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dimanche, 11 mars 2012

Pour une nouvelle traduction liturgique en français

2779948302.jpgL'anglais

Je me souviens de la fin de mon séjour américain qui a vu la nouvelle (ancienne) traduction anglaise des textes de la Messe entrer en vigueur pour le 1er Dimanche de l'Avent 2011.

J'ai entendu tout récemment un évêque souriant du Canada ( francophone ) annoncer sur KTO un travail en vue de nouvelle traduction des textes liturgiques. 

Le Credo a ses limites

Jacques Maritain, avec Charles Journet (puis André Frossard) n'acceptaient pas, avec raison, la traduction du Credo, du "consubstantialem Patri" par même nature au lieu de même substance  pour approcher le mystère du Fils, mystère qui est si grand; il est bel et bien de la même substance (omoousios en grec) que le Père, et pas seulement et simplement de la même nature. En effet, deux personnes ont la même nature, mais ne sont pas consubstantiel, soit UN comme le Père et le Fils. L'anglais a simplement corrigé le "one in being" par "consubstantial". Le Fils est bel et bien consubstantiel au Père "Le Père et Moi nous sommes un". 

Des traductions bâclées

D'autres traductions furent le fruit d'un travail bâclé, bien trop rapide et superficiel, telle que la réponse  à la monition du prêtre lors de la Messe: "Prions ensemble au moment d'offrir le sacrifice de toute l'Eglise" avec "pour la gloire de Dieu et le salut du monde". Le latin dit tellement plus, comme l'italien du reste, sans oublier l'allemand: que le Seigneur reçoive le sacrifice de tes mains, pour la louange et la gloire de Son Nom, pour notre salut et pour le bien de toute Sa Sainte Eglise (je laisse le soin au connaisseur de me corriger). Nous pourrions prendre d'autres exemple d'inexactitudes. 

Espérer une nouvelle traduction en français

Il est hautement souhaitable que les fidèles de la Francophonie (Suisse romande, Belgique, Canada, France, et les grands pays africains etc...) se mettent ensemble pour travailler pacifiquement et loyalement en vue de réctifier les traductions liturgiques. 

Les tensions franco-françaises

Une polémique est, hélas ou évidemment, née en France, dont l'Homme Nouveau se fait simplement l'écho.

Site de Pro Litrugia de Denis Crouan.

Sous le titre « Traductions liturgiques : dix ans de désobéissance ? » l’Abbé Bernard Pellabeuf avait fait paraître dans « L’Homme Nouveau » (numéro de décembre 2011) un article argumenté traitant du problème épineux des textes contenus dans la version française actuelle du Missel romain :

« Dès leur parution, les traductions liturgiques en français ont fait l’objet de critiques bien argumentées, mais dont on n’a jamais tenu compte, pas plus que de «, Instruction parue il y a dix ans, qui fixait les normes à observer dans les traductions et demandait que soient révisées les traductions existantes qui ne suivaient pas ces normes.

Les diocèses français sont-ils encore de rite romain, et la foi exprimée par leur missel est-elle encore pleinement la foi catholique ? Le traducteur du missel romain en français est un faussaire, qui a très souvent inventé un autre texte que celui qu’il était censé traduire.

Ainsi il y a un refus constant d’affirmer la différence de nature entre le sacerdoce des fidèles et celui des prêtres, pourtant solennellement rappelée par le concile Vatican II. Ce refus est lié à une réduction de l’idée de sacrifice : le traducteur rend « victime » par « sacrifice », et « sacrifice » par « offrande », et ainsi de suite. Y a-t-il pour lui nécessité d’un sacrifice ? Sans doute pas, car on trouve une diminution du sens du péché : le mot au pluriel en latin passe au singulier en français, ce qui en fait une abstraction. L’allusion au péché originel, dans la quatrième Prière eucharistique, a disparu. D’ailleurs la Vierge Marie n’a pas été préservée du péché originel, mais seulement de ses séquelles (préface de l’Immaculée Conception), etc. [On pourrait aussi ajouter que le mot « âme » a disparu de nombreuses prières - n.d.l.r. -)

Bref, depuis quarante ans le peuple chrétien, et pas seulement dans les pays francophones, est privé d’une source féconde de méditations sur des thèmes centraux de la foi catholique et de la spiritualité romaine. 

Face à ce scandale l’Eglise a réagi dans « Liturgiam Authenticam », comme nous l’avons vu. Or tout l’establishment liturgiste de l’Eglise dite de France s’est dressé contre son application. « Si vous critiquez les traductions officielles, vous prenez vos distances par rapport à Paul VI ! C’est avec son mandat qu’elles ont été approuvées ! », s’est même écrié un jour un vétéran des réformes post-conciliaires. Mais les approbations données sous Paul VI l’ont été à la hâte, quand l’élaboration de textes liturgiques en langues vernaculaires n’avait fait l’objet d’aucune réflexion. Aujourd’hui l’Eglise peut édicter des normes.

Mais pourquoi nos liturgistes devraient-ils obéir au Pape ? Le texte latin qui nous fait prier [à la messe] pour « notre Pape et notre évêque », devient « le Pape et notre évêque » : la juridiction immédiate du Pape sur chacun des fidèles est mise entre parenthèses.


D’où vient donc cette opposition ? On peut avancer trois hypothèses, qui d’ailleurs se complètent.

