mercredi, 22 mai 2013
Le Cardinal de Paris s'exprime sur le violent suicide de Dominique Venner
Ecouter les premières minutes sur KTO, veillée de prière pour la vie.
Une messe a été célébrée en réparation de cet acte effroyable, de ce suicide absurde et sans aucune justification, afin que le Corps et le Sang du Christ purifie la cathédrale, tout comme le coeur de l'auteur de cet acte violent, choquant et blessant.
De ce suicide déraisonnable, incapable de faire progresser les idées, d'engendrer la vie et l'espérance, a jailli du sang, et ceci en plein coeur de cet espace sacré de l'autel de la cathédrale. Le suicide est un acte personnel, qui se produit la plupart du temps à cause de la maladie, comme celle de la dépression. Aucun coupable, aucunes idées sensées ne sauraient être désignés comme responsable de cet acte négateur.
Prions pour la conversion de ce "penseur", pour sa conversion ultime, pour sa famille et ses amis. Comme l'espérait le saint Curé d'Ars, pour un homme qui avait sauté dans une rivière pour se suicider: entre le pont et l'eau, il a eu le temps de demander pardon et de se convertir. Dieu est Miséricorde et Pardon.
Propos du Cardinal
Evidemment nous ne pouvons pas entrer dans cette veillée de prière sans faire mémoire de l’événement qui s’est déroulé aujourd’hui même ici dans cette cathédrale, où un homme s’est suicidé, pensant par là, par cet acte de violence, faire progresser ses convictions et ses idées dans le monde.
Nous avons purifié la cathédrale par la célébration de l’eucharistie du Corps et du Sang du Christ. Mais plus que la cathédrale, ce sont nos cœurs qu’il faut purifier. C’est de nos cœurs qu’il faut chasser la violence. Jamais aucune violence d’aucune sorte, qu’elle soit physique ou verbale, qu’elle touche l’enfant innocent qui est appelé à naître, ou le vieillard abandonné que l’on veut faire mourir, qu’elle frappe nos adversaires, ou qu’elle nous frappe nous mêmes, jamais aucune violence ne fait progresser l’être humain dans la connaissance de ce qui est bon et dans la volonté de le faire. Jamais aucune violence ne fait progresser l’amour. La violence ne produit que la violence et que la mort.
La dernière lettre de Dominique Venner.
Je suis sain de corps et d’esprit, et suis comblé d’amour par ma femme et mes enfants. J’aime la vie et n’attend rien au-delà, sinon la perpétuation de ma race et de mon esprit. Pourtant, au soir de cette vie, devant des périls immenses pour ma patrie française et européenne, je me sens le devoir d’agir tant que j’en ai encore la force. Je crois nécessaire de me sacrifier pour rompre la léthargie qui nous accable. J’offre ce qui me reste de vie dans une intention de protestation et de fondation. Je choisis un lieu hautement symbolique, la cathédrale Notre-Dame de Paris que je respecte et admire, elle qui fut édifiée par le génie de mes aïeux sur des lieux de cultes plus anciens, rappelant nos origines immémoriales.
Alors que tant d’hommes se font les esclaves de leur vie, mon geste incarne une éthique de la volonté. Je me donne la mort afin de réveiller les consciences assoupies. Je m’insurge contre la fatalité. Je m’insurge contre les poisons de l’âme et contre les désirs individuels envahissants qui détruisent nos ancrages identitaires et notamment la famille, socle intime de notre civilisation multimillénaire. Alors que je défends l’identité de tous les peuples chez eux, je m’insurge aussi contre le crime visant au remplacement de nos populations.
Le discours dominant ne pouvant sortir de ses ambiguïtés toxiques, il appartient aux Européens d’en tirer les conséquences. À défaut de posséder une religion identitaire à laquelle nous amarrer, nous avons en partage depuis Homère une mémoire propre, dépôt de toutes les valeurs sur lesquelles refonder notre future renaissance en rupture avec la métaphysique de l’illimité, source néfaste de toutes les dérives modernes.
Je demande pardon par avance à tous ceux que ma mort fera souffrir, et d’abord à ma femme, à mes enfants et petits-enfants, ainsi qu’à mes amis et fidèles. Mais, une fois estompé le choc de la douleur, je ne doute pas que les uns et les autres comprendront le sens de mon geste et transcenderont leur peine en fierté. Je souhaite que ceux-là se concertent pour durer. Ils trouveront dans mes écrits récents la préfiguration et l’explication de mon geste.
