lundi, 26 septembre 2011
Allemagne: Benoît XVI en quelques mots
« À la bienheureuse Mère Térésa il fut demandé un jour de dire quelle était, selon elle, la première chose à changer dans l’Église. Sa réponse fut : vous et moi ! »
Des discours, des homélies à lire, à méditer, à reprendre par l'étude et pour la prière
Quelques flashs
« Je suis né en Allemagne et mes racines ne peuvent et ne doivent pas être coupées. J'ai reçu ma formation culturelle en Allemagne, l'allemand est ma langue et la langue est la manière dont l'esprit vit et agit, et toute ma formation culturelle s'est faite là-bas ! Mais pour un chrétien, il faut ajouter quelque chose. Par le baptême, il naît de nouveau, il naît dans un peuple nouveau composé de tous les peuples, un peuple qui comprend tous les peuples et toutes les cultures et auquel il appartient vraiment désormais, sans pour autant perdre son origine naturelle...
... Je dirais donc que l'origine demeure, que l'identité culturelle demeure et bien sûr aussi l'amour particulier et la responsabilité particulière, mais inséré et amplifié dans une appartenance plus grande, dans la civitas Dei comme dirait saint Augustin, dans le peuple de tous les peuples dans lequel nous sommes tous frères et sœurs »
Sorties d'Eglise
« Il faut distinguer peut-être avant tout la motivation spécifique de ceux qui se sentent scandalisés par les crimes révélés ces derniers temps. Je peux comprendre qu'à la lumière de ces informations, surtout s'il s'agit de personnes proches, on puisse dire: « Cette Église n'est plus la mienne. L’Église était pour moi une force de l'humanisation et de la moralisation. Si les représentants de l’Église font le contraire, je ne peux plus vivre avec cette Église »
« Je dirais qu'il est important de reconnaître qu'être dans l'Eglise ne signifie pas faire partie d'une association mais être dans le filet du Seigneur qui pêche de bons et de mauvais poissons des eaux de la mort aux terres de la vie.
« Il se peut que dans ce filet je me trouve justement à côté des mauvais poissons et je que je le sente, mais le fait est que je ne suis là ni pour les uns ni pour les autres, mais parce que c'est le filet du Seigneur, qui n'a rien à voir avec toutes les associations humaines, un filet qui touche le fondement de mon être »
Voyage dans le monde de la foi
Le thème du voyage du pape est « là où il y a Dieu il y a un avenir »
« je ne suis venu pas ici avant tout pour poursuivre des intérêts politiques ou économiques déterminés, comme le font justement d’autres hommes d’État, mais pour rencontrer les personnes et parler de Dieu »
« la liberté se développe seulement dans la responsabilité pour un bien supérieur »
« Personne ne peut croire seul »
« La foi est toujours aussi essentiellement un croire avec les autres. Personne ne peut croire seul. Nous recevons la foi –ainsi nous l’enseigne saint Paul- à travers l’écoute, et écouter est nécessaire pour l’être ensemble, corps et esprit. C’est seulement dans le grand être ensemble des croyants de tous les temps, ceux qui ont trouvé le Christ et ceux qui se sont laissés trouver par Lui, que je peux croire.... Ce grand avec, sans lequel il ne peut exister aucune foi personnelle, c’est l’Église. Et cette Église ne s’arrête pas aux frontières des pays ....»
« Les saints, même là où ils sont peu nombreux, changent le monde, et les grands saints demeurent pour tous les âges des forces qui changent »
Hitler et le nazisme
« aujourd’hui, je me trouve dans un lieu central de la mémoire, d’une mémoire effroyable: d’ici fut projetée et organisée la Shoah, l’élimination des citoyens juifs en Europe. Avant la terreur nazie en Allemagne vivaient environ un demi million de juifs, qui constituaient une composante stable de la société allemande. Après la deuxième guerre mondiale, l’Allemagne fut considérée comme le «Pays de la Shoah» où, au fond, on ne pouvait plus vivre en temps que juif.
