vendredi, 21 juin 2013
"J'aime": les 100 jours du Pape François
Antoine-Marie Izoard (I.Media)
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Le Conclave du mois de mars 2013, qui a élu le Cardinal Bergoglio, fut un moment de grâce, que Dieu a préparé comme en secret pour nous donner, ainsi qu' au monde et à l'Eglise, un véritable cadeau.
Un Conclave placé sous la protection de Saint Joseph
Sans trahir de secret, les Cardinaux ont parlé de signes surnaturels reçus pour élire ce Cardinal, plus très jeune, venu du bout du monde. L'effet de la grâce est presque tangible: la fréquentation des audiences du mercredi s'est multipliée par quatre ( 25 000 à 100 000 ) alors que le compte de Twitter @Pontifex a grimpé de 2 millions à 7 millions. Bien d'avantage: le nombre de confessions sont en augmentation.
Ce Pape est un communicateur phénoménal, qui parle le langage de l'Evangile presque sans aucune glose. Lors des bains de foules ou dans ses gestes, on entrevoit, avec les yeux de la foi, le Christ passant au milieu de son peuple.
Des petites formules résument ces 100 jours: "Bonjour", "bon appétit", l'Eglise n'est pas une ONG", ni "une baby siter", mais "une mère". Les prêtres sont invités à être "des Bons Pasteurs" des 99 brebis loin de l'Eglise et pas "des coiffeurs" d'une seule et unique brebis. Aux religieuses: "soyez des mères de tendresses et pas des vieilles filles".
Le pardon, la divine Miséricorde, la vie concrète, l'évangélisation des périphéries, de tous et pour tous en commençant par les pauvres sont les axes porteurs de ce Pasteur. Peut-être a t'on oublié: "on ne peut pas rencontrer le Christ en dehors de l'Eglise". Souvenons-nous enfin que le bienheureux Jean Paul II avait également constitué une commission de Cardinaux pour une réforme de la Curie.
L'Eglise est la famille de Jésus, pas la structure d'une ONG
Aux financiers, mais aussi aux acteurs du financement de la pastorale, l'évêque de Rome précise que la personne humaine est au centre de l'économie. Pas certains que les créateurs des structures ecclésiastiques souvent parallèles au droit canon, parfois plus adeptes des commissions, des comités, des dossiers, des photocopies, des rapports, des évaluations et des réunions autour des tables, aient pris toute la mesure de la profondeur révolutionnaire du message qui se cache dans ces propos simples et remplis d'humour.
Trois points, qui sont autant de précisions:
Joseph Ratzinger: le premier François
Joseph Ratzinger est le premier qui a voulu, désiré et engendré ce changement et qui, depuis son monastère, réfugié dans la prière, se réjouit de ce nouvel effet du pape François.
Saint François d'Assise avait épousé dame pauvreté par un total dépouillement. Le premier François fut Benoît XVI; dans sa renonciation historique il s'est dépossédé et dépouillé du "pouvoir" de la papauté.
Le 11 février, Joseph Ratzinger est entré définitivement dans l'histoire de l'Eglise. Dans 500 ans, cette date sera comme le point de départ pour commenter ensuite son oeuvre de restauration accomplie fidèlement, depuis son ordination sacerdotale. Il ne s'est pas servi lui-même, mais a pensé à toute l'Eglise qu'il n'a eu cesse de servir durant plus de 60 années:
"Aimer l'Eglise", a-t-il dit, c'est "avoir le courage de faire des choix difficiles et dans l'angoisse, en ayant toujours à l'esprit le bien de l'Eglise et pas soi-même".
La véritable pauvreté: aimer Dieu et son prochain
Le Pape François n'a pas voulu habiter dans les appartements pontificaux mais à le Maison Sainte Marthe, cependant non pas par un esprit de pauvreté évangélique, mais par une nécessité vitale. Bergoglio a donné lui-même son explication aux jeunes enfants:
question: "Pourquoi avez-vous — as-tu — renoncé à toutes les richesses d’un Pape, comme un appartement luxueux, ou une grosse voiture, et pourquoi as-tu préféré aller habiter dans un petit appartement tout proche, ou prendre l’autobus des évêques ? Pourquoi as-tu renoncé à la richesse ?"
François: "Mais je crois que ce n’est pas seulement une question de richesse. Pour moi, c’est une question de personnalité : c’est cela. J’ai besoin de vivre parmi les personnes, et si je vivais seul, peut-être un peu isolé, cela ne me ferait pas du bien. Un professeur m’a posé la même question : « Mais pourquoi n’allez-vous pas habiter là-bas ? ». J’ai répondu : « Écoutez professeur, pour des raisons psychologiques ». C’est ma personnalité. Même l’appartement, [du Palais pontifical] il n’est pas très luxueux, rassure-toi"…
Evêque de Rome: présider à la Charité
Pape ou évêque de Rome sont deux vocables synonymes. Dès ses premiers mots au balcon, le nouvel évêque de Rome a rappelé que cette Eglise, selon les Pères de l'Eglise, préside à la Charité de toutes les Eglises. Rome donne un autre éclairage du mystère de Pierre, le doux vicaire du Christ sur la terre.