11:22 | Lien permanent | Commentaires (4) | | |
Commentaires
"toutes les valeurs sur lesquelles refonder notre future renaissance en rupture avec la métaphysique de l’illimité" : c'est un discours inspiré d'Heidegger, et de même tonneau que le paganisme nazi. Voilà où mène la peur des espaces infinis, comme dirait Pascal, et le désir morbide de limites.
Écrit par : Alina Reyes | mercredi, 22 mai 2013
Ces idées racistes mènent à la mort. Je partage votre avis. Merci
Écrit par : Don Dom | mercredi, 22 mai 2013
Le suicide de Dominique Venner provoque des réactions variées dans la "cathosphère". Une de plus dira-t-on, en me lisant ? Certes ... Mais puisqu'il était historien, et que je suis historienne, j'avoue éprouver envers cet homme une certaine empathie qui m'amène à me poser des questions. D'aucuns diront que l'empathie obstrue le jugement... en ce cas, il me faudrait aussi ne plus être femme et encore moins laïque consacrée. Sur l'empathie et la connaissance, que mes éventuels détracteurs lisent donc Edith Stein, on en reparlera ensuite.
Ceci posé, revenons au sujet. Le suicide en soi, pour en avoir disons, une certaine expérience, est un acte profondément déstabilisant, dans la mesure où il renvoie l'entourage de la personne qui commet cet acte à un questionnement, une culpabilité, tant l'acte en lui-même est contre-nature. L'acte est terrible, choquant, déstabilisant.
Dominique Venner a accompli cet acte dans un lieu sacré qu'il a profané. Mes mots ne sont pas excessifs, puisqu'une messe a été dite en réparation de l'acte commis devant l'autel cathédrale où l'évêque célèbre le Saint Sacrifice. Aucun sacrifice de soi ne saurait remplacer le divin sacrifice. En ce sens, l'acte accompli blesse le culte catholique et atteint profondément les catholiques.
Mais aujourd'hui qui donc dans l'univers catholique essaie d'expliquer, d'exprimer le sens même du sacrifice de Jésus-Christ, voire même le sens du sacrifice de soi ? D'éminents théologiens auront certes la réponse toute prête. Je ne suis pas théologienne, je ne suis qu'historienne et Dominique Venner était historien.
Cet homme, profondément cultivé, se revendiquait païen et il était historien. À ce titre, il avait donc par sa connaissance du passé proche, la guerre d'Algérie qu'il a vécu dans toute son horreur, et dans la connaissance du passé lointain, une acuité, une lucidité sur les dangers actuels et futurs qui devait être insoutenable. Je n'excuse pas son geste, j'essaie d'exposer le drame d'un historien païen. Je n'approuve pas les excès de la guerre d'Algérie que nous découvrons actuellement. Il y a certainement pris part, il en a vécu toutes les horreurs, je ne connais pas ses actes, comme membre de l'OAS, mais je connais un peu ce sujet. Je ne le juge pas, je ne suis pas Dieu. Je m'en tiens au métier d'historien qui expose les faits et tente de comprendre pourquoi un historien se tire une balle dans la tête devant l'autel de Notre Dame de Paris.
Le chrétien, il ne faudrait pas l'oublier, est le dépositaire d'une formidable espérance : celle qu'en dépit du mal Christ a obtenu la victoire définitive. Cette foi, cette espérance et cette charité, c'est un don. Certains l'ont, d'autres non.
L'agnostique n'a pas cette espérance, ni cette lumière. Il la cherche avec sa raison, avec sa passion. Dominique Venner a mené cette quête intellectuelle sans la lumière de la foi. Sa quête d'historien ne veut pas être un défi, ou encore un affront envers les chrétiens, elle marque simplement qu'il lui manquait ce que les chrétiens possèdent. Il me semble alors que si le geste nous blesse, nous chrétiens, nous n'avons pas le droit de le blâmer, ni encore d'insulter son intelligence en l'affublant du titre de penseur, entre guillemets, comme je l'ai lu sur le blog d'un prêtre.
Un peu vite dit et jugé, à mon goût, surtout de la part d'un prêtre.
Écrit par : j'entendslelouplerenardetlabelette | mercredi, 22 mai 2013
Que pensez-vous de la Miséricorde ? Pensez vous que cela soit souhaiter trop peu ? De la part d'un prêtre qui prie pour lui ? Qui a reçu le pouvoir de pardonner les péchés ?
Que pensez-vous de cette phrase: mes écrits expliqueront mon geste ....
Écrit par : Don Dom | mercredi, 22 mai 2013
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