mardi, 19 février 2013
Andrea Tornielli, Saint Alfonse de Liguori et le Conclave de 1775
Alors que les grands titres médiatiques relèvent les noms des papapili, que nous parlons à tort et à travers, à tort ou à raison des intrigues de la Curie romaine, comme si seulement et uniquement la Curie connaissait la misère humaine et que nous en serions totalement exempte, Andrea Tornielli (vaticaniste La Stampa) reste lucide sur cette période historique que nous vivons ensemble.
Une barque qui coule
Durant son chemin de croix en 2005, Benoît XVI avait parlé en termes impressionnants et sévères de l'état de l'Eglise, décrite comme une barque qui coule, avec ses scandales, sa tiédeur, ses communions sans état de grâce, l'état de corruption de ceux qui devraient totalement appartenir au Seigneur * ... ; huit ans après, lors de sa dernière homélie publique, le Pape Benoît XVI a évoqué encore une Eglise divisée par les rivalités intérieures*.
Benoît XVI: Un pontificat purificateur
Le Pape a clairement conscience que le mal n'agit pas seulement hors de l'Eglise, mais bien en son sein. Son pontificat n'a pas eu peur des loups et a surtout, contre vent et marées intérieures, tenté de restaurer la foi et purifier toute l'Eglise de l'intérieur.
Aussi, Andrea Tornielli revient sur les propos d'un saint, le patron des moralistes Saint Alfonse de Liguori. A la mort de Clément XIV, le Cardinal Castelli demanda à l'évêque Alfonso de Liguori, son ami, une lettre qui puissent aider les électeurs du Conclave de 1775.
Extraits:
"Mon ami et Seigneur, en regard des sentiments que tu désires de ma part au sujet des affaires présentes de l'Eglise et de l'élection du Pape, les sentiments que je désire donner, moi misérable ignorant et de peu d'intelligence, quels sont-ils ?
Je dis qu' il y a seulement besoin de prière et de grandes prières, pendant que pour soulever l'Eglise de l'état de relâchement et confusion dans laquelle elle se trouve universellement dans toutes les classes, je ne peux pas donner toute la science et la prudence humaine, mais il y a besoin du bras tout puissant de Dieu.
Parmi les évêques, peu sont ceux qui ont un vrai zèle pour les âmes. Les communautés religieuses, presque toutes sont relâchées; de plus dans les affaires religieuses, dans la présente confusion des choses, la sainte observance manque et l'obéissance est perdue.
Dans le clergé séculier, c'est encore pire: face à ses flots, il y a une nécessité précise d'une réforme générale pour tous les ecclésiastiques, puis une réparation de la grande corruption des moeurs qui est présente chez les séculiers.
C'est pour cela qu'il faut prier Jésus Christ afin qu'il nous donne un chef de l'Eglise, pour lequel plus que de doctrine et de prudence, il soit doté d'un esprit et de zèle pour l'honneur de Dieu, et qu'il soit totalement détaché de tout partis et sans respect humain...
Par dessus tout, je désirerais que le Pape reconduise universellement tous les religieux à l'observance première et fondatrice de leurs instituts ...
Nous ne pouvons rien faire d'autres que prier le Seigneur afin qu'il nous donne un Pasteur plein de son Esprit, lequel sache rétablir ces choses dont j'ai à peine parlées, qui selon moi concourera à la gloire de Jésus Christ".
Traduction en substance du Suisse Romain
Prions pour qu'un grand saint succède à ces deux géants, le bienheureux Jean Paul II et Benoît XVI.
* 9ème station: chemin de croix, Joseph Ratzinger (2005)
MÉDITATION
Que peut nous dire la troisième chute de Jésus sous le poids de la croix ? Peut-être nous fait-elle penser plus généralement à la chute de l’homme, au fait que beaucoup s’éloignent du Christ, dans une dérive vers un sécularisme sans Dieu. Mais ne devons-nous pas penser également à ce que le Christ doit souffrir dans son Église elle-même ? Combien de fois abusons-nous du Saint-Sacrement de sa présence, dans quel coeur vide et mauvais entre-t-il souvent ! Combien de fois ne célébrons-nous que nous-mêmes, et ne prenons-nous même pas conscience de sa présence ! Combien de fois sa Parole est-elle déformée et galvaudée ! Quel manque de foi dans de très nombreuses théories, combien de paroles creuses ! Que de souillures dans l’Église, et particulièrement parmi ceux qui, dans le sacerdoce, devraient lui appartenir totalement ! Combien d’orgueil et d’autosuffisance ! Que de manques d’attention au sacrement de la réconciliation, où le Christ nous attend pour nous relever de nos chutes ! Tout cela est présent dans sa passion. La trahison des disciples, la réception indigne de son Corps et de son Sang sont certainement les plus grandes souffrances du Rédempteur, celles qui lui transpercent le coeur. Il ne nous reste plus qu’à lui adresser, du plus profond de notre âme, ce cri : Kyrie, eleison – Seigneur, sauve-nous (cf. Mt 8, 25).
PRIÈRE
Souvent, Seigneur, ton Église nous semble une barque prête à couler, une barque qui prend l’eau de toute part. Et dans ton champ, nous voyons plus d’ivraie que de bon grain. Les vêtements et le visage si sales de ton Église nous effraient. Mais c’est nous-mêmes qui les salissons ! C’est nous-mêmes qui te trahissons chaque fois, après toutes nos belles paroles et nos beaux gestes. Prends pitié de ton Église : en elle aussi, Adam chute toujours de nouveau. Par notre chute, nous te traînons à terre, et Satan s’en réjouit, parce qu’il espère que tu ne pourras plus te relever de cette chute ; il espère que toi, ayant été entraîné dans la chute de ton Église, tu resteras à terre, vaincu. Mais toi, tu te relèveras. Tu t’es relevé, tu es ressuscité et tu peux aussi nous relever. Sauve ton Église et sanctifie-la. Sauve-nous tous et sanctifie-nous.
* Dernière homélie du Pape, Mercredi des Cendres 2013
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