lundi, 02 mai 2011
Le Père Lombardi commente la mort de Bin Laden
MORT D'OSAMA BIN LADEN
CITE DU VATICAN, 2 MAI 2011 (VIS). Ce matin, le Directeur de la Salle-de-Presse du Saint-Siège, le P.Federico Lombardi SJ, a réagi à la demande d'un journaliste: "Osama Bin Laden, comme nous le savons tous, porte la grave responsabilité d'avoir semé la division et la haine entre les peuples et d'avoir manipulé la religion à cette fin. Face à la mort d'un homme, un chrétien ne se réjouit jamais, mais il réfléchit sur la responsabilité de chacun devant Dieu et devant les hommes, agissant toujours pour faire grandir la paix et non la haine".
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Il faut tout de suite être clair, la vision du monde d’Osama bin Laden, n’est pas la vision du monde de la majorité des musulmans. La plupart des musulmans sont pour la paix, le respect des autres, et le dialogue entre les cultures.
Il paraît que certains se sont réjouis de l’élimination physique d’Osama bin Laden. D’autres ont trouvé indécent le fait que l’on puisse se réjouir de la mort d’un homme, quoi qu’ait pu faire cet homme.». Et d’autant plus, quand se précisent les conditions dans lesquelles cet homme a trouvé la mort. Il paraîtrait qu’Osama bin Laden était désarmé, quand on lui aurait tiré plusieurs balles dans la tête. Que cela rehausse l’image de l’Amérique dans le monde, beaucoup en doutent.
Et si c’est le cas, qu’Osama bin Laden était désarmé, quand on lui aurait tiré plusieurs balles dans la tête, cela pose plus de questions, que cela n’apporte de réponses. Dans tout autre cas de figure, dans un cadre légal, comme par exemple, dans un cadre policier, un tel acte en violation des « techniques réglementaires », aurait immédiatement entraîné l’ouverture d’une enquête.
Innocent ou fauteur de trouble, tout individu a des droits, et le respect de son intégrité physique et de sa dignité humaine fait partie de ses et de ces droits, ces droits humains et universels. Droits dont bénéficie également Osama bin Laden ou Saddam Hussein. Et droits dont ils auraient dû bénéficier.
D’autres ont aussi regretté cette élimination physique d’Osama bin Laden, car elle empêche la tenue éminemment importante d’un procès qui aurait pu faire la lumière sur bien des points qui sont encore dans l’ombre, et qui seraient peut-être dérangeants pour une certaine élite politique, militaire, économique,(…), de l’Amérique.
Et il faut bien que la Cour pénale internationale de justice serve à quelque chose. On l’aura privée, cette Cour pénale internationale de justice, de personnages de marque, comme Osama bin Laden et Saddam Hussein. Tous les deux, d’ailleurs, auraient été soutenus, aidés, ravitaillés et financés, à un certain moment de leur carrière, par l’Amérique elle-même.
Certains regrettent d’ailleurs le silence édifiant de cette même Cour pénale internationale de justice, quant aux violations des droits humains perpétrés en 2003, lors de la Guerre en Irak.
Il faut avouer que la capture tardive d’Osama bin Laden est un miroir dérangeant qui renvoie à l’Amérique l’image de ses propres faiblesses, de sa propre inefficacité, et de l’incongruité de certains choix et de certaines décisions.
En effet, ils n’oublient pas que l’Amérique dépense des milliards de milliards de dollars dans la défense, le renseignement, le renseignement militaire, les services secrets, (…), sans que cela puisse empêcher l’inimaginable d’un 11 Septembre 2001.
Certains en Amérique vont même à penser qu’il faudrait des réductions draconiennes en matière de défense, de renseignement, de renseignement militaire, de services secrets, (…), pour que ces derniers soient vraiment performants et efficaces; se souvenant que, lors de la Guerre du Vietnam, le vainqueur ne fut pas celui qui fut le plus équipé et le plus armé, mais que le vainqueur fut celui qui à cause de la pauvreté de son armement militaire, l’utilisa de la façon la plus optimale et la plus efficace, faisant preuve d’un génie créateur et militaire sans limite et terriblement redoutable.
La mort d’Osama bin Laden, pour certains ou pour beaucoup, est un échec en soi, car elle montre l’inaptitude de l’Amérique à sortir du cercle infernal de la mort, de la violence, et de la vengeance, qui ne peuvent bien évidemment pas être des solutions. Mort, violence, vengeance qui n’apporteront aucunes solutions durables.
C’est vivant qu’il fallait avoir Osama bin Laden, et c’est vivant qu’il fallait le présenter devant la Cour pénale internationale de justice. C’est cela le droit, c’est aussi cela, le courage de vouloir affronter certaines vérités pas toujours agréables à entendre, et qu’aurait pu nous fournir un tel procès.
Et il ne faut pas oublier non plus que les familles des victimes du 11 Septembre 2001 ont aussi des droits, des droits à des réponses quant aux questions dont elles se posent, et qu’elles n’auront plus avec l’assassinat d’Osama bin Laden.
Une partie du monde musulman s’est sentie troublée par l’idée de la jetée en mer présumée de la dépouille d’Osama bin Laden, car elle blesse la sensibilité des musulmans quant à la pratique de leur religion. Pratique qui demande qu’un corps soit enterré au plus vite après les rites qui lui sont dus, et dans une tombe pointant vers la Mecque.
Or bien qu’Osama bin Laden ne fût pas un saint de son vivant, et que sa lecture de l’Islam soit condamnable, il était musulman. Et il existe des musulmans qui pensent que sa dépouille en méritait les rites, faisant par là-même une séparation et une distinction entre la dépouille d’Osama bin Laden, et les idées extrémistes d’Osama bin Laden, idées extrémistes que la majorité des musulmans rejettent.
De plus, pour certains, qui sont beaucoup, la dépouille d’Osama bin Laden n’appartient pas, comme elle le croit, à l’armée américaine, la dépouille d’Osama bin Laden appartient à sa famille et à son pays, l’Arabie saoudite. Et c’est à la famille du défunt d’en disposer, dans le respect de ce dernier, de sa culture et de sa religion.
Et n’oublions pas non plus que le Pardon est l’une des plus belles vertus du Croyant, qu’il soit musulman, chrétien, bouddhiste, ou juif, ( …).
(c)2011 Teddy Crispin : http://teddycrispin.over-blog.com/
Écrit par : Teddy Crispin | mardi, 10 mai 2011
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