lundi, 19 avril 2010
Les larmes de Joseph
"En écoutant mon histoire, Ratzinger a pleuré"
d' Andrea Tornielli
"Cela fut un cadeau vraiment très beau, après toutes ces souffrances, nous avons tous pleuré et le Pape aussi". Joseph Magro a 38 ans, et montre avec fierté le rosaire qu'il vient de recevoir des mains du Pape. Avec 7 autres victimes d'abus sexuels subis dans l'orphelinat Saint Joseph, il a pu parler entre 4 yeux quelques minutes avec Benoît XVI, loin des caméras, dans la chapelle de la nonciature.
Pouvez-vous raconter ce qu'il s'est passé ?
J'ai subi des abus sexuels à partir de l'âge de 15 ans, entre 1988 et 1990, dans l'orphelinat Saint Joseph. Le prêtre, le Père Charles Pulis, venait me réveiller le matin et m'embrassait sur la bouche, puis me masturbait. Je ne pouvais pas parler, ni me rebeller, je ne pouvais rien dire, car il me menaçait de me mettre dehors. Il y a 7 ans, un procès s'est ouvert, mais nous n'avons pas encore eu la sentence, nous n'avons pas encore obtenu justice.
Comment fut la rencontre avec le Pape ?
Je n'avais plus la foi dans les prêtres, mais après cette expérience qui m'est arrivée je recommence à espérer. Vous en Italie, vous avez un saint. Compris ? Vous avez un saint!
Puis-je vous demander quelles furent les paroles échangées avec le Pape Benoît XVI ?
Lorsque je lui ai dit que je m'appelais Joseph, le Pape a ouvert grand les yeux: "Joseph, comme moi! " Je lui ai demandé: "pourquoi le prêtre m'avait fait cela, pourquoi il m'avait abusé ?". Il m'a répondu qu'il priait pour moi, et nous avons prié ensemble.
Comment réagissait le Pape durant ces moments ?
Je fus très touché par le fait qu'il éprouvait une grande douleur. Cela se voyait qu'il souffrait avec moi. Je ne voulais pas le faire souffrir, je ne lui ai pas raconté les abus que j'ai subis, mais lui a pleuré avec moi, bien qu'il n'ait aucune culpabilité pour ce qui m'est arrivé.
Vous vous attendiez à cette rencontre ?
Non, et ce fut un grand cadeau pour moi, être écouté de cette façon et écouté par lui. J'avais entendu son discours à l'aéroport, samedi après-midi, et il n'y eut aucune mention des abus. Mais ce matin (le 18 avril), après 9heures, j'ai reçu un téléphone: je devais aller à la maison de l'évêque car il nous porterait vers le Pape. J'ai eu finalement un peu de paix grâce à cette rencontre. Il m'a donné un chapelet, celui que je porte au cou.
AnTor
Traduit de l'italien par le Suisse Romain
© Copyright Il Giornale, 19 avril 2010
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