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mardi, 10 janvier 2012

Fribourg: Congrès Communio et Progressio

Une vision utilitaire des médias

Communio et progressio • Il y a plus de 40 ans paraissait l’instruction pastorale. L’Eglise catholique s’ouvrait totalement au monde de la communication.

Interview d’André Kolly.

propos recueillis par Bernard Bovigny (BB), Apic

source: La Liberté/APIC

images.jpegEn mai 1971, l’instruction pastorale Communio et Progressio concrétisait l’ouverture de l’Eglise catholique dans le monde des médias, exprimée lors du Concile Vatican II. Près de quarante ans plus tard, le document n’a rien perdu de son actualité, malgré les profondes mutations vécues depuis plusieurs décennies dans le monde des médias.


Une journée de réflexion, le 12 janvier à l’Université de Fribourg, fera le point sur la politique de communication de l’Eglise catholique à la lumière de Communio et Progressio. André Kolly, ancien directeur du Centre catholique de radio et télévision (CCRT) à Lausanne, a suivi attentivement l’évolution de cette politique de communication sur la lancée de Vatican II.


Pourquoi l’instruction pastorale Communio et Progressio n’est-elle sortie que six ans après la fin du Concile Vatican II ?


André Kolly: Le document a été créé de façon participative. Il y a eu cinq ou six versions différentes jusqu’à son adoption. Les épiscopats du monde entier ont été consultés deux fois, ce qui est un phénomène peu ordinaire. J’interprète cela comme une prise de conscience de l’importance des médias dans l’Eglise catholique et une volonté de ne pas se laisser dépasser par cette évolution.


Qui se trouve derrière sa rédaction ? 


La gestion du document a été confiée au Conseil pontifical pour les communications sociales, lequel a fait appel à des professionnels des médias pour son élaboration, dont le Suisse Mgr Jacques Haas, fondateur du CCRT et président d’UNDA-monde entre 1962 et 1968.


Comment a-t-il été accueilli dans le monde des médias et dans les milieux d’Eglise?


Il a été partout très bien accueilli. Les gens des médias, à qui on l’avait officiellement adressé, se sont sentis reconnus dans leur profession. Et dans les milieux d’Eglise, il a été perçu comme un document élaboré dans la mouvance du Concile. Je relève une de ses particularités: Communio et Progressio fait apparaître une forme de théologie de la communication. Les médias y sont perçus en fonction de leur finalité: la communication, la relation entre les personnes. Ils ont rôle participatif au mystère de la Trinité, au mystère de la Création, et au mystère de l’Incarnation. Le Christ est présenté comme le «parfait communicateur».


On retrouve dans Communio et Progressio une méfiance face à la presse à sensation. Etait-elle fortement implantée en 1971 ?


Le «Blick», les médias à sensation et la presse à polémique existaient déjà. Mais je relève que Communio et Progressio ne développe pas une argumentation agressive, pessimiste et négative face à la presse. On retrouve au contraire un message optimiste face à la communication par les médias. 


Un exemple ?


Le chapitre sur la publicité est un exemple très illustratif de cet optimisme, et même de cette vision idyllique de la communication. La publicité est perçue comme un moyen d’information, de faire connaître au large public un produit qui pourra lui apporter quelque chose, et non comme une simple incitation à acheter. Le document a été publié dans un contexte de re-découverte des pays du Sud, dans une période postcoloniale de formidable ouverture. Tout paraissait possible. Les moyens de communication sociale permettaient de bâtir des ponts avec les pays du Sud, en particulier en Afrique et en Amérique latine. L’Eglise pensait avoir en main un formidable outil pour l’éducation des peuples.


Sur quels points le document interpelle-t-il le plus l’Eglise aujourd’hui ?


Réapprendre à donner et à recevoir. L’Eglise catholique trouve dans ce document les moyens d’écouter encore davantage le peuple de Dieu. On y affirme également que la communication par les médias est une affaire de professionnels, avec des principes et des règles. Et que «le langage des médias n’est pas celui de la chaire».


L’Eglise catholique et les médias aujour-d’hui, c’est une histoire d’amour–haine ?


Je pense que l’Eglise catholique a encore conservé une vision davantage utilitaire que culturelle de la communication par les médias. On a tendance à considérer les médias par rapport à leur utilité, un peu comme le font la plupart des entreprises. J’ai en tête un exemple pour illustrer le «syndrome de la chaise vide». J’ai vu dernièrement une émission «Zone d’ombre» consacrée au garde suisse Cédric Tornay, dont la culpabilité dans l’affaire du massacre du commandant et de sa femme est remise en cause, notamment par sa mère. La TV romande a cherché en vain un représentant de l’Eglise catholique. Elle l’a montré en posant une étole sur une chaise vide. C’était le symbole très fort d’une Eglise peu ouverte à la communication dans certaines situations embarrassantes.


c-p_fullview.gifUn colloque à Fribourg

La Commission pour la communication et les médias de la Conférence des évêques suisses (CES) et la Ligue catholique suisse pour la presse organisent le 12 janvier, en lien avec la Faculté de théologie de l’Université de Fribourg, un colloque à l’occasion des 40 ans de la publication de «Communio et Progressio». Au cœur des débats, la question des relations entre l’Eglise et les médias. Les invités tenteront de répondre à la question de savoir comment les «communicants de l’Eglise» peuvent et doivent réagir aux profondes mutations qui ont eu lieu ces dernières décennies dans le monde des médias.

Dès 1963, le Concile avait reconnu aux croyants le droit à l’information, considérant que des citoyens bien informés concourent à la formation de l’opinion publique. Cette attitude est une rupture avec la méfiance traditionnelle de l’Eglise envers la presse, la radio et le cinéma. Ces nouveaux moyens de communication peuvent servir à la propagation de l’Evangile.

Six ans après la fin du Concile, «Communion et Progrès» a pour tâche de stimuler la communication ecclésiale. Cet encouragement à favoriser la communication dans l’Eglise prend très rapidement pied en Suisse où dès 1992 les progrès technologiques qui engendrent un nouvel âge de la communication posent question. bb


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