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dimanche, 18 avril 2010

Benoît XVI à Malte

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VISITE À LA GROTTE DE SAINT PAUL

Rabat
Samedi 17 avril 2010

Chers Frères et Sœurs,

Mon pèlerinage à Malte a commencé par un moment de prière silencieuse dans la Grotte de Saint Paul qui, le premier, a porté la foi à ces îles. J’ai mis mes pas dans ceux des innombrables pèlerins des siècles précédents qui ont prié dans ce lieu saint, confiant leurs personnes, leurs familles et la prospérité de cette nation à l’intercession de l’Apôtre des Gentils. Je me réjouis d’être enfin parmi vous et je vous salue tous avec grande affection dans le Seigneur!

Le naufrage de Paul et son séjour de trois mois à Malte ont laissé un signe indélébile dans l’histoire de votre pays. Ses paroles à (l’adresse de) ses compagnons, avant son arrivée à Malte, nous sont rapportées par les Actes des Apôtres et ont constitué le thème retenu pour votre préparation à ma visite. Ces paroles - «Jehtieg izda li naslu fi gzira»[1] -, dans leur contexte originel, sont une invitation au courage devant l’inconnu et à une confiance indéfectible dans la mystérieuse Providence de Dieu. Les naufragés ont été, en effet, chaleureusement accueillis par le peuple maltais, selon l’exemple donné par saint Publius. Dans le plan de Dieu, saint Paul est ainsi devenu votre père dans la foi chrétienne. Grâce à sa présence parmi vous, l’Évangile de Jésus Christ s’est profondément enraciné et a produit des fruits non seulement dans la vie des personnes, des familles et des communautés, mais aussi dans la formation de l’identité nationale de Malte et dans sa culture vivante et singulière.

Le labeur apostolique de Paul a aussi porté un fruit abondant à travers les générations de prédicateurs qui ont suivi ses pas, et particulièrement dans le grand nombre de prêtres et de religieux qui ont imité son zèle missionnaire en quittant Malte pour porter l’Évangile vers des rives lointaines. Je suis heureux d’avoir eu l’opportunité de rencontrer aujourd’hui beaucoup d’entre eux dans cette église Saint-Paul, et de les encourager dans leur vocation pleine d’audace et souvent héroïque. Chers missionnaires, je vous remercie tous, au nom de toute l’Église, pour le témoignage que vous rendez au Seigneur Ressuscité et pour vos vies consacrées au service des autres. Votre présence et votre activité dans tant de pays du monde fait honneur à votre pays et témoignent d’un élan évangélique profondément ancrée dans l’Église de Malte. Demandons au Seigneur de susciter un plus grand nombre d’hommes et de femmes pour poursuivre la noble mission d’annoncer l’Évangile et d’œuvrer pour le progrès du Règne du Christ sur toute terre et chez tous les peuples!

L’arrivée de saint Paul à Malte n’était pas programmée. Comme nous le savons, il était en route pour Rome quand une violente tempête s’est levée et que son navire s’est échoué sur cette île. Les marins peuvent bien tracer la route du voyage, mais Dieu, dans sa Sagesse et dans sa Providence, construit son propre itinéraire. Paul, qui avait rencontré d’une manière retentissante le Seigneur Ressuscité sur la route de Damas, le savait très bien. Le cours de sa vie changea brusquement; désormais, pour lui, vivre c’était le Christ (cf. Ph 1,21); toute sa pensée et son action étaient orientées vers la proclamation du mystère de la Croix et de son message de réconciliation offert par l’amour de Dieu.

Cette même parole, la parole de l’Évangile, a encore aujourd’hui la force de pénétrer dans nos vies et d’en changer le cours. Aujourd’hui le même Évangile prêché par Paul continue d’interpeller la population de vos îles à la conversion, à une vie nouvelle et à un avenir d’espérance. Me trouvant parmi vous comme le successeur de l’Apôtre Pierre, je vous invite à écouter de nouveau la Parole de Dieu, comme l’ont fait vos aïeux, et à la laisser changer vos manières de penser et la manière de conduire vos vies.

Depuis ce lieu saint d’où la première annonce apostolique s’est propagée dans toutes ces îles, je lance un appel à chacun de vous à faire sien l’exaltant défi de la nouvelle évangélisation. Vivez toujours plus pleinement votre foi avec les membres de vos familles, avec vos amis, dans vos quartiers, dans votre lieu de travail et dans l’ensemble du tissu social maltais. Je vous invite particulièrement vous les parents, les enseignants et les catéchistes à parler aux autres de votre lien vivant avec Jésus Ressuscité, spécialement aux jeunes qui sont l’avenir de Malte. «La foi s’affermit lorsqu’on la donne [aux autres]» (cf. Redemptoris Missio, 2). Croyez que le temps que vous consacrez à la prière constitue vraiment une rencontre avec Dieu qui, dans sa très grande puissance, touche le cœur de l’homme. Ainsi, vous introduirez les jeunes à la beauté et à la richesse de la foi catholique, et leur donnerez une solide catéchèse en les invitant à une participation toujours plus active à la vie sacramentelle de l’Église.

Le monde a besoin de ce témoignage! Face aux si nombreuses menaces qui pèsent sur le caractère sacré de la vie humaine et sur la dignité du mariage et de la famille, nos contemporains n’ont-ils pas besoin qu’on leur rappelle constamment la grandeur de notre dignité de fils de Dieu et de la noble vocation que nous avons reçue dans le Christ? Les sociétés n’ont-elles pas besoin de se réapproprier et de défendre ces vérités morales fondamentales qui restent le fondement d’une liberté authentique et d’un progrès véritable?

À l’instant, alors que je me tenais devant la Grotte, j’ai médité sur le grand don spirituel (cf. Rm 1,11) que Paul a donné à Malte, et j’ai prié pour que vous puissiez garder intact l’héritage que le grand Apôtre vous a légué. Que le Seigneur vous confirme ainsi que vos familles dans la foi qui agit par la charité (cf. Ga 5,6), et fasse de vous des témoins joyeux de l’espérance qui ne déçoit jamais (cf. Rm 5,5). Le Christ est ressuscité! Il est vraiment ressuscité! Alléluia.



[1] « Mais nous devons échouer sur une île » (Ac 27,26)

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