jeudi, 01 mars 2012
Benoît XVI et la Splendeur de la Liturgie
Le premier axe porteur du pontificat de Benoît XVI est sans aucun doute la foi. Le second me semble être aussi la fête de la foi, soit la liturgie, la célébration de la Messe.
Deux textes permettent de cerner quelque peu cette lame de fond:
1. Un texte plutôt humoristique bien que réaliste de Pro Liturgia avec Denis Crouan, qui paraphrase la tactique du diable de C.S Lewis, reprise par André Frossard:
Pour que les catholiques se détournent de leur mission, Satan réunit sa cour et prépare un plan pour les éloigner de la beauté de la Messe: " même s’ils se rencontrent à l’occasion de sessions - de formation liturgique, par exemple - entraînez-les aux commérages, aux bavardages, à la médisance, afin qu'ils sortent de ces rencontres avec l’esprit troublé et des émotions déséquilibrées, et surtout avec des idées nouvelles leur permettant de saccager davantage encore leurs messes dominicales. C’est très important !"
(repris par Benoît et Moi)
2. Un texte du Prélat de l'Opus Dei, Mgr Echevarria, texte à méditer au pied du Saint Sacrement:
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La formation liturgique
19. Au sein de la formation spirituelle, et en lien étroit avec la formation doctrinale, prend place l'amour pour la sainte liturgie de l'Église en laquelle se réalise – éminemment dans la Sainte Messe – l’œuvre de notre Rédemption. La Sainte Messe nous place (…) devant les mystères essentiels de la foi, car elle est le don même de la Trinité à l'Église. Ainsi comprend-on que la Messe soit le centre et la racine de la vie spirituelle du chrétien.
Le message chrétien est performatif. Autrement dit, l'Évangile, et la liturgie qui le rend présent à notre existence, n'est pas seulement la communication d'éléments que l'on peut connaître, mais une communication qui produit des faits et qui change la vie.
Il faudrait manquer de sens commun et de sens surnaturel pour penser que la liturgie est une « affaire de prêtres », ou que les prêtres « célèbrent » tandis que le peuple se contente d’« assister ». Au rebours d’une telle conception, saint Josémaria encourageait la participation de tous : depuis la compréhension du lien intime entre la liturgie de la Parole et la liturgie eucharistique, ou de la dimension essentielle de l'adoration dans la célébration, jusqu'à des détails pratiques comme l'utilisation du missel des fidèles pour faciliter leur participation, d'abord dans leur cœur et ensuite avec les paroles et les attitudes prévues. Je me rappelle avoir entendu dire que dès les années trente du dernier siècle, il voulait que la Messe fût dialoguée, qu’on répondît à voix haute aux prières que prononçait le prêtre. C'était alors inhabituel : le concile Vatican II ne viendrait que trente ans plus tard.
La liturgie de la Parole
20. Toute l'histoire du Salut, et la liturgie qui le célèbre et le rend présent, est caractérisée par l'initiative de Dieu qui nous convoque et attend de chacun de nous une réponse actuelle, avec un amour qui informe ensuite toute la journée, avec le désir de voir le Sacrifice de l'autel se prolonger au long des vingt-quatre heures qui suivent.
La célébration de la Parole dans la Sainte Messe est un véritable dialogue qui demande une réponse pleine de délicatesse : c'est Dieu qui parle à son peuple et celui-ci fait sienne cette parole divine à travers le silence, le chant, etc. ; il adhère à cette annonce en professant sa foi dans le Credo, et plein de confiance il présente ses demandes au Seigneur. Dans les lectures, le Paraclet parle en langage humain pour que notre intelligence comprenne et contemple, pour que notre volonté se fortifie et que l'action s'accomplisse. La possibilité que ces paroles deviennent réalité dans notre vie dépend de la grâce divine, mais aussi de la préparation et de la ferveur de celui qui les lit et les médite, de celui qui les écoute. « Par les saintes Écritures nous sommes en effet conduits à l'accomplissement d'actions vertueuses et à la pure contemplation ».
Ici se présente à nous un point bien concret d'examen de conscience et de progrès. Quels fruits tirons-nous de ces lectures quotidiennes, au cours de la Sainte Messe ? Savourons-nous les instants de silence prévus après l'Évangile, pour nous appliquer à nous-mêmes la prédication du Seigneur ? J'ai déjà rappelé ailleurs que « nous avons été nombreux à être témoins de la façon dont saint Josémaria entrait à fond dans les lectures de la Messe ; on le sentait jusque dans le ton de sa voix. Un fait se répétait souvent : après le Saint Sacrifice il notait les phrases qui l'avaient touché plus profondément, pour pouvoir les porter à la prière personnelle. Ainsi s’enrichissaient constamment son âme et sa prédication. À notre tour tâchons d'imiter un si bon maître. Dieu s'est révélé à nous pour que nous le connaissions plus et mieux, et pour que nous le fassions connaître, de façon naturelle, sans respects humains ».
