dimanche, 16 mars 2014
Les quelques clichés ou les fausses notes sur le Pape François
L'avalanche d'articles, d'émissions et de publications draine quelques clichés à propos du Pape François.
Max Weber, sociologue, parlerait "d'idéal type", d'un léger grossissement du trait, pour rendre compte d'une réalité aux contours pas si nettes et exactes, mais qui a toutefois le mérite de dégager certains aspects révélateurs.
Les petites phrases erronées qui se répètent finissent à la longue par composer, telles des notes de musiques, une petite partition, un refrain erroné qui devient une musique répétitive qui sonne faux. Avec le temps, ces petites déviations sont reprises en boucles, se cristallisent au point de devenir la vérité, une pseudo réalité.
- La foule a béni le nouveau Pape
Le Pape François a demandé à la foule, réunie sur la place Saint Pierre, de prier afin que Dieu le bénisse.
- François n'habite pas les appartements luxueux du Pape Benoît XVI.
Le Pape a expliqué qu'il voulait habiter à Sainte Marthe, non pas parce que les appartements pontificaux sont riches ( en marbre ou en or - car ils sont simples), mais parce qu'il ne peut pas vivre seul, pour une raison "psychiatrique". Il aime vivre avec les personnes. C'est son caractère.
- François est ouvert pour l'ordination sacerdotale des femmes et prévoit des femmes cardinaux.
Le Pape est viscéralement anticlérical. Dans l'avion du retour des JMJ de Rio, il a partagé le même avis que le futur saint Jean Paul II: l'Eglise n'a pas le pouvoir d'ordonner des femmes. Cette doctrine est définitive. Quant aux femmes cardinaux, il n'y a jamais songé, c'est un mythe. Pour le Pape, cléricaliser les laïcs et laïciser les prêtres est une lutte mortifère. Le Pape a choisi une femme pour gérer les finances du Vatican, une femme avocat.
- François est un Pape de gauche.
Lors de sa magnifique rencontre avec les journalistes qui ont couvert le Conclave, le souverain pontife a expliqué que l'Eglise ne fait pas de politique. Le défi consiste à poser un regard de foi sur la vie de l'Eglise.
Le Père Bergoglio n'a jamais partagé les idées de la théologie de la libération et n'a jamais été communiste; cela lui a valu une certaine mise à l'écart dans l'ordre des Jésuites; il a par contre cultivé l'amitié avec des personnes communistes Enfin, sa phrase clef "l'Eglise n'est pas une ONG" révèle clairement l'aspect non politique de son engagement. Il veut réformer les âmes, les personnes, et pas beaucoup les structures.
- Homosexualité: Qui suis-je pour juger ?
Cette phrase a permis au Pape de faire la une d'un journal homosexuel américain. La citation exacte: "si une personne homosexuelle lutte pour suivre le Seigneur, qui suis-je pour juger ?" Cette phrase n'est que l'enseignement classique de l'Eglise sur l'homosexualité. La lettre du Cardinal Ratzinger, de la congrégation de la doctrine de la foi, va exactement dans ce sens.
Pour le mariage entre personnes de même sexe, le Cardinal Beroglio s'est opposé franchement au gouvernement argentin avec des mots très fermes, allant jusqu'à parler d'une tentation "diabolique" de se prendre pour Dieu, pour le Créateur.
- François est humble.
Il est, aussi, humble. Car toutes les personnes qui connaissent le Pape émérite s'accorde pour dire qu'une des toutes grande qualité de Joseph Ratzinger, de Benoît XVI, est précisément l'humilité. Le Pape François lui a remis une icône de la Vierge de l'humilité.
- François a révolutionné l'Eglise catholique.
Le Pape est un génie de la communication. Il allie la parole aux gestes. Son visage, ses expressions, ses émotions, notamment face à la souffrance, donnent énormément d'empathie; tout communique chez lui. Il est totalement sincère, vrai, transparent. Le Pape François possède le don des langues, savoir dire la Vérité, mais autrement.
En ce sens, il a notablement changé la perception médiatique de l'Eglise catholique. La communication fait partie intégrante de la Vérité. En ce sens, la doctrine de l'Eglise n'a pas changé d'un iota, mais elle est rendu plus accessible au plus grand nombre. C'est une authentique grâce de l'Esprit Saint. François est toutefois catholique; il rend ce nom, trop souvent décrié, véritablement attractif et sympathique.
- François est presque l'opposé de Benoît XVI.
La culture, le style et la personnalité des deux Papes sont clairement différents, mais pas opposés. En 2005, le Cardinal Bergoglio fut l'un des grands électeurs du Cardinal Ratzinger. Il a fait comprendre à ses frères cardinaux que les votes devaient se porter sur Joseph Ratzinger, personnalité timide, mais homme tendre, doux et fort pour entreprendre une purification interne de l'Eglise catholique.
Lune des priorités du Pape Benoît XVI fut l'oecuménisme. Il s'est rapproché des orthodoxes, a signé des textes communs avec les réformés, a ouvert un ordinariat pour les anglicans, et tenter de rapprocher Ecône, la FSSPX, de l'Eglise. Ce dernier point lui valut d'énormes critiques alors que son rôle était de tout faire pour restaurer l'Unité. Les milieux traditionalistes ont beaucoup récupéré le Pape au point de le déformer.
Le Pape François voue une véritable admiration à Benoît XVI; il le voit souvent (parfois sans prévenir) sollicite ses conseils et le considère comme l'homme sage et expérimenté au Vatican. Il y a une filiation spirituelle de Benoît XVI envers le Pape François.
- François est très doux
Joseph Ratzinger parlait avec la précision d'une horloge suisse, le génie harmonieux d'un Mozart et la poésie des plus grands Pères de l'Eglise. Ceux qui connaissent Joseph Ratzinger connaissent son extrême délicatesse et sa douceur. Benoît XVI est très doux !
Le Pape François est plus "brutal" et peut se montrer très direct; il ne se gêne pas de parler passablement du démon, du diable, qui est un être spirituel. Tout comme Jean-Paul II et le Pape émérite, il insiste beaucoup sur la divine Miséricorde, sur le sacrement du pardon et de la confession. Par contre, la tendresse est sans aucun doute une des clefs du pontificat du Pape François. Jean Paul disait: N'ayez pas peur, François renchérit: n'ayez pas peur de la tendresse !
Le Pape François rend sans aucun doute plus visible, par ses gestes et ses expressions, la tendresse de l'Eglise et la bonté de la Divine Miséricorde. Dieu ne se fatigue jamais de pardonner.
Il est permis de se demander si le monde fascinant des médias fonctionnent ou carburent à la vérité, ou si l'effet François permet de produire beaucoup, afin de mieux vendre un Pape qui risque parfois d'être un simple produit médiatique, qui par définition est fragile. Un tweet maladroit et tout peut tomber.
Des petits rien peuvent casser une image médiatique construite sur une si brève durée. Lorsque le Pape devra prendre certaines décisions, notamment suite aux Synodes sur la famille, l'impopularité pourrait être subitement au rendez-vous. La famille concentre bien des sujets très polémiques (contraception, divorce, homosexualité, procréation, avortement.... tout des thèmes conflictuels, dans l'arène médiatique qui n'est pas neutre)
Le tweet humble, lucide, discret et priant du Pape pour son premier anniversaire laisse entrevoir la grandeur du Pape François: "priez pour moi". Plein de reconnaissance et de gratitude pour son élection, prions pour lui, sans oublier la Sainte Vierge qu'il vénère tel un enfant.
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