Toute grande oeuvre a ses limites

Lisant avec grand intérêt le très bon livre "Benoît XVI, la joie de croire", j'ai constaté quelques petites limites, ce qui est tout à fait normal pour un tel livre de quelques 700 pages.

La communauté intégrée (Allemagne)

- connaissant un membre de la communauté intégrée dont l'ancien Cardinal est très proche (ami prêtre ordonné par le Cardinal Ratzinger) j'ai pu parlé avec lui des réserves émises dans le livre qui qualifie de "mystère" le parcours de cette communauté.

Or il n'en n'est rien. Les idées du théologien qui écrivit un livre sur la Vierge Marie ont été clarifiées par une lettre du Cardinal Ratzinger à l'époque. Ce théologien est parti d'ailleurs vers le ciel en janvier 2011. La communauté intégrée a du reste été reconnue par Joseph Ratzinger (archevêque de Münich de 1977 à 1981) contre l'avis unanime de la Curie diocésaine. Alors archevêque de Münich, ce Pasteur d'âmes avait déjà reconnu la trace et l'initiative de Dieu. Courageusement, ce qui est un trait de sa personnalité, il donna sa protection à cette communauté. Par la suite, quelques journalistes ne diffusèrent pas toujours la vérité et quelques fausses informations circulèrent autour de la communauté intégrée sans vérifications et sans interviewe directe des membres. L'Académie créée possède dorénavant  une chaire à l'Université du Latran.

Les couples mixtes

- Les couples mixtes, soit catholique-protestant sont évidemment possibles dans la vie. Toutefois les auteurs semblent ne pas reconnaître qu'aujourd'hui encore, un catholique qui se marie avec un conjoint protestant doit tout faire pour que les enfants soit éduqués dans la foi catholique. La partie protestante doit en effet s'engager à faire baptiser "les enfants catholiques".

Récemment, j'ai lu un article d'un homme politique tessinois, de confession protestante, qui a épousé une catholique. Cet homme, très connu, refusa de signer une lettre qui stipulait qu'il acceptait que les enfants soient baptisés et éduqués dans le catholicisme. Cela lui semblait un diktat... Or, ce que notre ami politicien oublie, c'est qu'il pratique en fait la même "politique" sauf que c'est alors en faveur du protestantisme; sa décision est simplement "symétrique". Il a imposé à son épouse, à sa famille, à ses enfants de suivre le protestantisme, et à ses enfants d'être baptisés dans les communautés ecclésiales protestantes. Aussi, la demande de l'Eglise qui semble une sorte de dictature, ne l'est pas du tout, car la vérité rend libre; en creusant bien, il s'agit d'une pratique légitime et normal. La foi catholique est un trésor, une grâce, et en fait une personne: le Christ. L'Eglise pratique alors "son marketing", car elle est convaincue de la bonté de son message. C'est une conviction

La contraception au sein du couple

- la contraception. Benoît XVI semble un Pape qui ne partage pas totalement les vues "d'Humanae Vitae", l'encyclique de Paul VI sur la vie humaine. Cette encyclique fut prophétique en regard avec la crise de natalité et de la vague des divorces qui touchent dramatiquement les Occidentaux. L'ancien Préfet de la Congrégation de la foi déclare effectivement que certaines décisions doivent être prises d'entente avec le confesseur ou le père sprituel: mais le livre semble laisser entendre que la contraception est parfois légitime à l'intérieur d'un couple. Or tel n'est pas le cas. Le sommet d'une montagne invite toujours le marcheur, malgré les peines et les difficultés de la montée, à ne pas céder à la pesanteur, pour ne pas tomber dans le vide. Le chrétien peut encore compter en plus sur la grâce divine, qui est communiquée par les sacrements, surtout la confession et l'Eucharistie.

Il faut savoir que le bienheureux Jean Paul II a dévellopé l'enseignement de Paul VI, sans jamais le contredire. Le génie de Jean Paul II fut de parler de l'amour comme un don de soi, laissant ainsi la béquille de la loi qui n'est qu'une lumière. C'est très juste, la loi n'est qu'un indicateur; aussi les méthodes naturelles, soit le non recours à la contraception indique une valeur plus profonde: l'Amour. Les méthodes naturelles permettent au couple de faire grandir la vertu si cruciale du respect de l'autre, du don de soi donc de la chasteté et les aident à parvenir à la fine pointe de l'amour humain: le don entier de soi, corps et âme, sans exclure volontairement la fécondité. Chaque relation, naturellement, ne doit pas concevoir un être humain, la nature le prévoit d'ailleurs ainsi. La sexualité est aussi une expresion de l'amour mutuel. Cela invite aussi l'homme, dont la passion amoureuse est "plus physique", à rejoindre le coeur de son épouse. Je me souviens d'une maman remerciant l'Eglise d'être en faveur des femmes, de les défendre, car elle les aident à refuser de faire de leur corps une marchandise dont l'homme se sert en toutes occasions. L'amour invite à la patience, au profond respect, à la vénération de l'autre. Pas d'amour profond sans respect de la vérité de l'autre et de la richesse de l'être aimé.

Voilà quelques petites observations, qui ne concernent certes que des tendances ou peut-être des imprécisions, car vraiment la lecture de ce livre est recommandée.