La liturgie eucharistique
21. Dans cette partie de la Sainte Messe, le prêtre ne s’adresse pas principalement aux fidèles réunis. De fait, l'orientation spirituelle et intérieure de tous, prêtre et fidèles, est versus Deum per Iesum Christum, vers Dieu par Jésus-Christ. Dans la liturgie eucharistique, il est clair que le prêtre et le peuple ne prient pas tournés l'un vers l'autre, mais vers l'unique Seigneur. C'est pourquoi durant cette prière ils regardent dans la même direction, vers une image du Christ dans l'abside, vers une croix ou simplement vers le ciel, comme le fit le Seigneur dans l'oraison sacerdotale du soir précédant sa Passion. Aller à la rencontre du Seigneur qui vient, et poser nos regards sur la croix de l’autel : comme cela nous aide à vivre cette adoration commune !
22. Le Sacrifice de l'autel requiert l'obéissance et la piété, intimement unies. Ce sont également des conditions fondamentales pour que la liturgie soit la source et le sommet de la vie de l'Église et de chaque chrétien. Obéissance, en premier lieu, car « les paroles et les rites de la Liturgie constituent l’expression fidèle, mûrie au long des siècles, des sentiments du Christ, et ils nous apprennent à avoir les mêmes sentiments que les siens (cf. Ph 2,5) ; en conformant notre esprit à ces paroles, nous élevons nos cœurs vers le Seigneur ». Telle est la raison profonde de l’obéissance, de l’amour qui nous lient à chaque parole, chaque geste, chaque rubrique, qui nous font parvenir le don de Dieu et nous aident à être alter Christus, ipse Christus.
Le Concile Vatican II a rappelé que la pleine efficacité de la liturgie dépend aussi de ce que chacun, prêtre ou fidèle, harmonise son âme avec sa voix. Et Benoît XVI d'expliquer que, dans les cérémonies, la vox, les paroles précèdent notre esprit. Ce n’est pas ce qui arrive d’ordinaire : on doit d’abord penser et ensuite la pensée se transforme en paroles. Ici, en revanche, la parole est première. La sainte liturgie nous donne les paroles ; nous, nous devons entrer dans ces paroles, nous accorder à cette réalité qui nous précède (…). Voici la première condition : nous-mêmes devons intérioriser la structure, les paroles de la liturgie, la parole de Dieu. C'est ainsi que notre célébration est vraiment une célébration « avec » l'Église : notre cœur s'est élargi et nous ne sommes simplement pas en train de faire quelque chose, mais d’être « avec » l’Église en dialogue avec Dieu.
Dans la vie de saint Josémaria, piété et obéissance se fondent admirablement jusqu'à constituer l'exemple de quelque chose de bien réel : il n’y a pas de meilleure manière de manifester tout l’amour et l’intérêt que nous portons au Saint Sacrifice que d’observer soigneusementla moindre rubrique prescrite par la sagesse de l’Église.
Et en plus de l’Amour, c’est aussi le « besoin » de ressembler au Christ qui nous presse : de lui ressembler non seulement intérieurement mais extérieurement, pour évoluer dans les vastes espaces qui entourent l’autel chrétien avec ce rythme et cette harmonie de la sainteté obéissante, qui s’identifie à la volonté de l’Épouse du Christ, c’est-à-dire à la Volonté du Christ lui-même.
J'aimerais que ces très brèves considérations sur la structure de la Sainte Messe nous aident tous nous à intéresser davantage à la liturgie, aliment et composante nécessaires de la vie spirituelle. Comment ne pas rappeler que notre fondateur, dès la lointaine année 1930, écrivait que tous, dans l’Œuvre, doivent mettre un effort particulier à suivre scrupuleusement toutes et chacune des règles liturgiques, jusqu’à celles qui semblent d’importance faible ou nulle. Celui qui aime ne néglige aucune occasion. Je l’ai vu : ces petits riens sont quelque chose de grand : ils sont de l’amour. Et obéir au pape, jusqu’au moindre détail, c’est l’aimer. Et aimer le Saint Père c’est aimer le Christ et sa Mère, notre très sainte Mère, Marie. Et nous n’avons d’autre aspiration que celle-ci : parce que nous les aimons, nous voulons que omnes, cum Petro, ad Iesum per Mariam
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