vendredi, 21 janvier 2011
Pédophilie: 2001, l'Odyssée de l'Eglise
Opinion
L'histoire d'une évolution
On connaît sans doute plus le fameux générique du film "2001 l'Odyssée de l'espace" que le Motu Proprio de 2001 signé de la main de Jean Paul II, avec le Cardinal Ratzinger et Mgr Bertone. Le générique du film montre l'évolution du génie de l'homme en quelques secondes. Or, elle s'étale sur des milllers d'années. L'Eglise connaît une bien plus rapide évolution dans sa façon d'affronter l'horreur de la pédophilie. C'est toute la foi en la sainteté de l'Eglise du Cardinal Charles Journet, professeur de théologie à Fribourg (décès en 1975), le renouvellement et la solution des crises jaillissent du coeur même de l'Eglise.
Retrouver la crédibilité
Avec cette crise, amplifiée et démultipliée par les médias, l'Eglise traverse sans doute sa plus grosse remise en cause de sa propre crédibilité. Si un évêque, un prêtre, un diacre, un religieux, ou tout simplement un baptisé ne reconnaîssent pas une victime, mentent et dissimulent dans ces affaires qui sont désormais si largement et amplement connues, la confiance est perdue; comment la Vérité de Dieu, du Christ, de l'Eglise, de la foi, de la prière, de l'enseignement sur la vie (euthanasie, avortement) et la sexualité (contraception, fidélité du mariage, célibat) seront crédibles ? Si on ment sur un sujet, notre témoignage est vain. Il faut raisonner ou plutôt résonner, tel le Pape actuel, comme un cristal. Heureusement, sa douce voix sonne juste en parfaite harmonie avec sa douleur intime.
La vérité
Le péché est entré dans le monde par le mensonge. Ne dit-on pas d'ailleurs que le diable, Satan, est le père du mensonge ? Un chrétien cherche à écouter la voix du Christ qui résonne dans l'Eglise. En suivant le parcours du Cardinal Ratzinger, l'on découvre son attachement constant à servir la vérité. C'est d'ailleurs sa devise: "coopérateur de la vérité". Seule la vérité rend libre.
Le chemin limpide du Cardinal
On sait désormais que depuis 1988, le Cardinal a voulu réformer les procèdures pour sanctionner les coupables de tels crimes. Il s'est confronté à l'inertie de la curie romaine. On sait que devenu Pape, il n'a jamais pensé que le drame de la pédophilie fut une invention médiatique. Benoît XVI ne craint pas de revenir à temps et à contre temps sur ce thème douloureux, car il est simplement avec les victimes. Son récent discours à la curie romaine le prouve une fois de plus.
Un Pape fort
Le journaliste français Jean Marie Guénois pense d'ailleurs que Benoît XVI n'est pas tant sous attaques (cf.Tornielli et Rodari, livre en italien: "Attacco a Ratzinger"):
« Plus qu'une attaque, je dirais plutôt que cela part d'une "attaque" du Pape sur de nombreux sujets, portés en avant avec un mode très doux, mais avec un language précis et aiguisé ... il me semble que ce n'est pas tant un Pape sous attaque qu'un Pape qui attaque clairement. Nous l'avons dans le cas des prêtres pédophiles: lui veut une purification et la transparence, mais il existe des résistances dans l'Eglise. Je retiens donc que c'est un faux problème d'affirmer que Benoît XVI soit sous attaque, c'est une forme de victimisme qui ne correspond en rien à la psychologie de Ratzinger... Je viens à Rome une fois par mois et chaque fois je vois un homme très serein, nonobstant les difficultés. Je me demande que serait l'état d'âme de l'un de nos chefs d'Etat face aux situations que lui doit affronter. Il n'a pas de comportements démagogiques, il n'a pas peur. Les attaques sont au fond seulement un type de résistance aux problèmes que lui a mis en évidence».
Il n'a pas peur de regarder le péché à l'intérieur même de l'Eglise, au point de décrire l'Eglise comme une belle et splendide femme recouverte de poussière, aux vêtements déchirées par l'infidélité de ses ministres.
Priorité aux victimes
Le New York Time publie une lettre du nonce en Irlande qui décrit comment la politique de l'Eglise, même venant du Vatican avant 2001, fut de garder un certain silence. Andrea Tornielli revient aussi sur la lettre du Cardinal Hoyos, alors Préfet de la Congrégation du Clergé, félicitant Monseigneur Picand pour n'avoir pas dénoncé son fils prêtre. Le Père Lombardi explique justement en quoi ce Motu Proprio a changé le cours des choses. Sous le pontificat de Jean Paul II, en 2001, la congrégation de la foi est devenue souveraine en la matière et cela commence maintenant à porter ses fruits. Le Pape actuel donne ainsi le ton pour que les évêques du monde entier s'inspirent sur son exemple: priorité aux victimes, rencontre de prières avec elles, demande de pardon, accompagnement, recherche de la vérité...
La divine Miséricorde
La béatification de Jean Paul II approchant, il est clair que ce drame sera utilisé "comme un os" pour frapper l'Eglise, mais fera un effet de boomerang si le mal est soignée à la racine. "La poussière" ou la fragilité humaine du prêtre n’est pas faite pour frapper et blesser ses semblables, cela ne serait que singer honteusement le prêtre, mais pour aider les âmes à grâcieusement rejoindre l’orbite du ciel pour contempler la lumière du Christ qui vient.
Aussi Benoît XVI invite à la pénitence, à l'amendement, à la conversion. Le Message de la Vierge Marie, soit à Lourdes soit à Fatima, ne dit pas autre chose: "Pénitence!".
Aussi, avec la prochaine béatification de Jean Paul II, la Miséricorde, le Pardon de Dieu, et surtout la dévotion à la divine Miséricorde sera sans doute le message qui va délivrer quelque peu l'Eglise, et surtout aider les victimes à retrouver leur dignité humaine, sans oublier le chemin de la foi, de l'espérance, de la justice et de la vérité.
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