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mardi, 07 décembre 2010

Asia Bibi: en attente du procès

source: Lahore (Agence Fides)

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– La Haute Cour de Lahore a prolongé aujourd’hui la suspension de la peine concernant Asia Bibi – la jeune femme chrétienne condamnée à mort pour blasphème – jusqu’au 23 décembre. Le même jour, la Cour devrait annoncer la date de la première audience du procès en appel. La Cour a également ordonné au gouvernement du Pakistan de « ne pas amender la loi sur le blasphème avant la décision finale du procès concernant Asia Bibi ».


Cette indication constitue une interférence évidente de la magistrature dans les prérogatives du Parlement et du gouvernement, qui détiennent le pouvoir législatif et exécutif : avocats, hommes politiques et membres éminents de la société civile ont commenté à Fides cette ordonnance de la Haute Cour la qualifiant « d’inadmissible, fourrière de confusion et de conflit de pouvoirs : la Cour ne peut aucunement conditionner les travaux du Parlement ou du Gouvernement ». Ce qui est clair, notent les sources de Fides, c’est que « le cas d’Asia Bibi est en train de se politiser et que si d’un côté, il existe des tentatives visant à l’insérer dans le cadre des disputes politiques, de l’autre est en cours une instrumentalisation grossière de la part des groupes islamiques radicaux ».


Hier en effet, à Islamabad, les militants radicaux de la Jamaat-e-Islami (JI) ont manifesté devant le Parlement demandant au gouvernement de s’occuper des « problèmes réels du pays », citant l’inflation, « le rapport de sujétion vis-à-vis des Etats-Unis » et demandant d’abandonner la révision de la loi sur le blasphème.


Entre temps, le travail de la Commission chargée par le Président Zardari de revoir la loi est sur le point de commencer et, comme le disent des sources autorisées de Fides au sein du gouvernement pakistanais, « la Commission compte d’obtenir un résultat et d’exprimer une proposition de révision d’ici trois mois ».
La famille d’Asia Bibi a appris avec tristesse la nouvelle du renvoi de la procédure et se prépare à célébrer Noël sans Asia : « Ce sera un Noël au cours duquel tous les chrétiens du Pakistan se souviendront et prieront pour Asia et pour sa famille. Alors que la politique se livre à ses jeux, une victime innocente souffre en prison et des enfants sont privés de leur mère », remarque pour Fides Haroon Barket Masih, responsable de la « Fondation Masih » qui prend soin de la famille et assure l’assistance légale d’Asia, remarquant que « le procès en appel pourrait durer environ un an ».


Selon des données officielles diffusées aujourd’hui dans la presse pakistanaise, 130 personnes se trouvent en prison pour blasphème dans différentes prisons du Punjab. De ce total, 64 ont été condamnées alors que 52 attendent la fin de leur procès. Parmi les condamnés, 12 (dont Asia Bibi) sont condamnés à mort alors que les autres ont été condamnés à perpétuité ou à d’autres peines. Seuls huit condamnés sont chrétiens, les 122 autres étant musulmans. Des huit chrétiens, deux sont des femmes (il s’agit d’Asia Bibi et de Riqqiya Bibi, épouse de Munir Masih, voir Fides 27/11/2010).

(PA) (Agence Fides 6/12/2010)

Pakistan : Menaces de mort à l'encontre du ministre Bhatti


07 Décembre 2010 source DEPECHES CATHOBEL - INTERNATIONAL - Pakistan


Depeches_Cathobel_Pakistan_drapeau__7231.pngL'organisation terroriste islamique "Lashkare-Toiba", l'une des plus importante d'Asie du Sud, et d'autres groupes talibans ont lancé une proclamation officielle (une sorte de fatwa) contre le ministre chargé des Minorités religieuses, le catholique Shabhaz Bhatti.Comme l'indiquent des sources fiables de l'agence Fides au Pakistan, le ministre est désormais dans le collimateur des militants : il devient un "objectif légitime" et "doit être tué en tant que complice de blasphème". En cause : son engagement en faveur de la révision de la loi sur le blasphème.


Le ministre avait déjà reçu des avertissements et des menaces : l'organisation radicale "Majlis Ahrar-e-Islam", ces derniers jours, lui avait intimé l'ordre de "fermer sa bouche et de ne pas critiquer la loi sur le blasphème". Voici quelques mois, le chef religieux Ahmed Mian Hammadi l'avait accusé de blasphème, le menaçant même de "décapitation". La position du ministre sur le cas d'Asia Bibi et ses efforts continus pour l'aboutissement d'un projet de révision de la loi ont provoqué, dans un climat d'intolérance croissante, la nouvelle fatwa de groupes terroristes de la galaxie des talibans.


Mehdi Hasan, président de la Commission pour les Droits de l'Homme du Pakistan, commente pour Fides : "Nous condamnons ces proclamations irresponsables des groupes extrémistes et nous exprimons notre solidarité au ministre Bhatti. Nous sommes dans une situation de polarisation et d'intolérance croissantes. Mais, certains partis politiques cherchent à exploiter le soutien des groupes militants islamiques. Il est du devoir du gouvernement d'arrêter les terroristes, mais le gouvernement fait lui aussi objet de pressions".
"La situation sociale prend un vilain pli et la tension s'accroît. Les pressions des groupes fondamentalistes se font plus fortes et les manifestations se succèdent. Nous sommes préoccupés du fait de possibles violences pouvant concerner les leaders chrétiens et les lieux de culte" a indiqué un membre de la communauté chrétienne.


Les manifestations se succèdent (le 3 décembre à Quetta et Lahore, le 5 décembre à Islamabad). Néanmoins, le travail de sélection visant à la formation de la Commission se poursuit. Celle-ci comprendra des leaders politiques, des chercheurs et des religieux islamiques ainsi que des représentants de la société civile et devra rédiger une proposition de révision, afin de prévenir les abus résultant de l'application de cette norme.


Le ministre chargé des Minorités religieuses, Shabhaz Bhatti, ne se laisse pas décourager, ni impressionner par les nouvelles menaces des groupes terroristes : "Ma mission en faveur de la justice, des droits de l'homme et de la défense des minorités se poursuivra. J'ai confiance en Dieu" déclare-t-il dans un entretien accordé en exclusivité à l'agence Fides.


"Les menaces et les tentatives d'intimidation se succèdent. J'en prends toujours connaissance avec préoccupation, mais la mission de ma vie est de protéger la liberté religieuse, les droits des minorités, la justice et l'égalité : je continuerai à le faire sans hésitation. Je poursuivrai mon engagement malgré les proclamations de certains groupes qui, par ailleurs, sont hors la loi et nuisent à l'image du pays."
"Je suis profondément croyant et les paroles du Pape sont très importantes pour ma vie. Je le remercie pour sa proximité et pour la solidarité qu'il a exprimé à l'égard des chrétiens du Pakistan. Son réconfort m'encourage à témoigner la foi dans ma vie, malgré les difficultés. Je demande au Saint-Père et à tous les fidèles du monde de prier pour moi."


 Ctb/zenit/fides/at

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