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mercredi, 10 mars 2010

Eglise: Le grand déballage

0010-1.jpgAprès les USA, l'Australie, l'Irlande, l'Allemagne, la Hollande, c'est au tour de l'Autriche. Nous comprenons d'autant mieux les paroles prophétiques du Cardinal Ratzinger lors du chemin de croix en 2005, alors que Jean Paul II offrait pour l'Eglise ses ultimes souffrances en portant la croix dans sa chapelle privée. Le futur Benoît XVI eu des paroles claires et nettes: il y a de la corruption parmi les hommes d'Eglise. L'induction de l'année sacerdotale n'est pas étrangère à cette dure réalité:"nous croyons en l'Eglise une sainte catholique et apostolique, faite d'hommes pécheurs, avec des scandales intolérables". Le Pape a voulu présenter au monde le Saint Curé d'Ars pour sanctifier les prêtres du monde entier.

Enfin, la justice et le coeur va avant toute chose pour les victimes des abus. Ces dernières doivent devenir premières, avoir la priorité, être entendues, reconnues, aidées, obtenir justice et réparation. L'Eglise est experte en humanité, elle a un coeur et c'est cela que le monde doit entendre. Benoît XVI, tout comme son frère Goerg Ratzinger, sont au-dessus de tous soupçons. Quelles calomnies peuvent circuler sur ces deux frères !! Joseph Ratzinger a aussi été élu Pape pour enrayer cette crise et guérir ce cancer.

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article paru dans "Le Matin" du 10 mars 2010 - pp.12- 13

Eglise: c’est le grand déballage

Pédophilie Il ne se passe plus un jour sans que de nouveaux cas d’abus commis sur des enfants dans des institutions catholiques soient dévoilés.

Depuis des semaines, c’est l’escalade dans l’horreur. Chaque jour ou presque, de nouveaux cas d’abus sexuels commis sur des enfants au sein de l’Eglise catholique remontent à la surface. Partout, des histoires ignobles. Et partout la même polémique. Au mieux, on suspecte l’Eglise d’avoir voulu discrètement régler les problèmes à l’interne. Au pire, on l’accuse d’avoir étouffé les cas, laissant parfois les pédophiles continuer leurs méfaits.

Les nouvelles, hier, sont venues des Pays-Bas. Après la révélation d’abus perpétrés sur des enfants dans les années 1960 dans un internat proche d’Arnhem, 200 victimes se sont annoncées. Résultat: les autorités religieuses catholiques ont annoncé hier l’ouverture d’une enquête nationale, «large, externe et indépendante». L’Autriche, elle, vient de découvrir des abus sexuels dans deux institutions religieuses, commis dans les années 1970 et 1980. Hier, à la radio, le père supérieur de l’abbaye Saint-Pierre de Salzbourg a reconnu avoir abusé à une reprise d’un enfant et a proposé sa démission.

L'Allemagne traumatisée

Partout, c’est la curée. Mais après avoir écœuré les Etats-Unis ou l’Irlande, les affaires de pédophilie liées à l’Eglise traumatisent aujourd’hui surtout l’Allemagne. Là, le scandale a débuté fin janvier. Il ne cesse depuis de prendre de l’ampleur. La bombe est venue du Spiegel. Dans les années 1970 et 1980, a révélé fin janvier l’hebdomadaire, au moins deux professeurs ont commis des violences systématiques dont des viols sur des dizaines de mineurs dans le prestigieux collège jésuite Canisius de Berlin. 120 abusés se sont aujourd’hui manifestés.

Les révélations ont continué. Des victimes ont osé parler dans d’autres collèges jésuites, à Hanovre, à Bonn, à St. Blasien. Puis dans d’autres établissements catholiques: internats, foyers d’enfants et même un centre pour handicapés… La semaine dernière, la polémique a atteint Georg Ratzinger, le frère du pape. De 1964 à 1993, il était le maître de chapelle de l’institution millénaire des «petits chanteurs de Ratisbonne», en Bavière. Or l’évêché de Ratisbonne reconnaît deux anciens cas d’abus sexuels avérés et de nombreux autres soupçonnés durant cette période. Le frère du pape était-il au courant? Il affirme que non.

En fin de semaine dernière toujours, un rapport a dévoilé qu’une centaine d’enfants ont été «massivement victimes de sévices» infligés par une dizaine de prêtres dans le monastère bénédictin d’Ettal, non loin de Munich. Et ce durant des décennies.

En Allemagne, c’est la stupeur. «Ces affaires sont désastreuses pour l’image de l’Eglise, note Roland Campiche, directeur honoraire de l’Observatoire des religions en Suisse. C’est pourquoi l’institution a longtemps eu la tentation de camoufler ces cas et de les gérer elle-même, avec sa propre justice.»

Fin d'un tabou

Mais fini le secret: les victimes brisent le tabou. La boîte de Pandore est ouverte en Allemagne, même si les crimes, souvent anciens, sont presque tous prescrits. Un grand déballage qui, du point de vue des victimes, peut avoir un effet «bénéfique». «On sait que certaines victimes ne parleront jamais de leur passé trop douloureux, note l’ancienne juge d’instruction Françoise Morvant. Mais on peut imaginer que d’autres, se rendant compte qu’elles ne sont pas seules, trouveront la force de parler des abus qu’elles ont subis», explique la présidente de la Commission SOS Prévention, créée il y a deux ans par le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg pour enregistrer les cas d’abus sexuels dans l’Eglise catholique.

