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mercredi, 29 février 2012

Mgr Morerod à l'Université de Fribourg: les nuances de la Vérité

01821899.jpgAncré dans la vérité

Mgr Charles Morerod est revenu tout simplement chez lui à l'Université de Fribourg, lui qui fut assistant en théologie et aumônier des étudiants. Le dominicain est d'ailleurs docteur en théologie de cette même Alma Mater, avant de devenir professeur puis Recteur Magnifique de l'Angélicum à Rome. 

L'auditoire était déjà bien plein 10 minutes avant le début de la conférence, si bien que le Recteur le Père Guido Vergauwen a choisi de déplacer le public dans l'auditoire principal qui fut comble. Un public heureux d'entendre le nouvel évêque parler de l'une de ses spécialités: l'oecuménisme et le dialogue inter-religieux.

Un humour qui attire

Fidèle à la tradition, Mgr Morerod n'a pas manqué de capter l'attention de l'auditoire par son humour, pour relever que c'était la première fois qu'il donnait une conférence ... un 29 février. 

D'entrée de jeux, l'ancien secrétaire de la commission théologique internationale à démontrer sa maîtrise de la philosophie et de la théologie, lui qui est au bénéfice d'un doctorat dans ces deux sciences. 

Le Concile Vatican II, Paul VI et particulièrement son Encyclique Ecclesiam Suam, le Cardinal Journet, le Cardinal Ratzinger, le bienheureux Jean Paul II, les Pères de l'Eglise Saint Justin et Saint Augustin, et enfin la Fédération des Eglises Protestantes Suisses, pour finir avec le philosophe anglais John Hicks furent tour à tour convoqués pour décliner la certitude fondamentale du conférencier: la vérité est la condition sine qua non de l'oecuménisme, processus irréversible. L'attachement à la vérité n'est pas une présomption, car elle est plutôt une reconnaissance de l'oeuvre de Dieu et de l'accueil de ses dons. 

Impossible certes de résumer la densité des propos entendus. 

Toutefois, quelques perles:

- il y a un sens religieux dans toutes les religions, que l'Eglise catholique respecte, tout en ne renonçant pas à sa mission d'annoncer le Christ. C'est le cri de Saint Paul: "malheur à moi si je n'annonce pas l'Evangile". L'Eglise catholique a gardé dans toute son histoire, malgré les péchés de ses membres, la plénitude des moyens de salut. En Jésus Christ, la Révélation est plénière et définitive. Les chrétiens sont chargés d'annoncer au monde la conversion universelle au Christ. 

- Mgr Morerod a entendu dire que l'encyclique du Pape Paul VI s'était basée notamment sur la pensée de Charles Journet, mais il lui manque toutefois la preuve écrite. Pour le Pape du Concile, la main de Dieu a placé "les catholiques", par grâce, au centre, au plein coeur de la vérité qui rayonne pour ainsi dire en trois cercles:

le troisième cercle contient toute l'humanité. Tout ce qui est humain nous intéresse. Le critère de dialogue est alors la philosophie. 

le second cercle sont les religions non-chrétiennes et les différents monothéisme.

le premier cercle embrassent les chrétiens. Le dialogue avec les Juifs se basent sur l'Ancien Testament

Cette circularité et cette amplitude n'empêchent pas la plénitude, car le Verbe, le Logos illumine tous les hommes. 

Ratzinger2.jpg- une phrase phare de Joseph Ratzinger: "ce n'est pas en renonçant à la vérité que le dialogue est possible, mais en s'engageant d'avantage en elle. Le scepticisme ne rassemble pas*". 

- en 1994, la FEPS (fédération des églises protestantes suisses) a reconfirmé un des axiomes de la Réforme: toutes les églises doivent relativiser leurs positions, faire leur auto-critique. L'Eglise du Christ est invisible et subsiste dans des formes variées (mais il est possible que cette position ait changée). Les orthodoxes et les catholiques ne conçoivent pas l'Eglise de la même façon. Pour le Concile Vatican II, malgré les trahisons de ses fils, l'Eglise a gardé tous les biens dont le Christ l'a dotée. 

- enfin, l'auteur anglais John Hicks (relativiste) reproche au christianisme le sens de l'absolu qui engendre la violence. Or pour l'évêque de Fribourg, avec la déclaration sur la liberté religieuse du Concile Vatican II, les demandes de pardon du bienheureux Jean Paul II et l'insistance du Pape Benoît XVI sur la raison ( la violence est contraire à la raison ), l'Eglise catholique s'est clairement démarqué de la violence, au nom de la religion. Il est vrai toutefois que l'absolu tient à coeur des croyants, et la haine est la pire forme de l'Amour. C'est une réelle tentation. 

- il y a trois attitude face à la vérité: l'exclusivité (ce que je crois est vrai, tout le reste est faux), l'inclusivité (les chrétiens adhèrent à la plénitude de la vérité et les autres y participent, par des vérités qui sont aussi dans le christianisme), ou le relativisme ( mais le système de Hicks devient alors un système auquel nous devons adhérer). L'Eglise s'appuie sur l'inclusivisme. 

Un évêque tout en nuance

Charles Morerod s'est ainsi montré un digne fils spirituel du Cardinal Journet et du Cardinal Joseph Ratzinger, capable de dialogue, car la vérité s'annonce tout en nuance, comme le montre Saint Thomas d'Aquin dans sa Somme Théologique, avec les pour et les contres qui contiennent toujours une part de la vérité, une vérité qui se décline subtilement, qui nous permet de sortir de notre propre relativité pour trouver ensemble l'absolu, la vérité. Tout homme peut être accueilli avec respect, avec fraternité, pour entrer dans la plénitude de la Vérité qui nous engage à la paix. 

Lire APIC

*"Ce n'est pas en renonçant à la vérité que la rencontre des religions sera possible, mais en s'engageant plus profondément en elle. Le scepticisme ne rassemble pas, pas plus que le simple pragmatisme. Renoncer à la vérité et à ses convictions n'élève pas l'homme".

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