mardi, 10 juin 2014
Lytta Basset ou la fin du péché originel
Lytta Basset: en finir avec le péché originel
Théologienne renommée, auteur de nombreux livres, Lytta Basset propose d'abandonner le dogme du péché originel, héritage de Saint Augustin.
Péché originel.jpg ( article sur le livre "Oser la bienveillance" )
Les vérités de la foi sont liées
Le Cardinal Schönborn, rédacteur du catéchisme de l'Eglise catholique, parlait de "hiérarchie des vérités", soit que les vérités de foi sont unis les unes aux autres. Saint Thomas d'Aquin évoque l'unicité de l'acte de foi car la foi possède un contenu unifié.
Abandonner le péché originel ou les mailles ne s'arrêtent plus ...
Aussi, abandonner le péché originel revient en quelque sorte, pour prendre une image de tricot, à ne pas arrêter les mailles. L'ouvrage de la foi tombe de lui-même. Pourquoi le Fils s'est-il incarné ? s'est-il fait chair ? Pourquoi la mort de Jésus ? Pourquoi le baptême ? Et l'Immaculée Conception ?
Le pessimisme de Luther
Il est intéressant de noter que Luther a lu de travers Saint Augustin. Pour l'initiateur de la Réforme, l'homme est fondamentalement corrompu. Dieu nous justifie de l'extérieur, nous regarde différemment, sans que nous changions intérieurement. Pour prendre un exemple, la grâce serait comme de la "neige sur du fumier", qui recouvre une nature corrompue. Sa vision est donc très négative et pessimiste.
La joie et l'espérance des catholiques: une bataille navale
Pour les catholiques, la nature humaine est blessée. Le péché originel est un état dans lequel on est et on naît, et un péché original. Il remonte aux origines de l'homme et de la femme et il n'est pas un acte personnel mais un héritage. Pour prendre un autre exemple, c'est comme à la bataille navale: "touché mais pas coulé".
Les pays catholiques, latins, sont d'ailleurs plus joyeux et moins austères. Nous sommes dans les difficultés mais Dieu nous aime, nous guide et nous sauve.
Dieu guérit, l'Eglise est un hôpital de campagne
Plutôt que d'envoyer aux oubliettes le péché originel, d'abandonner la lumière qui éclaire notre nature humaine blessée, il serait hautement souhaitable de renoncer à l'austérité et au pessimisme de Martin Luther.
Le péché originel explique notre situation actuelle: souffrance, maladie et mort. Le baptême remet la faute du péché originel mais laisse les conséquences. D'où la lutte sportive pour être chrétien. Dieu guérit par les sacrements. Comme le dit le Pape François: l'Eglise est un hôpital de campagne. La vie est alors un pèlerinage, du jardin du péché au jardin de la Résurrection. Immense espérance !
18:22 | Lien permanent | Commentaires (3) | | |
Commentaires
Salut en Christ,
Je ne connais pas l'apport de Lytta Basset sur ce terrain; cependant, ce qui me paraît clair en tant que chrétien du XXIe siècle appartenant à l'Eglise de Rome, c'est qu'il est grand temps, urgent même, de refaire la mise au point sur ce sujet afin de découvrir une perspective digne de notre époque. En effet, celle de saint Augustin est aussi révolue que celle d'Aristote et sous peine de vain rafistolage, voire de tomber dans l'obscurantisme, il ne sert plus à rien aujourd'hui de soutenir les thèses d'un fondamentalisme désuet. Le Paradis a disparu de l'horizon géographique maintenant depuis belle lurette. La logique qui voudrait que la Chute originelle soit la cause absolue de la mort biologique, du mal et donc du second principe de la thermodynamique, est trop simpliste et n'est plus viable. Le Paradis au sens symbolique fort du mot n'est pas derrière nous, mais il est situé en avant de nous dans l'accomplissement de l'Univers, c'est-à-dire de la Personne. Notre Terre a déjà quelques milliards d'années lorsque apparaît l'Homme dans la biosphère. Avant lui, la mort biologique est pleinement présente à la surface de la planète et le second principe de la thermodynamique traverse depuis longtemps tout l'Univers. S'il y a péché originel au sens spirituel du terme, alors il ne peut s'agir que d'une faute d'enfant, qui se perd dans les brumes d'une conscience naissante, dont il faut bien entendu reconnaître la réalité, mais qui est sans commune mesure avec Auschwitz, les crimes du communisme ou autres esclavages et structures de péché bien actuelles. En d'autres termes, le Péché originel a cessé d'être le vaste fourre-tout explicatif de toute mort et de tout mal présents dans le monde. Il me semble qu'il ne s'agit pas d'abandonner tout bêtement et simplement le Péché originel au sens spirituel de la notion; il ne s'agit pas non plus de craindre que les mailles filent, mais il s'agit de renforcer la cotte avec des motifs neufs et plus solides permettant des chevauchées plus longues avec victoires à la clef! J'ai la profonde conviction que péché ou pas, l'indicible Annonciation aurait quand même eu lieu et l'Incarnation serait quand même advenue, par Amour tout bonnement. Sur la notion de sacrifice, il a également des réajustements salutaires à faire. Si Jésus est Rédempteur, il est également Libérateur par excellence et Evoluteur! En effet, si nous voulons demeurer fidèles à saint Paul en mettant le Christ au sommet de l'Univers, il faut immanquablement avoir l'audace de le situer à la pointe de l'Evolution, à la fois comme Destination de l'Homme, Accomplissement de la Personne et bien entendu vrai Dieu, le seul qui soit aujourd'hui digne d'adoration.
Écrit par : Pierronne la Bretonne | mercredi, 11 juin 2014
Voici un livre récent qui traite de la question du péché originel avec rigueur théologique, en consonnance avec la meilleure tradition catholique tout en faisant place aux données contemporaines:
http://www.editionsducerf.fr/html/fiche/fichelivre.asp?n_liv_cerf=8079
Écrit par : ph.martin | mercredi, 11 juin 2014
Effectivement, l'ouvrage a l'air très intéressant et le suivant au titre évocateur également. Le nom de l'auteur, Jean-Michel Maldamé, ne m'est pas inconnu. Merci beaucoup! Je vous recommande à Jésus et aux mains bénies de Marie, notre étoile sur le chemin du Royaume!
Écrit par : Pierronne la Bretonne | mercredi, 11 juin 2014
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