Au fond, les principales analyses, qui abaissent l'un pour exalter l'autre, sont d'avantage papolâtres que la majorité des catholiques. Car le contraste entre les deux Papes est tout simplement et artificiellement entretenu.
Au-delà de la différence de style et de personnalité, un catholique ne suis pas le Saint Père parce que c'est lui, mais parce que le Vicaire du Christ parle du Messie, Jésus de Nazareth, le Fils de Dieu. Dieu est la source de notre foi, de notre joie, Lui qui nous invite en retour à aimer le Pape, comme notre prochain, cette boussole qui nous amène vers Lui.
C'est vrai, Dieu merci ! ce Pape François est un sacré phénomène ! et je suis fan ! Sans hésitation je clique: "J'aime":
15:48 | Lien permanent | Commentaires (4) | | |
Commentaires
Sauf votre respect, votre enthousiasme me paraît aussi superficiel qu'un clic j'aime sur Facebook. On ne sait encore rien des décisions de gouvernement et de l'enseignement proprement magistériel de ce pape, qui a ses côtés sympathiques et qui aime se confier de gauche et de droite, mais qui reste un mystère indéchiffrable, si on ne veut pas se contenter d'extrapoler. Après Benoît XVI, le choc de la substance, dans les homélies, les catéchèses, la liturgie, est quand meme assez grand...
Écrit par : Ph.Martin | vendredi, 21 juin 2013
Mon Père,
J'apprécie tout particulièrement votre souci de nous rappeler souvent que l'Eglise ne commence pas avec notre Pape François et de souligner ce qui l'unit à son prédécesseur. Permettez-moi de relever une phrase de votre article: "Le 11 février, Benoît XVI est entré dans l'histoire". Je crois que la formule nous laisse croire que Benoît XVI est entré dans l'histoire quand il en est sorti, ce qui serait terriblement injuste à son égard et je vous vois mal penser une chose semblable.
Avec mes sentiments respectueux et cordiaux.
Écrit par : mcm | vendredi, 21 juin 2013
Oui, en effet, cette formule laisse entendre que Benoît XVI serait entré dans l'histoire que par sa renonciation. Je n'ai pas voulu penser ainsi, comme vous l'écrivez.
Cette renonciation n'est que la manifestation de son humilité, de ses 60 ans de service sacerdotale pour les fidèles, pour l'Eglise et la vérité. C'est à partir de cette date que l'on pourra remonter le fil de ces longues et fidèles années. Avec les siècles qui passeront, on aura quand même ce fait inédit qui marquera l'histoire de l'Eglise. Ce sera le point d'accroche pour souligner les actes de cet homme d'Eglise.
Merci de m'avoir rendu attentif.
Pour préciser le fond de ma pensée, si Jean Paul II fut scandé comme "santo subito", je suis en faveur de "santo illico" pour Joseph Ratzinger, Benoît XVI, de son vivant, car on est saint lorsque l'on vit, ou l'on ne le sera jamais.
Je lis en ce moment les Opera omnia, le volume 11 sur la liturgie. Proprement édifiant! Le petit Mozart de la théologie !
Écrit par : Don Dom | vendredi, 21 juin 2013
Ce n'est pas superficiel, mais le fruit de ma prière et de ma réflexion.
Je fus totalement supris par ce choix, je ne connaissais même pas le nom du Cardinal Bergoglio, dont je n'avais jamais entendu parler. Des amis romains m'ont en parlé après coup. Je pensais toutefois que le Pape viendrait du continent américain.
Après la surprise de son élection, j'ai suivi notre Pape, écouté ces homélies, lu ces propos.
Pour ne rien vous cacher, au début, je n'ai pas beaucoup apprécié le changement de style liturgique, si cher à Benoît XVI; mais un Pape ne peut pas avoir toutes les qualités.
La spiritualité jésuite insiste beaucoup sur l'écoute, la décision puis l'action. Le Saint-Père en est à la première étape. Je n'ai aucun doute pour la suite. La foi en l'Eglise fait partie intégrante de la foi en Dieu. L'Eglise ne peut pas nous tromper. Cela provient de l'unité de l'acte de foi.
L'Eglise, ce n'est pas que le Pape, même si c'est le vicaire du Christ le plus visible.
Pour le reste, j'ai parlé d'un nuage de fumée médiatique. Autant Benoît XVI fut "tordu" par le courant de pensée traditionaliste, autant notre Pape n'est pas médiatisé pour ce qu'il est. C'est le filtre médiatique qui produit ses effets. Cela fait partie de la communication, d'où l'importance de comprendre le fonctionnement des médias. Nous ne sommes pas à côté du Pape, mais percevons ce qu'il fait, pense et dit par tous les moyens de communication. Jamais facile de discerner, de saisir, car nous sommes limités et fragiles.
Aussi, confiance et prudence dans certaines comparaisons.
Écrit par : Don Dom | vendredi, 21 juin 2013
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