Dialogue avec le pape François, première question et réponse
« La vérité chrétienne est attirante et persuasive parce qu’elle répond au besoin profond de l’existence humaine, en annonçant de manière convaincante que le Christ est l’unique Sauveur de tout l’homme et de tous les hommes ». Saint-Père, ces paroles, qui sont les vôtres, nous ont touchés profondément : elles expriment de manière directe et radicale l’expérience que chacun de nous désire vivre, surtout en cette Année de la foi et au cours de ce pèlerinage qui nous amène ici ce soir. Nous sommes devant vous pour renouveler notre foi, pour la confirmer, pour la fortifier. Nous savons que la foi n’est pas donnée une fois pour toutes. Comme le disait Benoît XVI dans Porta fidei : « la foi n’est pas un présupposé évident ». Cette affirmation ne concerne pas seulement le monde, les autres, la tradition de laquelle nous venons : elle concerne avant tout chacun de nous. Trop souvent nous nous rendons compte combien la foi est un germe de nouveauté, un début de changement, mais elle peine à investir la totalité de notre vie. Elle ne devient pas l’origine de toute notre connaissance et de tout notre agir. Sainteté, comment avez-vous pu trouver dans votre vie la certitude de la foi ? Et quelle route nous indiquez-vous pour que chacun de nous puisse vaincre la fragilité de sa foi ?
Bonsoir à tous !
Je suis content de vous rencontrer et que nous puissions nous retrouver tous ensemble sur cette place pour prier, pour être unis et pour attendre le don de l’Esprit. Je connaissais vos questions et j’y ai réfléchi - et donc, ce papier, j’en avais pris connaissance ! D’abord, la vérité ! Je les ai là, écrites -. La première : « Comment avez-vous pu trouver la certitude de la foi dans votre vie, et quelle route nous indiquez-vous pour que chacun de nous puisse vaincre la fragilité de sa foi ? ». C’est une question historique, parce que cela concerne mon histoire, l’histoire de ma vie !
J’ai eu la grâce de grandir dans une famille où la foi se vivait de manière très simple et concrète ; mais c’est surtout ma grand-mère, la maman de mon père, qui a marqué mon chemin de foi. C’était une femme qui nous expliquait, qui nous parlait de Jésus, elle nous enseignait le catéchisme. Je me souviens que le Vendredi Saint, elle nous emmenait toujours, le soir, à la procession aux flambeaux, et à la fin de cette procession, quand arrivait le « Christ gisant », ma grand-mère nous faisait agenouiller, nous les enfants, et nous disait « Regardez, il est mort, mais demain il ressuscitera ». C’est justement de cette femme, de ma grand-mère que j’ai reçu la première annonce de la foi ! C’est très beau, ceci ! La première annonce, à la maison, en famille ! Et cela me fait penser à l’amour de tant de mamans et de tant de grands-mères dans la transmission de la foi. C’est elles qui transmettent la foi. C’est ce qui se passait aussi dans les premiers temps, parce que saint Paul disait à Timothée : « J’évoque le souvenir de ta mère et de ta grand-mère » (cf. 2 Tm 1, 5). Toutes les mamans qui sont ici, toutes les grands-mères, pensez à cela !
Transmettre la foi. Parce que Dieu met à nos côtés des personnes qui nous aident sur notre chemin de foi. . Nous ne trouvons pas la foi dans les choses abstraites, non ! C’est toujours une personne qui prêche, qui nous dit qui est Jésus, qui nous transmet la foi, nous donne la première annonce. Et c’est donc la première expérience de foi que j’ai faite. Mais il y a un jour très important pour moi : le 21 septembre 1953. J’avais presque 17 ans. C’était la « Journée de l’étudiant », pour nous c’est le premier jour du printemps (mais chez vous, c’est celui de l’automne). Avant de me rendre à cette fête, je suis passé à la paroisse où j’avais l’habitude d’aller, j’ai trouvé un prêtre que je ne connaissais pas et j’ai senti le besoin de me confesser. Cela a été pour moi l’expérience d’une rencontre : j’ai trouvé que quelqu’un m’attendait. Mais je ne sais pas ce qui s’est passé, je ne m’en souviens pas, je ne sais vraiment pas pourquoi il y avait ce prêtre, là, qui n’attendait pas depuis longtemps. Après la confession, j’ai senti que quelque chose était changé. Je n’étais pas le même. J’avais entendu comme une voix, un appel : j’étais convaincu que je devais devenir prêtre. Cette expérience de foi est importante.
Nous disons que nous devons chercher Dieu, aller vers lui pour lui demander pardon, mais quand nous y allons, il nous attend. Lui le premier ! Chez nous, en espagnol, nous avons un mot qui explique bien ceci : « Le Seigneur nous primerea toujours », il est premier, il nous attend ! Et c’est vraiment une très grande grâce : trouver quelqu’un qui t’attend. Tu y vas, en pécheur, mais lui t’attendait pour te pardonner. C’est l’expérience que les prophètes d’Israël décrivaient quand ils disaient que le Seigneur est comme la fleur d’amandier, la première fleur du printemps (cf. Jr 1, 11-12). Avant que les autres fleurs ne viennent, il est là : c’est lui, il t’attend. Le Seigneur nous attend. Et quand nous le cherchons, nous trouvons cette réalité : c’est lui qui nous attend pour nous accueillir, pour nous donner son amour. Et c’est une telle stupeur dans ton cœur que tu as du mal à y croire, et c’est comme cela que la foi grandit ! Par la rencontre avec une personne, par une rencontre avec le Seigneur. On pourra dire : « Non, moi, je préfère étudier la foi dans les livres ! ». C’est important de l’étudier, mais attention, cela ne suffit pas !
L’important, c’est la rencontre avec Jésus, la rencontre avec lui, et cela te donne la foi, parce que c’est précisément lui qui te la donne ! Vous parliez aussi de la fragilité de la foi, comment faire pour la vaincre. Le plus grand ennemi de la fragilité -c’est curieux, hein ! - c’est la peur. Mais n’ayez pas peur ! Nous sommes fragiles, et nous le savons. Mais lui, il est plus fort ! Si tu vas avec lui, il n’y a pas de problème ! Un enfant est très fragile - j’en ai vu beaucoup aujourd’hui – mais il était avec son papa, avec sa maman : il est en sécurité ! Avec le Seigneur, nous sommes sûrs. La foi grandit avec le Seigneur, justement de la main du Seigneur ; cela nous fait grandir et nous rend forts. Mais si nous croyons pouvoir nous débrouiller tout seuls… Pensons à ce qui est arrivé à Pierre : « Seigneur, je ne te renierai jamais ! » (cf. Mt 26, 33-35) ; et ensuite, le coq a chanté et il l’avait renié trois fois ! (cf. vv. 69-75).
Réfléchissons : quand nous avons trop confiance en nous-mêmes, nous sommes plus fragiles, plus fragiles. Toujours avec le Seigneur ! Et quand on dit « avec le Seigneur », cela signifie avec l’Eucharistie, avec la Bible, avec la prière… mais aussi en famille, avec notre maman, avec elle aussi, parce c’est elle qui nous amène au Seigneur : elle est notre mère, elle sait tout. Et donc prier aussi la Vierge Marie et lui demander, comme à une maman, qu’elle me rende fort. Voilà ce que je pense de la fragilité, c’est en tous cas mon expérience. Ce qui me rend fort, chaque jour, c’est de prier le chapelet avec la Vierge Marie. Je sens une force très grande parce que je vais à elle et je me sens fort.
Traduction d'Hélène Ginabat
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