samedi, 12 juillet 2014
Pape François: le double "frame" de la communion des divorcés remariés
Synode sur la famille et communion: les personnes divorcées remariées
Une confusion et une pression médiatique (probablement interne à l'Eglise) régnent sur cette grave question. Leurs origines sont très complexes, mais concernent indubitablement la communication. Une des premières formes de la Charité est la Vérité, sans oublier que sa communication fait partie de cette même Vérité.
Parler de ce grave sujet implique de se souvenir que des personnes souffrent. L'Eglise est comme un hôpital de campagne dit le Pape François. Le baume de la grâce et l'auteur même de toutes les grâces, Jésus Christ, soignent les douloureuses blessures. La pastorale devient alors l'art de mettre les âmes en relation avec Dieu.
Le premier frame: rupture d'enseignement entre Benoît XVI et le Pape François
Un frame consiste à majorer un aspect pour reléguer dans l'ombre une autre dimension de la question.
Certains sites et blogs, qui étaient de très bonnes sources pour comprendre les propos précis et millimétrés de Benoît XVI, sèment la confusion doctrinale. Ainsi, il est faux de projeter sur le Pape François une quelconque confusion. Comment un homme qui a passé des milliers d'heures à confesser pourrait-il être infidèle à l'enseignement du Christ ? Les principaux blogs et sites qui récupéraient le Pape Benoît XVI sont devenus fort critiques et distants vis-à-vis du Saint-Père. Pourtant, à part la communication, pour nos deux Papes c'est calotte blanche et blanche calotte.
Les grands médias réussissent parfois à faire du Pape François un bon sujet commercial. Dès lors, ils ne vont pas tirer à boulets rouges sur leur propre idole. Benoît XVI ne jouissait pas d'une telle ferveur médiatique.
Le tout premier frame provient de ce jeu d'opposition.
Second frame: le Synode et la communion ne concernent que les divorcés remariés
Après ce jeu d'opposition virtuel entre les deux Papes, le second frame semble concerner le prochain synode et la communion. Le prisme est celui des divorcés remariés.
- Or, le prochain Synode va parler de la crise de la famille, qui est une question beaucoup plus large. Bien évidemment, le drame du divorce, la souffrances des personnes seront au coeur des discussions.
- L'accès à la communion dépasse très largement la question des personnes divorcées et remariées. La communion nous concerne tous ! Nous avons cette fâcheuse tendance à regarder la paille dans l'oeil de notre voisin, sans voir la poutre qui empêche notre oeil de bien voir rappelle Jésus.
La question fondamentale est celle-ci: suis-je en état de grâce pour recevoir la sainte Communion ? Avant d'aller communier, l'Eglise met sur nos lèvres cette belle phrase: "Seigneur je ne suis pas digne de tu viennes sous mon toit, mais dis seulement une parole et je serai guéri".
Cette parole murmurer à notre conscience peut-être: d'attendre la confession pour aller communier; de prier pour un changement de vie, une plus grande conversion et de ne pas aller encore communier; de s'avancer pour être préservé de toutes chutes, par la grâce même de Dieu.
La focalisation sur les personnes divorcées remariés conduit parfois à une stigmatisation blessante. Le Pape en est parfaitement conscient ( lire ci-dessous )
Divorcés remariés, Interview du Pape François dans l'avion, retour de la Terre Sainte
" je n’ai pas aimé que de nombreuses de personnes, y compris d’Eglise, des prêtres, aient dit “ah, le synode, pour donner la communion aux divorcés remariés“. Et ils sont allés là. J’ai vu combien tout se réduisait à une casuistique. Non, la chose est plus large. Aujourd’hui, nous le savons tous, la famille est en crise. Elle est en crise mondiale. Les jeunes ne veulent pas se marier, ou ils ne le font pas, ou ils vivent ensemble. Le mariage est en crise, la famille aussi.
Et je ne voudrais pas que nous tombions dans cette casuistique : on peut, on ne peut pas. Pour cela je vous remercie encore d’avoir posé la question, parce que cela me donne l’opportunité de clarifier tout cela. Le problème pastoral de la famille est très, très large. Et l’on doit étudier cas par cas. Le pape Benoît XVI a dit une chose 3 fois sur les divorcés remariés qui m’aide beaucoup. Une fois dans le Haut Adige, une fois à Milan et lors de l’ultime consistoire public : étudier les procédures de nullité matrimoniale parce que certaines peuvent être expédiées ou sont pour quelques personnes, étudier la foi avec laquelle la personne va se marier, et clarifier que les divorcés ne sont pas excommuniés et sont très souvent traités comme des excommuniés. C’est une question grave".
Présentation du document pour le Synode
Des questions pastorales, soit de permettre de rencontrer le Christ, mais pas de changement doctrinal.
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Le Cardinal Bergoglio reçut un prêtre de son diocèse qui lui parlait de sa grande préoccupation pour la rectitude doctrinale. Bergoglio lui répondit: "c'est en effet très important mon fils ! Sais-tu si les personnes se sentent aimés par ton coeur de prêtre ?"
21:46 | Lien permanent | Commentaires (6) | | |
Commentaires
J'admire votre faculté à ne pas voir de différences entre ces 2 Papes...
Mais je profite pour vous reposer la question que j'avais déjà posé sur ce blog...sans réponse: que signifie pastorale? qu'est-ce que l'Église doit changer dans sa pastorale par rapport aux divorcés remariés?
Après je vous rejoins totalement sur ce que vous dites sur la nécessité de l'état de grâce pour communier...je pense que les communions sacrilèges sont l'un des plus gros problèmes de l'Église d'aujourd'hui...
