Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 08 mars 2010

Pédophilie: la crédibilité de Benoît XVI

sgcroce7.jpg

«Assez! Il faut sérieusement faire le ménage dans notre Eglise», a estimé le cardinal Walter Kasper, l’un des proches collaborateurs du pape Benoît XVI. Il exige la condamnation des coupables d’actes de pédophilie et l’indemnisation des victimes.

*****

Selon le cardinal Kasper, «le pape n’a pas l’intention de rester à regarder» sans agir et il exige «la tolérance zéro à l’égard de ceux qui se rendent coupables de fautes aussi graves».

*****

L'Eglise cherche la vérité

Comme il était prévisible, l'Allemagne connaît une forte polémique suite à la révelation des scandales sexuels de quelques prêtres. Certains politiciens, comme Sabine Leutheusser-Schnarrenbergeren, ministre de la Justice allemande, arrivent à accuser l'Eglise de vouloir mettre des obstacles aux enquêtes.

Parler, c'est vouloir guérir

Il faut parler ouvertement de ces crimes, car cela démontrera la volonté de l'Eglise de chercher la vérité et la justice, pour le bien des victimes.

Tolérance zéro

Ne pensons pas que l'Eglise soit toujours attaquée, aussi nous devons répondre avec précisions aux légitimes questions. Si nous devrions parler de fraudes fiscales à l'intérieure de l'Eglise, certains auraient une toute autre attitude. Pour le scandale de la pédophilie, il s'agit d'un crime scandaleux, effroyable, qui touche des êtres innocents; c'est une offense très grave faite à Dieu, une brûlure intime commise envers des enfants. Cela est intollérable. La ligne de Benoît XVI est celle de la tolérance zéro, autrement dit de ne rien cacher, mais de tout faire pour faire venir ces choses scandaleuses à la lumière. Les chrétiens ne peuvent pas rester de marbre, mais s'impliquer activement, comme le fait Benoît XVI. Seule la vérité nous rendra libre.

Etre crédible

N'accusons pas systématiquement la presse, les journalistes. Ils font leur métier, certains assez mal il faut en convenir, alors sachons faire le nôtre. Nous devons accepter une remise en question de notre propre capacité à communiquer la vérité. Nous ne somme pas performants et cela obscurcit notre crédibilité.

La confusion

Un des arguments qui revient est la confusion induite notament par l'émission de la BBC "Sex Crimes and the Vatican". Cette émission conduit à bien des erreurs. Je publie ci-joint une note que j'avais préparé à l'occasion de la sortie de cette émission sur les ondes italiennes.

Un « silence » de Benoît XVI ? (note d'octobre 2007)

Une émission de la BBC "Panorama", diffusée à la TV ce dimanche soir 1er octobre, avait pour titre : "Sex crimes and the Vatican" ("Les crimes sexuels et le Vatican" ). La Radio Suisse Romande (RSR) dans "Juste Ciel" a repris cette même info, le mardi 3 octobre à 6h45. Thèse de l’émission : comme ancien préfet de la Congrégation de la doctrine de la foi de 1981 à 2005, le cardinal Ratzinger, Benoît XVI, aurait promu la loi du silence sur la pédophilie des prêtres. Un pape serait donc impliqué dans cette loi du silence face aux crimes sexuels de prêtres.

Les évêques anglais ont déjà protesté par la voix de Mgr Nichols, archevêque de Birmingham. Attendons donc la publication (annoncée pour cette semaine) de la lettre de protestation à la BBC du Cardinal Cormac Murphy - O’Connor (à la tête de l’Eglise catholique en Angleterre et au pays de Galles).

Mais reste à la BBC de prouver cette très grave accusation.


1. Deux documents

Dans l’émission de la BBC, 2 documents de cette même congrégation [pour la Doctrine de la foi] sont évoqués :


a) - 1962 : Crimen Sollicitationis ("Le crime de sollicitation"). Ce premier document, en latin (pour tous les évêques), date de 1962 et fut approuvé par le pape Jean XXIII et rédigé par le cardinal Ottavianni, préfet du Saint-Office (un des prédécesseurs du cardinal Ratzinger).

Or, à la simple lecture, Crimen Sollicitationis ne relève pas du grave scandale de la pédophilie chez certains prêtres,   mais du crime de sollicitation sexuelle d’un prêtre envers toute personne qui veut se confesser (donc autour du sacrement du pardon, avant, pendant ou après le sacrement de la confession).

C’est un crime abominable ! Des sanctions graves (suspension, renvoi de l’état clérical, interdiction de confesser) sont appliquées suite à un procès par les instances et les tribunaux de l’Eglise uniquement. Comme c’est un domaine très personnel et délicat, cela relève du secret absolu, sous peine d’excommunication. Celle-ci touche tous ceux qui ont connaissance des faits, aussi bien pour le coupable, que la victime et les témoins. Des procédures juridiques sont prescrites pour garantir le secret absolu de l’enquête et du procès...

 

Or :

> Ce texte n’est pas "secret", depuis 2002 en tout cas, car il fut utilisé aux USA dans le cadre de procès sur la pédophilie.

> Ce document ne veut pas dire que la victime doit se taire, bien au contraire ! Elle a mêmele devoir de parler et de dénoncer le prêtre abuseurà l’évêque ou à Rome au Saint-Office. L’Eglise connaît les drames et les graves traumatismes que cela laisse chez les personnes. Pour le bien suprême des âmes, justice leur sera rendue.  Mais [aujourd'hui] une suspicion règne [dans la société médiatique] face à l’Eglise, surtout sur son intégrité morale et sa capacité à rendre justice aux victimes par ses propres tribunaux,  et à punir le ou les coupables.