D’abord il y a le fait que ces diminutions dans le texte français vont dans le même sens que les changements d’accents entre le nouveau missel et l’ancien. On a par exemple placé en semaine les oraisons parlant de péché et de pénitence, car le dimanche est le jour de la résurrection : pour la majorité des fidèles, il y a un manque. En français, ce changement de spiritualité a été alourdi.


Ensuite, en corollaire, la remise en question des traductions fautives montre l’état d’esprit des cercles liturgiques romains quand elles ont été approuvées : cet esprit était très semblable à celui qui a présidé à cette réforme, juste avant, ce qui conduit à s’interroger sur d’éventuelles faiblesses des produits de cette réforme. Or, si le sujet était tabou quand le nouveau missel était largement contesté, on sait qu’utilisé sans altération il est un authentique moyen de sanctification : on peut donc à présent se demander si la réforme accomplie était bien la meilleure possible.


Enfin si les traductions sont révisées au point de mériter leur nom de « traductions », plutôt que d’ « adaptations », le CNPL ne pourra plus exiger sur ses publications les droits d’auteurs, qui sont cinq fois supérieurs à ceux d’un traducteur. On cesserait donc de ponctionner les communautés catholiques au profit des revues de liturgistes qui prennent leurs distances avec des pans entiers de la foi catholique et de la spiritualité romaine. Et ce trafic est particulièrement odieux envers les communautés francophones des pays pauvres.


Cependant les nouvelles traductions en anglais ont été promulguées. Nos évêques se sont déjà penchés sur le « Pater » (« ne nous soumets pas… ») et le « Credo » (« consubstantiel »). Une commission secrète est-elle à l’œuvre pour le reste ? C’est à souhaiter, mais alors il faudrait en avertir le peuple chrétien, pour qu’il évite d’investir dans des missels qui seraient périmés à brève échéance. Sinon, nous sommes en présence d’une désobéissance caractérisée. »

Bien entendu, en montrant du doigt un vrai problème que l’épiscopat français s’est jusqu’ici employé à passer sous silence, l’Abbé Pellabeuf ne s’est pas fait que des amis. Ainsi, trois évêques se sont-ils crus obligés de réagir : Mgr Robert Le Gall, Archevêque de Toulouse et Président de la Commission épiscopale Francophone pour les Traductions liturgiques, Mgr Bernard-Nicolas Aubertin, Archevêque de Tours et Président de la Commission épiscopale pour la Liturgie et la Pastorale sacramentelle, et Mgr Philippe Gueneley, Evêque de Langres et Président de l’Association épiscopale liturgique pour les Pays francophones. Que de commissions Théodule !

Dans un long « droit de réponse » (voir ici), ces pasteurs diocésains tentent grosso modo de démontrer que l’actuelle expression française de la liturgie est correcte et ne saurait donc être l’objet d’une quelconque critique. Le plus piquant - pour ne pas dire le plus grotesque - est de lire sous la plume des trois évêques - réputés pour prendre et permettre de grandes libertés avec la liturgie de l’Eglise - que vouloir une plus grande conformité des textes français au textes latin, c’est s’inscrire dans l’ « herméneutique de discontinuité » dénoncée par Benoît XVI. Ah, comme nos pasteurs aiment citer Benoît XVI dont, par ailleurs, ils ne suivent aucun des enseignements concernant la liturgie !

Il y a beaucoup de citations pertinentes dans le « droit de réponse » de NN.SS. Le Gall, Aubertin et Gueneley. Sauf une. Ce qui est normal puisqu’elle plaiderait très fort en faveur de l’Abbé Pellabeuf... et non de l’épiscopat français ! Corrigeons donc cet oubli :

« Les Conférences épiscopales ont eu la lourde charge de préparer les traductions des livres liturgiques. Les nécessités du moment ont parfois conduit à utiliser des traductions provisoires, qui ont été approuvées ad interim. Mais le temps est venu de réfléchir à certaines difficultés éprouvées depuis, de remédier à certaines faiblesses ou inexactitudes, de compléter les traductions partielles, de créer ou d’approuver les chants à utiliser dans la liturgie, de veiller au respect des textes approuvés, de publier enfin des livres liturgiques dans un état qu’on peut considérer comme acquis durablement et dans une présentation qui soit digne des mystères célébrés. Pour le travail de traduction, mais aussi pour une concertation plus large à l’échelle du pays entier, les Conférences épiscopales devaient constituer une Commission nationale et s’assurer le concours de personnes expertes dans les différents secteurs de la science et de l’apostolat liturgique. Il convient de s’interroger sur le bilan, positif ou négatif, de cette Commission, sur les orientations et sur l’aide qu’elle a reçues de la Conférence des évêques dans sa composition ou son activité. » (Bx Jean-Paul II, Lettre apostolique Vicesimus quintus annus, n.20, 4 décembre 1988).

On lit bien : « on a utilisé des traductions approuvées ad interim... il faut remédier à certaines faiblesses ou inexactitudes.» L’Abbé Bernard Pellabeuf ne dit rien d’autre que ce que disait le Bx Jean Paul II.

Commentaires

On lit bien : « on a utilisé des traductions approuvées ad interim... il faut remédier à certaines faiblesses ou inexactitudes.» L’Abbé Bernard Pellabeuf ne dit rien d’autre que ce que disait le Bx Jean Paul II.

..mais il le dit 24 ans plus tard: 24 ans de diktat du CNPL , 24 ans d'étouffement de l'enseignement de la vraie foi

Écrit par : lucien | dimanche, 18 mars 2012

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