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mardi, 18 mars 2014

Radio Vatican: L'Ukraine se prépare à une plus grande invasion

Lien "Ils n’ont pas décidé de supprimer la langue russe".

Ukraine : « on se prépare à une plus grande invasion »

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(Radio Vatican) Témoignage

« L’Ukraine et le monde entier ne reconnaîtront jamais l’annexion du territoire ukrainien ».

Les mots sont fermes et le ton déterminé. C’est ce qu’a déclaré Olexandre Tourtchinov le président ukrainien par intérim, quelques heures après la signature par le président russe Vladimir Poutine d’un accord sur le rattachement de la Crimée à la Russie, qui prend effet mardi. Et Vladimir Poutine ne compte pas en rester là. Il a aussi annoncé la préparation d’un projet de loi pour que la péninsule ukrainienne devienne russe, tout en assurant qu’il ne souhaite pas la scission de l’Ukraine.


Une déclaration qui est loin d’avoir convaincu le père Michel, en Ukraine Mychajlo Dymyd, est prêtre de l’Église greco-catholique. Il est persuadé que Vladimir Poutine ne va pas s’arrêter à la Crimée. Il est interrogé par Audrey Radondy

Quel est votre regard suite aux derniers évènements en Ukraine ?
La Russie n’a jamais vraiment accepté le démembrement de l’Union soviétique. Ceux qui ont dirigé le pays ont toujours dit que c’était une catastrophe pour la Russie. Je suis convaincu que Vladimir Poutine fait tout pour annexer une autre partie de l’Ukraine ou pour annexer la Moldavie ou la Transdniestrie, ce qui est en train de se passer fait partie d’un grand plan de renouvellement de l’ex-Union soviétique. Et je crois que les amis polonais ont bien conscience de cela et c’est pour cela qu’ils alertent, comme ils sont membres de l’Otan et de l’Union européenne, tous leurs collègues : « faites attention, intervenez ! parce que la situation est très grave ».

Est-ce que selon vous le pays pourrait basculer dans une guerre civile ?
Pas une guerre civile, mais une guerre contre l’invasion russe. Il n’y a pas de guerre civile, il n’y avait pas de guerre civile ni en Ukraine, ni en Crimée, ni dans les parties à l’est de l’Ukraine. Aujourd’hui, nous avons les preuves que ce sont les Russes qui ont organisé les manifestations anti-Ukraine et les débordements ces derniers jours.

Donc selon vous, les Ukrainiens et les Russes n’ont pas de difficulté à vivre ensemble en Ukraine ?
Il n’y a pas de difficulté de ce genre. Si vous écoutez ou lisez les poètes, les intellectuels, les artistes, les gens de la société, personne ne vous dira qu’il a eu des difficultés à parler le russe ou à développer la culture ou la langue russe en Ukraine. A mon avis, ce sont les Ukrainiens qui ont des difficultés à développer leur culture. Nous sommes dans un pays postcolonial où la culture russe avait la primauté sur d’autres langues. Bien sûr l’Ukraine est devenue indépendante, elle a sa propre langue et si cette nation, ce gouvernement proclame cette langue comme la langue officielle, ce qui est normal, cela ne veut pas dire que la langue russe ne se développe pas. Les russophones ont une liberté totale. Si vous regardez par exemple les journaux, 80 à 90% de la presse écrite est russophone en Ukraine et c’est la même chose pour les programmes à la télévision. De quoi parle-t-on alors ? Où est la persécution ?

Et comment expliquez-vous alors la décision du nouveau gouvernement de supprimer la langue russe ?
Ils n’ont pas décidé de supprimer la langue russe. Le gouvernement précédent avait donné des avantages à la langue russe et donc ce gouvernement a supprimé ces avantages en disant que cette langue devait être au même niveau que les langues des autres minorités en Ukraine.

Comment peut-on expliquer qu'on soit passé d'un mouvement à Kiev, à cette crise en Crimée ?
La Russie, le garant de nos frontières, celui qui disait qu’il était notre grand frère, a profité d’un moment où nous étions faibles pour nous attaquer et pour le moment nous sommes en train de nous unir pour aller de l’avant. L’Église gréco-catholique demande à chaque fidèle de prier, demande aux hommes de ne pas avoir peur d’aller se porter volontaire pour rejoindre les sections armées et l’Église dit aux prêtres gréco-catholiques qui sont en Crimée d’être très prudent, mais d’autre part, de ne pas avoir peur de continuer leur mission. C’est donc ce qu’on essaye de faire, on essaye d’être calmes mais aussi de nous préparer à une plus grande invasion.

Et justement concernant les fidèles gréco-catholiques, est-ce qu’ils craignent pour leur survie en Crimée ?
Non je ne crois pas. Si on parle de la Crimée, il faut que nous ayons peur non pas pour nous les chrétiens, mais pour les Tatars de Crimée. Ils ont déjà été déportés par Staline quand la Crimée appartenait à la Russie et aujourd’hui cela peut se répéter.

Donc vous pensez qu’ils ne sont pas en danger, même si un prêtre a été enlevé ?
Ce sont des milices qui ont enlevé ce prêtre et elles l’ont libéré peu après. Ça veut dire que ceci est une chose très grave.

Et donc les Églises d’Ukraine ont joué un rôle ensemble, pour rétablir la paix dans le pays, elles ont parlé d’une même voix. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Celles qui ont parlé d’une même voix au Maïdan à Kiev la capitale ukrainienne, continuent à parler d’une même voix. Mais nous attendons quelques paroles de paix, des paroles de protection pour les Ukrainiens, de la part du Patriarche de Russie. Et nous les attendons toujours. D’autre part, si on écoute les Églises de Russie, nous n’entendons rien de leur part contre la guerre, aucune de ces Églises, même l’Église catholique en Russie n’a rien dit.


Photo : une jeune Ukrainienne prie pour la paix dans son pays 

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