Au début il n’y avait pratiquement plus aucun effort pour refonder les anciennes communautés juives, même si de l’Est arrivaient continuellement des personnes seules et des familles juives. Beaucoup d’entre elles voulaient émigrer et se construire une nouvelle existence, surtout aux Etats-Unis ou en Israël »
« Les combattants de la résistance ont agi contre le régime nazi et contre d’autres régimes totalitaires, rendant ainsi un service au droit et à l’humanité tout entière. Pour ces personnes il était évident de façon incontestable que le droit en vigueur était, en réalité, une injustice »
Une écologie humaine
« L’apparition du mouvement écologique dans la politique allemande à partir des années soixante-dix, bien que n’ayant peut-être pas ouvert tout grand les fenêtres, a toutefois été et demeure un cri qui aspire à l’air frais, un cri qui ne peut pas être ignoré ni être mis de côté, parce qu’on y entrevoit trop d’irrationalité »
« Quand, dans notre relation avec la réalité, il y a quelque chose qui ne va pas, alors nous devons tous réfléchir sérieusement sur l’ensemble et nous sommes tous renvoyés à la question des fondements de notre culture elle-même. (…) L’importance de l’écologie est désormais indiscutée. Nous devons écouter le langage de la nature et y répondre avec cohérence »
« Il existe aussi une écologie de l’homme. L’homme aussi possède une nature qu’il doit respecter et qu’il ne peut manipuler à volonté. L’homme n’est pas seulement une liberté qui se crée de soi »
« La culture de l’Europe est née de la rencontre entre Jérusalem, Athènes et Rome – de la rencontre entre la foi au Dieu d’Israël, la raison philosophique des Grecs et la pensée juridique de Rome. Cette triple rencontre forme l’identité profonde de l’Europe »
Les orthodoxes
« Parmi les Églises et les communautés chrétiennes, l’Orthodoxie est théologiquement la plus proche de nous ; catholiques et orthodoxes ont tous deux la même structure de l’Église des origines. Nous pouvons ainsi espérer que ne soit pas si loin le jour où nous pourrons de nouveau célébrer l’Eucharistie ensemble »
Oecuménisme avec les protestants
« la foi des chrétiens ne se base pas sur une évaluation de nos avantages et désavantages. Une foi auto-construite est privée de valeur. La foi n’est pas quelque chose que nous concoctons et déterminons. Elle est le fondement sur lequel nous vivons. L’unité grandit non grâce à l’évaluation d’avantages et de désavantages, mais seulement en pénétrant toujours plus profondément dans la foi grâce à la pensée et à la vie »
« Comme les martyrs de l’époque nazie nous ont conduits les uns vers les autres, et ont suscité la première grande ouverture œcuménique, ainsi aujourd’hui encore, la foi, vécue à partir du plus profond de nous-mêmes, dans un monde sécularisé, est la force œcuménique la plus forte qui nous réunit, nous guidant vers l’unité dans l’unique Seigneur »
« Le salut vient des Juifs »
« Pour les chrétiens il ne peut y avoir une rupture dans l’événement du salut. Le salut vient justement des Juifs (cf. Jn 4, 22). Là où le conflit de Jésus avec le Judaïsme de son temps est vu de manière superficielle comme un détachement de l’Ancienne Alliance, il finit par être réduit à une idée de libération qui considère la Torah seulement comme l’observance servile de rites et de prescriptions extérieures. De fait, le discours sur la Montagne n’abolit pas la Loi mosaïque, mais il révèle ses possibilités cachées et fait émerger de nouvelles exigences. Il nous renvoie au fondement le plus profond de l’agir humain, au cœur, où l’homme choisit entre le pur et l’impur, où se développent la foi, l’espérance et l’amour »
Les musulmans
Dans le respect de la Constitution ... « je pense qu’une collaboration féconde entre chrétiens et musulmans est possible. Et de cette manière nous contribuons à la construction d’une société qui, sous de nombreux aspects, sera différente de ce que nous avons apporté avec nous du passé. En tant qu’hommes religieux, à partir de nos convictions respectives, nous pouvons donner un témoignage important dans de nombreux secteurs cruciaux de la vie sociale. Je pense, par exemple, à la sauvegarde de la famille fondée sur le mariage, au respect de la vie dans toutes les phases de son évolution naturelle ou à la promotion d’une plus grande justice sociale.