Notre Seigneur avait demandé la communion réparatrice des 9 premiers vendredis du mois à Paray le Monnial.....mais qui parle encore de ça??? très peu de prêtres
Écrit par : Stève | samedi, 12 juillet 2014
La pastorale est l'art de mener les âmes, les personnes à Dieu. Un Pasteur guide son troupeau. Par exemple, le Pape François est un Pasteur, et moins un théologien comme l'était le petit Mozart de la théologie Benoît XVI, Ratzinger. Je suis en train de lire la biographie de Dietrich Bonhöffer, avec les communautés luthériennes, la naissance de la langue allemande par Luther et la Bible.... Il y eu des Universités allemandes avec des théologiens Harnack etc... Et puis la Providence nous a donné cette immense personnalité, Joseph Ratzinger. L'histoire va le retenir comme l'un des plus grands théologiens après le siècle de Saint Thomas d'Aquin, Saint Bonaventure. On ne s'en rend pas bien compte, pourtant sa stature est bien là. L'avenir rendra justice à Benoît XVI. Il sera lu et relu, comme le plus grand interprète du Concile Vatican II.
Cette oeuvre est accompli. Voici que l'Eglise est guidé par un homme au coeur immense, avec un amour pour les personnes impressionnant. C'est un Pasteur, le Bon Pasteur. Aussi pastoral, c'est mener les âmes vers Jésus. La Vérité sans la Charité n'est plus la Vérité. Chez notre Pape, il sait parler au coeur, sans vouloir blesser, car il dit les choses avec amour. On l'écoute car il est bon et aimant.
Écrit par : Don Dom | dimanche, 13 juillet 2014
Pastoral:
un terme qui ne veut pas dire nécessairement flou, dépourvu de substance, purement édifiant, comme cela a pu être compris ici ou là.
Un terme qui doit au contraire vouloir dire: partir d'une attention positive à l'homme d'aujourd'hui, qui n'a jamais été aidée par ces condamnations qu'il a longtemps entendues sur tout ce qui est faux, tout ce qu'il ne doit pas faire, pour arriver à ce qu'il a trop peu entendu et qu'il veut vraiment entendre, à savoir ce qui est vrai, ce que le message de la foi peut apporter à notre temps, ce que celle-ci a de positif à lui enseigner et à lui dire.
Pastoral:
un terme qui ne veut pas dire non plus édulcoré et vague, mais exempt de querelles d'écoles, de questions disputées bonnes pour les spécialistes, de raffinements sans fin dans la controverse à un moment où se font jour précisément des tâches nouvelles qui réclament de tous une discussion ouverte.
Pastoral:
veut dire exempt de jargon scolastique (qui a sa légitimité et peut-être aussi une nécessité, mais précisément dans les facultés et non pas dans la prédication et l'exposition de la foi), mais au contraire enraciné dans le language de l'Ecriture, des Pères, des hommes d'aujourd'hui, bref dans le langage vivant de l'homme de tous les temps.
Écrit par : Don Dom | dimanche, 13 juillet 2014
Merci pour votre réponse. Mais concrètement dans le cas de la communion aux personnes divorcées remariés (cas qui revient souvent car il a été abordé par le Cardinal Kasper lors du dernier consistoire- que c'est un thème qui lui est chère depuis longtemps-et que ce dernier est un choix du St Père dont il a vanté l'exposé) que faire au niveau de la pastorale? Les prêtres que je connais, et c'est peut être votre cas aussi, accueille avec la plus grande charité ces personnes et leur expliquent qu'ils ne peuvent communier...et laplupart l'accueillent très bien. Or dans les paroisses progressistes où j'allais avant la communion leur était donné sans problème..au nom de la pastorale....vous comprenez ma très grande méfiance sur ce sujet?
Écrit par : Stève | dimanche, 13 juillet 2014
Si je suis votre première définition on peut dire que la Pastorale de ces dernières décennies est un échec total...car non seulement l'homme d'aujourd'hui ne sait plus ce qui est condamné ( il ne connaît plus ni le péché, ni les 10 commandements par ex) mais de plus il ne connaît plus ce qui est vrai...puisque nous vivons une dictature du relativisme que ce cher Benoît n'a pas arrêté de dénoncer...
Écrit par : Stève | dimanche, 13 juillet 2014
Quand on parle de pastorale, c'est souvent pour opposer une attitude concrète, pratique, au donné abstrait de la foi, théorique, le doctrinal. On valorise alors la première au détriment du second, comme s'il y avait opposition. Il faudrait être ouvert, accueillant, suive son coeur, montrer de la tendresse et de la compréhension. Les chrétiens chauves-souris, eux, les faces de carême tendance pélagienne s'enfermeraient dans leurs sepulcres blanchis de bonne conscience craintive face aux surprises de l'Esprit...
De fait, cette compréhension de la pastorale est l'une des causes majeures de l'effondrement tant culturel que cultuel que connaît l'Église catholique depuis des décennies, et pas seulement en Occident comme on veut encore nous le faire croire.
Une vraie pastorale existera quand les pasteurs se soucieront à nouveau de proclamer sans affadissement la vérité de la Croix rédemptrice et de dénoncer la pluralité innombrable des hérésies qui ont cours dans l'Église et dans le monde.
Beaucoup n'ont que le mot miséricorde dans la bouche, mais ne savent pas de quoi ils parlent, en confondant sentimentalisme aveugle et nonchalant et le profond mystère du péché et de l'amour divin.
Écrit par : ph. martin | dimanche, 13 juillet 2014
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