mercredi, 17 mars 2010
Hans Küng et son célibat
source: Benoît et moi
A QUEL JEU SE PRÊTE HANS KÜNG?
Il "élucubre" sur le célibat des prêtres... juste avant la curée contre Benoît XVI, à propos des affaires de pédophilie. Vous avez dit bizarre?
Un texte important d'Yves Chiron, dans "Présent" de samedi dernier (16/3/2010)
Urbis et orbis
Les élucubrations de Küng sur le célibat sacerdotal
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Le 15 décembre 1979, la Congrégation pour la doctrine de la foi jugeait que « le professeur Hans Küng a manqué dans ses écrits à l’intégrité de la vérité dans la foi catholique. En conséquence, il ne peut plus être considéré comme théologien catholique, et ne peut comme tel exercer une charge d’enseignement ». Pourtant, par un subterfuge juridico-administratif, il réussira à rester professeur et directeur de l’Institut de recherches œcuméniques lié à la faculté de théologie catholique de Tübingen.
Il a continué aussi à faire des conférences dans le monde entier, à publier des articles dans les revues de théologie et à être édité en plusieurs langues par des éditeurs, catholiques ou non. En France, après les éditions du Seuil, ce sont, depuis plusieurs années, les Dominicains qui éditent Küng aux Editions du Cerf. Dernier ouvrage paru : le tome II de ses Mémoires où l’adversaire de la doctrine de l’infaillibilité pontificale (entre autres) se montre si sûr de lui.
Comme pour entretenir le buzz, avec un sens avisé du marketing, Hans Küng, impénitent, publie un grand article dans Le Monde, intitulé : « Pour lutter contre la pédophilie, abolissons le célibat des prêtres ». Prenant prétexte des nombreuses affaires de pédophilie et d’abus sexuels qui ont concerné des membres du clergé catholique aux Etats-Unis, en Irlande, en Allemagne et ailleurs, le théologien suisse allemand affirme péremptoirement que le célibat imposé au clergé catholique est la « racine de tous les maux ». Et il fait semblant de s’interroger : « Pourquoi le phénomène est-il à ce point massif justement dans les Eglises catholiques dirigées par des hommes non mariés ? »
Evidemment, dix objections viennent aussitôt à l’esprit. Ce « phénomène » de prêtres immoraux est-il aussi « massif » qu’on le dit ? Il faudrait faire la part des rumeurs, des fausses affirmations, des exagérations. D’autre part, si célibat érigé en règle et immoralité des mœurs étaient si étroitement liés, on aurait dû constater un tel « phénomène massif » dans toutes les décennies du XXe siècle, au XIXe siècle, etc. N’y aurait-il pas un lien plutôt entre les cas plus nombreux de prêtres pédophiles et immoraux, ces dernières années, et un autre « phénomène massif » contemporain, la vague déferlante toujours plus envahissante et visible (sur les affiches, les publicités, les écrans télévisés) des images pornographiques et indécentes ? N’y aurait-il pas un lien aussi avec cet autre « phénomène massif » qu’est la crise d’identité sacerdotale qui a frappé le clergé depuis plusieurs décennies maintenant ?
« Institué au XIe siècle » ?
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Les adversaires de la soutane nous disent qu’elle ne date que du XVIIe siècle. Ils oublient toutes les prescriptions sur l’habit ecclésiastique qui sont répétées, de concile en concile, tout au long du Moyen-Age. Le professeur Hans Küng affirme, comme une vérité incontestable, que le célibat ecclésiastique « n’était pas encore en vigueur pendant le premier millénaire de l’ère chrétienne. En Occident, il a été institué au XIe siècle sous l’influence de moines (qui, eux, étaient des célibataires par choix) ».
Sans entrer dans les raisons proprement théologiques du célibat (sens christologique, sens eschatologique et sens ecclésiologique que rappelait, par exemple, Paul VI dans son encyclique de 1969), les données historiques, bien connues, montrent que le professeur Küng affirme des choses fausses.
Dès l’Antiquité chrétienne, Pères de l’Eglise et auteurs chrétiens en témoignent, la pratique du célibat des clercs est jugée la meilleure, même si elle n’a pas encore fait l’objet de canons disciplinaires. A partir du concile d’Elvire, en Espagne, vers 300 (un des plus anciens, sinon le plus ancien concile provincial connu), sont émises des prescriptions précises sur la sexualité des prêtres. Le premier concile œcuménique, le concile de Nicée en 325, prescrit dans son 3e canon : « Le grand concile interdit de manière absolue de permettre aux évêques, aux prêtres, aux diacres, en un mot à tous les membres du clergé, d’introduire auprès d’eux une compagne, à moins que ce ne fût une mère, une sœur, une tante ou enfin les seules personnes qui échappent à tout soupçon. »
Odette Pontal, la grande spécialiste des conciles provinciaux dans la France médiévale, a bien résumé l’état historique de la question du célibat ecclésiastique : « Le célibat ecclésiastique qui, du Ier au IVe siècle, avait été en honneur sans être obligatoire, tomba du IVe au XIIe siècle sous le coup de lois très précises et beaucoup plus rigoureuses en Occident qu’en Orient : tout l’Occident reste en effet très ferme à proclamer que les évêques, prêtres et diacres mariés doivent s’abstenir de tous rapports conjugaux. Le mariage est interdit aux Clercs déjà engagés dans les ordres » (Odette Pontal, Histoire des conciles mérovingiens, Cerf, 1989, p. 265).
Le professeur Küng, en opposant la pratique du premier millénaire chrétien à la suite de l’histoire de l’Eglise, trahit la vérité historique et trompe ses lecteurs.
YVES CHIRON
Article extrait du n° 7051 de Présent, du Samedi 13 mars 2010
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