Reste qu’en Allemagne après la stupeur est venue la colère. Ministre de la Justice, Sabine Leutheusser-Schnarrenberger a reproché au Vatican d’avoir entravé les enquêtes sur les abus sexuels dans des établissements catholiques, où régnait «un mur de silence». Elle a même attaqué frontalement le pape. Selon elle, une directive datant de 2001 précise que «des abus aussi graves sont soumis à la confidentialité du pape et ne doivent pas être divulgués à l’extérieur de l’Eglise». Or cette directive émane de Joseph Ratzinger, le futur Benoît XVI, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.

Le Vatican face au déluge

«La lettre de 2001 souvent citée de façon inopportune comme la cause d’une «culture du silence» était au contraire un signal déterminant pour rappeler la gravité du problème à l’épiscopat et donner une impulsion réelle à l’élaboration de directives sur ce sujet», a répliqué hier Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège. Qui a salué la réaction «rapide» et «déterminée» des Eglises allemande, autrichienne et néerlandaise.

Face à ce déballage généralisé, le pape Benoît XVI tente manifestement de faire front. Mi-février, lors d’une rencontre qualifiée d’«historique», il s’est entretenu avec une vingtaine d’évêques irlandais. Il a alors qualifié les abus sexuels sur des mineurs de «crime ignoble» et de «péché grave» et a conclu à «l’échec des responsables de l’Eglise irlandaise pendant des années à agir efficacement.» La semaine prochaine, le pape rencontrera Robert Zollitsch, le président de la conférence épiscopale allemande.

Bref, pour l’instant, face au déluge, le Vatican semble ne pouvoir que tenter de colmater les brèches, qui s’ouvrent l’une après l’autre. 

Sébastien Jost et Renaud Michiels

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«Le célibat des prêtres n’est pas le problème»

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Comment la Conférence des évêques suisses (CES) réagit-elle face aux nombreux cas d’abus sexuels qui secouent l’Eglise catholique en Irlande et en Allemagne?

Nous observons avec beaucoup d’attention ce qui se passe chez nos voisins. Depuis quelques années, la Suisse a pris des mesures pour bien réagir dans des cas d’abus sexuels. Nous sommes toujours attentifs à voir de quelle manière il est possible de les améliorer.

Quelles mesures avez-vous prises?

Nous travaillons sur trois axes. Le premier est la prévention lors de la formation des prêtres, le deuxième la protection et l’aide aux victimes et le troisième la création de la transparence.

Comment?

Il y a des lignes directrices publiques. Chaque diocèse possède un lieu où les victimes peuvent s’adresser. Ce sont des groupes d’experts regroupant des psychologues, des juristes et des personnes issues de la pastorale qui traitent ces cas.

La divulgation de ces cas d’abus sexuels relance-t-elle le débat sur le mariage des prêtres?

Le célibat des prêtres n’est pas le problème. Il n’y a qu’à voir les très nombreux cas d’abus sexuels qui ont lieu au sein des familles pour s’en rendre compte. Ce qui compte, c’est la prévention. Ce qui est important, c’est de promouvoir une attitude saine face à la sexualité. Les prêtres, comme chaque homme et chaque femme, doivent être conscients de leur sexualité et apprendre à la maîtriser.

Le mariage des prêtres n’est donc pas un sujet de discussion en Suisse?

Si. Il y a des évêques suisses qui parlent avec leurs fidèles de la possibilité de voir des prêtres se marier. Mais au niveau de l’Eglise universelle, c’est une vision très minoritaire.

La commission «abus sexuels dans le cadre de la pastorale» de la CES a enregistré dix cas d’abus sexuels depuis 2003. Selon une estimation du journal «Sonntag», le nombre d’abus pourrait être de 60, qu’en pensez-vous?

Chaque diocèse traite les cas qui ont lieu sur son territoire. Il transfère les cas graves à la commission. Les six dernières années, il y a eu neuf dossiers qui ont été transmis. Il est possible qu’il y en ait eu de moindre importance qui aient été traités au niveau du diocèse.

Beaucoup de gens prétendent que l’Eglise ne joue pas la transparence et couvrent les coupables. Que leur répondez-vous?

C’est inexact. Il n’y a qu’à voir le dernier cas en date à Coire. L’évêché a porté plainte aux côtés de la victime contre un collaborateur accusé de harcèlement sexuel. Aujourd’hui, l’Eglise, comme la société d’ailleurs, est beaucoup plus consciente de l’importance du phénomène des abus sexuels. Il y a quarante ou cinquante ans, c’était une autre histoire. Depuis, l’Eglise a développé des outils pour lutter contre ces agissements atroces.

Il n’y a donc plus aucun risque que des abus sexuels aient lieu au sein de l’Eglise catholique en Suisse?

Lorsqu’on connaît la nature des hommes, il n’est pas possible d’affirmer cela. Mais ce qui est sûr c’est que nous ne tolérerons aucun abus et que les coupables ne seront pas couverts.

 

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