Pour cela aussi j’estime important de célébrer une Journée de réflexion, de dialogue et de prière pour la paix et la justice dans le monde. Comme vous le savez, nous voulons le faire le 27 octobre prochain à Assise, à 25 ans de la rencontre historique conduite par mon prédécesseur, le Bienheureux Pape Jean-Paul II. Par ce rassemblement nous voulons montrer, avec simplicité, que, en hommes religieux, nous offrons notre contribution particulière pour la construction d’un monde meilleur, reconnaissant en même temps la nécessité, pour l’efficacité de notre action, de progresser dans le dialogue et dans l’estime réciproque »
La foi, les structures
« Imaginons-nous qu’un tel programme exposure ait lieu ici en Allemagne. Des experts provenant d’un pays lointain viendraient vivre pour une semaine auprès d’une famille allemande moyenne. Ici, ils admireraient beaucoup de choses, par exemple le bien-être, l’ordre et l’efficacité. Mais, avec un regard non prévenu, ils constateraient aussi beaucoup de pauvreté : pauvreté pour ce qui concerne les relations humaines et pauvreté dans le domaine religieux »
« Permettez-moi d’aborder ici un point de la situation spécifique allemande. En Allemagne, l’Église est organisée de manière excellente. Mais, derrière les structures, se trouve-t-il aussi la force spirituelle qui leur est relative, la force de la foi au Dieu vivant ? Sincèrement nous devons cependant dire qu’il y a excédent de structures par rapport à l’Esprit. J’ajoute : la vraie crise de l’Église dans le monde occidental est une crise de la foi. Si nous n’arrivons pas à un véritable renouvellement de la foi, toute la réforme structurelle demeurera inefficace »
Aux catholiques: La religiosité de routine est un danger
« Elle donne ainsi à l’organisation et à l’institutionnalisation une importance plus grande qu’à son appel à l’ouverture »
« L’Église doit toujours de nouveau faire l’effort de se détacher de la mondanité du monde »
« Dans l’Évangile, a expliqué le pape, Jésus (…) raconte la parabole des deux fils qui sont envoyés par leur père pour travailler dans la vigne. (…) Le message de la parabole est clair : ce ne sont pas les paroles qui comptent, mais c’est l’agir, les actes de conversion et de foi. Jésus adresse ce message aux grands prêtres et aux anciens du peuple, c’est-à-dire aux experts en religion dans le peuple d’Israël. Eux, d’abord, disent « oui » à la volonté de Dieu. Mais leur religiosité devient routine, et Dieu ne les inquiète plus. Pour cela ils ressentent le message de Jean Baptiste et le message de Jésus comme quelque chose qui dérange. Ainsi, le Seigneur conclut sa parabole par des paroles vigoureuses : « Les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. Car Jean Baptiste est venu à vous, vivant selon la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; tandis que les publicains et les prostituées y ont cru. Mais vous, même après avoir vu cela, vous ne vous êtes pas repentis pour croire à sa parole » (Mt 21, 31-32) »
« Traduite en langage de notre temps, l’affirmation pourrait correspondre plus ou moins à ceci : les agnostiques, qui au sujet de la question de Dieu ne trouvent pas la paix ; les personnes qui souffrent à cause de nos péchés et ont le désir d’un cœur pur, sont plus proches du royaume de Dieu que ne le sont les fidèles « de routine », qui dans l’Église voient désormais seulement ce qui paraît, sans que leur cœur soit touché par la foi »
16:13 | Lien permanent | Commentaires (4) | | |
Commentaires
PROPHETIQUE
Je pense que ce voyage restera dans l'Histoire... Et surtout les paroles de Benoit XVI qui a bien des égards sont prophétiques !
D'ailleurs, les media francais ont boycotté ce déplacement en Allemagne au maximum ... Evidemment comme les contestaires n'étaient que trois dizaines cela n'était pas fait pour plaire aux pseudo- journalistes ! Ils n'allaient tout de meme pas s'abaisser à nous montrer les foules acclamant le Pape , non ?,
Gerard LETTERI
Écrit par : LETTERI Gerard | lundi, 26 septembre 2011
J'ai eu un petit sourir en lisant: « Le salut vient des Juifs »
Désolé, mais le Salut vient de Dieu ... et les juifs ne l'ont pas accueilli en rejetant le Messie. Certes ils en étaient les déstinataires mais ne l'ont pas honoré.
Qu'est ce que l'on ne ferait pas pour plaire à certains !
Allez ! On mettra cela sur le compte de l'oecuménisme, c'est toujours un bon point à prendre ;-)
Écrit par : Barabas Le Vilain | mardi, 27 septembre 2011
Jn 4,22 "le Salut vient des Juifs", Saint Jean Apôtre et Evangéliste, dans la Parole de Dieu, qui doit venir de Dieu me semble-t-il ? Alors c'est pas très malin... Cela fait 2000 ans, il est temps de se réveiller mon cher ami. Jésus est Juif, Marie est Juive, Saint Joseph est Juif, la sainte Famille est Juive.... Bien à vous.
Écrit par : Dominique Fabien | mardi, 27 septembre 2011
@ Gerard.... je suis nettement moins sévère que vous sur les médias, car ils ne sont pas censés être des portes paroles de notre Eglise. Je pense que Benoît est encore plus censuré au sein de l'Eglise, ce qui doit le faire souffrir beaucoup. D'accord avec vous pour dire que ses interventions et ce voyage sont historiques... de la Réforme de Luther à Hitler, 5 siècles d'Histoire en 4 jours, un vrai concentré.
Écrit par : Dominique Fabien | mardi, 27 septembre 2011
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