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vendredi, 26 juillet 2013

Le Pape a pleuré à Rio

Le Père Federico Lombardi a raconté qu'à l'entrée de la chapelle de la Favelas, le Pape François a ressenti des nobles et profondes émotions au point de pleurer, d'éclater en sanglots.  

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Le Figaro, visite d'une Favelas

Rio de Janeiro (Brésil) - le 26/07/2013 à 15:08:00 Agence I.Media
Les larmes du pape François dans la favela de Varginha (Billet).

A son arrivée dans la favela de Varginha, le pape François a été accueilli comme le Christ sauveur. Pour sa venue, on a goudronné le chemin de terre qui traverse le petit quartier pauvre coincé entre deux canaux venus de l’océan et qui charrient une eau boueuse. Gendarmes et gardes suisses qui encadrent le pape sont débordés. Avec presque autant de policiers que d’habitants, le petit quartier est malgré tout à la fête. Les maisons inachevées sont décorées, et les gardes du corps sont soucieux des surprises que peut leur faire leur protégé, à tout moment. 


© I.MEDIA

Sur un pilier de béton, une plaque métallique de travers indique l’entrée de la rue Carlos Chagas, un célèbre médecin brésilien. Mais le médecin des âmes est arrivé et, à côté du curé et d’une Missionnaire de la Charité sous leur parapluie, les petites gens de la favela exultent. Il y a du monde à chaque fenêtre, sur le toit de chaque maison, et même sur le pas de la porte de la bâtisse qui abrite les pentecôtistes de l’Assemblée de Dieu. Le commandant de la Gendarmerie vaticane demande au pape s’il veut enlever la couronne de fleurs que vient à peine de lui remettre la religieuse. Il refuse gentiment.

Avant d’entrer dans la toute petite chapelle dont il va bénir l’autel, le pape François se dirige vers un groupe d’enfants. Plusieurs petits se collent à lui et l’entourent de leur bras. Le pape distribue des baisers et des caresses, quelques paroles de réconfort. Il arbore un immense sourire. Dans la minuscule chapelle, il passe soudain du rire aux larmes. Immobile alors que tout s’agite autour de lui, les mains jointes et la tête baissée, il offre à Dieu tout ce qu’il vient de voir… tous ceux qu’il vient de voir.

Lorsqu’il fait un signe de croix et relève la tête, le pape François a les yeux emplis de larmes. Le solide Argentin de 76 ans pleure comme un gosse devant la souffrance du monde et semble redire, comme deux semaines plus tôt sur l’île de Lampedusa, que “nous sommes une société qui a oublié l’expérience des pleurs, du ‘souffrir avec’ : la mondialisation de l’indifférence nous a ôté la capacité de pleurer !“

Incitation à la “pagaille“

Quelques dizaines de minutes plus tard, après avoir parcouru la rue principale de la favela de Varginha et prié avec une famille dans sa maison, le pape François va fustiger cette indifférence mondialisée dans un discours tenu sur le terrain de foot boueux de la petite communauté. “Personne ne peut rester insensible aux inégalités qu’il y a encore dans le monde !“, lance le pape avant d’inviter “chacun, selon ses possibilités et ses responsabilités“, à “offrir sa contribution pour mettre fin à beaucoup d’injustices sociales“. Et le pape de marteler le mot “solidarité !“ Sous la pluie, le public essentiellement composé de femmes et d’enfants applaudit.

Au Brésil, le pape François est venu verser les mêmes larmes qu’à Lampedusa, où débarquent quotidiennement du continent africain des candidats à l’immigration. Il est venu hausser le ton contre l’indifférence généralisée. Il est également venu proposer une petite révolution à l’Eglise. Francisco l’a d’ailleurs confié sans ambiguïté à ses jeunes compatriotes au sortir de la favela. “Qu’est-ce que je souhaite comme conséquence de la Journée de la jeunesse ? Je veux de la pagaille“, a lancé le pape aux jeunes Argentins réunis dans la cathédrale Saint-Sébastien. “Ce qui se passe à Rio va mettre la pagaille“, a-t-il ouvertement souhaité en demandant aux jeunes et à l’Eglise, une nouvelle fois, de sortir dans la rue, de se débarrasser de la mondanité et du cléricalisme, de tout ce qui renferme les fidèles sur eux-mêmes. Les larmes ne coulent pas toujours en silence.

A Rio de Janeiro, Antoine-Marie Izoard, I.MEDIA

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