégant, souriant, attachant; et un homme présenté comme assis à son bureau, coupé du monde, isolé, dur, cassant.... C'est un montage médiatique, c'est clair.
Notre Pape actuel est un surdoué de la communication. Il crève les écrans, est le Pape de Twitter... Bref, un génie.
Mais il est déformé par un jeu de la communication catholique, interne. Les filtres demeurent et ne produisent pas les mêmes effets. On le présente comme opposé au pape Benoît XVI, ouvert, notamment sur les divorcés remariés.... Mais il n'a jamais dit nul part que le Synode allait dans ce sens. Au contraire, il s'est "fâché" intérieurement lorsqu'on lui a rapporté que des prêtres et des évêques parlaient du Synode pour donner la communion aux divorcés. C'est ses propres paroles, tenues en conférence de presse.
Aussi, avec le concours de la grande communication qui l'a pris comme un produit à vendre et la communication catholique qui n'aimait pas du tout Benoît XVI, on crée un Pape François qui n'est pas notre Pape.
Je vois surtout ce jeu de comm.... et c'est pas réel, plutôt virtuel.... donc ni fidèle, ni vrai.
Donc oui, parce que j'ai accès, comme tant et tant d'autres aux sources, je suis résolument en faveur de notre Pape actuel. Je prie pour lui et une fois décoder sa présentation, j'arrive à percevoir qui il est. Mon séjour romain m'a mis au parfum. C'est passionnant de voir comment ce jeu de comm nourrit nos a-prioris, car nous commençons à penser à partir des nouvelles. Ce sont les prémices.
Voilà pourquoi j'essaie petitement et avec plus ou moins de succès, d'expliquer le fonctionnement des médias.
Bien à vous
P.S: Je pense que l'état de grâce médiatique de notre Pape pourrait tantôt toucher à sa fin !
Écrit par : Don Dom | vendredi, 19 septembre 2014
Avec tous mes remerciements pour ce super article
Écrit par : blog | vendredi, 19 septembre 2014
L'article interview de Guénois est trop politique "gauche -droite " et invente totalement l'idée que Bergoglio ne partageait pas les orientations de Benoît XVI !
Écrit par : Don Dom | vendredi, 19 septembre 2014
Personnellement, je trouve étrange qu’en début d’article, sous l’intitulé “note”, on lise, comme une sorte de garantie conforme: “Contrairement à l'idée principale du vaticaniste Guénois, il n'y a aucune rupture ecclésiale. Il y a un changement de personnalité, de style et d'apparence.”.
Qui a dit qu’il y avait rupture ecclésiale ? Ne pensez-vous pas que la meilleure façon de savoir s’il y a rupture ecclésiale (ou non !), puisque cela semble tellement important qu’on en parle, c’est encore de lire le livre pour se faire une idée ?
Certains passages du livre sont plutôt “corsés”, je les trouve très loin de la vision très consensuelle contenue dans l’article.
Hier, sur ce blog, on pouvait lire: “Cela nous permet de comprendre que le Cardinal Kasper ne donne aucune solution définitive”, en écho à ce que lui-même a déclaré. Parce qu’il faut attendre la fin du synode pour exprimer un point de vue ? Les solutions qu’il préconise, sa vision des choses ne méritait-t-elle pas qu’on y réfléchisse utilement (c’est-à-dire avant même que les débats ne s’ouvrent) ?
Dans le même entretien, W. Kasper dit: “J'espère que nous pourrons avoir un échange calme et sincère au sujet des expériences pastorales ou des arguments dans un climat d'écoute. Pas des réponses toutes faites”. Les thèses qui réfutent les siennes sont-elles des réponses toutes faites ?
Ou alors ici: “La miséricorde est bien le coeur, le centre de l'époque conciliaire et post-conciliaire de l'Eglise catholique”.
Que du bonheur ! Il aura fallu attendre vingt siècles, avec Jean XXIII d’abord, puis François et W. Kasper, pour voir ENFIN l’Eglise découvrir la miséricorde. C’est de la théologie à genoux et franchement, ça me fait du bien à moi aussi ! Merci !
Écrit par : Bernardo Lombardi | vendredi, 19 septembre 2014
Le dernier commentaire nous fait percevoir en quoi la popularité d'un pape François ne signifie absolument pas un progrès dans la "nouvelle évangélisation", bien au contraire. Au lieu de mener à une meilleure compréhension de la foi et à une conversion des coeurs, on applaudit le pape qui va changer l'Église, comme si elle découvrait enfin la Miséricorde.... c'est assez hallucinant, mais pas si étonnant.
Écrit par : ph. martin | vendredi, 19 septembre 2014
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