> Il faut remettre ce document dans son époque. Les médias, [...] 4ème pouvoir de nos jours, n’avaient pas le rôle, parfois accusateur, de promoteur autonome de justice. Le débat existe actuellement aussi entre le domaine juridique civil et le domaine médiatique : on ne peut pas tout savoir, tout connaître, surtout pour des choses si graves.

>  Si cela concerne le sacrement du pardon, l’Eglise a l’entière juridiction sur ces actes ignobles accomplis par des prêtres dans le cadre de ce même sacrement.

 

b) - 2001 : "Les plus graves offenses réservées à la Congrégation de la foi." Ce second document date de 2001.  Signé par le cardinal Ratzinger et Mgr Bertone, actuel Secrétaire d’Etat de Benoit XVI, ce document, en latin, parle des plus graves offenses envers les sacrements (surtout l’eucharistie et la confession) et contre la morale. Des prêtres peuvent très gravement profaner les sacrements et agir très gravement contre la morale : ces graves offenses sont réservées à la Congrégation de la Doctrine de la foi.  Un motu proprio( initiative propre du pape) Sacramentorum sanctitatis tutela ( "La garde de la sainteté des sacrements"), de Jean-Paul II, promulgue ce document. Celui-ci revient notamment sur de très graves et très rares abus, hélas possibles, envers le sacrement de l’eucharistie et de la confession. A part les délits contre l'eucharistie, nous trouvons, pour ce qui concerne les délits graves lors la confession :

>  la violation du secret de la confession par un prêtre (le secret de la confession est absolu) : un prêtre qui révèle un péché [d'une personne venue se confesser à lui]  est excommunié ;

>  la sollicitation dans le cadre de la confession, si le prêtre lui-même est impliqué ;

et aussi :

>  un délit contre la morale, dont : le délit contre le 6ème commandement du Décalogue ("tu ne commettras pas d’actes impurs") avec un mineur en dessous de l’âge de 18 ans (pédophilie). Tout cela relève du secret pontifical, mais l’excommunication pour rupture du silence a  disparu. L’ancien code de droit canon datait de 1917 ; avec le nouveau droit canon de 1983, le document Crimen sollicitatonis de 1962 devait être révisé. Il y avait aussi le scandale de la pédophilie aux USA dans cette période.

 

Donc : deux textes différents mis ensemble [par l'émission de la BBC] donnent la confusion.

Le second texte (de Ratzinger) mentionne le grave délit sexuel d’un prêtre sur un mineur : une prescription (dénoncer ce scandale dans ce délai) de 10 ans est de rigueur ; pour les mineurs, les 10 ans comptent à partir de l’âge des 18 ans de la victime. Ces cas sont réservés aux tribunaux de la Congrégation de la foi. Donc ces délits si graves ne sont pas « couverts » ! Je répète : une suspicion règne face à l’Eglise, surtout sur son intégrité morale et sa capacité à rendre justice, par ses propres tribunaux, aux victimes, et à punir le ou les coupables. Mais ce qui compte absolument c’est que justice et vérité soient rendus :  l’Eglise est capable de faire la lumière sur ces très graves offenses, et elle sera toujours du côté des victimes ! De plus, la préscription de 10 ans, contrairement aux législationx civiles de quelques pays, peut-être levée.

>  Mais aujourd’hui le secret et le silence sont suspects : la justice civile, et la justice de certains médias, seraient les seules valables, bien au-delà de tout soupçon...

 

2.  Les graves délits

Nous avons joint au téléphone un prêtre travaillant au Saint Siège et fin connaisseur de la Curie romaine.

Il rappelle que les documents en latin s’adressent aux évêques et touchent des sujets graves et sensibles, mais ne sont pas secrets.

Il cite saint Paul : 1Tm, 5, 19 : « Ne reçois d’accusations qu’en présence de 2 ou 3 témoins »(tradition juive), et 1 Cor 6 ,1, qui dit en substance de ne pas créer de scandale… La règle de l’Eglise est celle de la prudence et du discernement. Tous les jours des prêtres sont accusés faussement (et de Rome on le voit très bien) sans qu’ils soient coupables de quoi que ce soit.

Mais les accusations sont retenues scrupuleusement [par Rome] si une victime et plusieurs personnes acceptent de parler, de témoigner, et si les accusations concordent. Après un procès ecclésiastique, de graves sanctions frappent les prêtres reconnus coupables.

Pour affronter le grave scandale et l’offense faite aux enfants et à Dieu dans la pédophiliede prêtres, notre interlocuteur note que le cardinal Ratzinger s’est montré très sévère, envers les USA notamment, déposant quelques 300 prêtres.

Donc :

>  le « silence » n’existe pas : les tribunaux de l’Eglise s’occupent de ces graves délits en rendant la justice. L’Eglise aura aussi le droit et même le devoir de laisser la justice civile opérer un procès.

 

3.  Perspective

La BBC conclut très justement que "la protection des enfants" est du domaine public. Alors soyons francs et cohérents : protégeons nos enfants [...] d’un érotisme sournois et diffus ; surtout d’une pornographie accessible très facilement par des enfants dès l’âge de 10 ans (voir moins) par certains journaux avec des annonces explicites ; des site porno sur Internet (mesure : mettre un filtre comme www.optenet.com) ; de certains programmes de télévision (filtrons certaines chaînes de notre TV) ; ou des portables avec sms ou mms, ou Internet . Certains artistes, cinéastes et hommes politiques ont prôné la pédophilie, même dans des livres. Cela est simplement intollérable. Il faut combattre la pédophilie dans tous les milieux. Il faut que l'Eglise donne l'exemple. La BBC va-t-elle nous aider à aller dans ce sens ?

Les commentaires sont fermés.