Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 05 février 2010

Mgr Romero, archevêque martyr et futur saint ?

images-1.jpegLe blog de Patrice de Plunkett, qui a malheureusement basculé quelque peu dans une récupération, pafois agressive, d'une certaine politique de la théologie de la libération, mentionne que "la conférence épiscopale du Salvador demande au pape Benoît XVI la "conclusion rapide" du procès en béatification de l'archevêque Óscar Arnulfo Romero, trente ans après son assassinat qui sera commémoré le 24 mars prochain.  Mgr Romero, archevêque de San Salvador, a été assassiné le 24 mars 1980 tandis qu'il célébrait une messe à l'hôpital de la Divine Providence".

Pour comprendre cette réalité, revenons sur le voyage de Benoît XVI au Brésil en mai 2007, puis sur le grand livre " Entretien sur la Foi" du Cardinal Ratzinger avec le journaliste italien Vittorio Messori. Cet ouvrage fit grand bruit à l'époque alors que l'Eglise se préparait à fêter les 20 ans de la conclusion du Concile Vatican II. (1965-1985)

1. Entretien des journalistes à bord de l'avion papal.

Dans l’avion qui l’emmenait à São Paulo, le 9 mai, Benoît XVI s’est livré à une conférence de presse improvisée avec les journalistes qui l’accompagnaient. Le pape a ouvert le feu avec une brève introduction, puis a répondu de manière simple et directe aux questions sur l’excommunication des politiciens pro-IVG, la théologie de libération, et la béatification de Mgr Oscar Romero. Les questions n’avaient pas été soumises à l’avance, et l’échange a duré environ 26 minutes, principalement en italien. Voici le texte la 9ème question de l'agence française I.Media, basée à Rome, spécialiste des questions vaticanes ? ( notons que très bizarement, cette question et sa réponse n'apparaîtra pas dans la communication officielle du Saint-Siège, supervisée par la Sercrétairie d'Etat ).

 

D’I-Média, France. - Votre sainteté, nous arrivons dans le continent de l’archevêque Oscar Romero. Beaucoup parlent de son procès de béatification. Pouvez-vous nous dire où nous sommes ? Est-il prêt pour la béatification ? Comment voyez-vous cette figure ?

Je n’ai pas les dernières informations de la congrégation compétente. Je sais qu’il y a beaucoup de questions en suspens à travers ce procès. Je sais que sa cause avance très bien. L’évêque de Terni, Mgr Paglia, a écrit une biographie très importante, qui clarifie beaucoup de points qui étaient en discussion. Mgr Romero était certainement un grand témoin de la foi. Il était un homme de grande vertu chrétienne, qui s’était dévoué à la paix et contre la dictature. Il a été tué au cours de la consécration, c’était donc une mort véritablement incroyable, un témoignage de la foi. Le problème est que quelques factions politiques ont voulu s’approprier Romero pour eux-mêmes, comme une bannière, injustement. Comme [Mgr Paglia] le montre très bien, la figure [de Mgr Romero] lui-même nous libère de ces tentatives injustes. Cet évêque, en tant que personne, mérite la béatification, je n’ai aucun doute. Mais nous devons regarder le contexte, et j’attends ce que la congrégation me dira.

 

2. Le cardinal Ratzinger et la théologie de la libération

(source: Benoît et moi)

Durant l'été 85, Vittorio Messori s'entretenait avec le cardinal Ratzinger à Bressanone.Le fruit de ces entretiens est le fameux "Rapport Ratzinger", traduit en français sous le titre "Entretien sur la foi." Le livre comporte un chapitre entier sur le sujet de la théologie de la libération (la CDF, qu'il présidait, s'apprêtait à publier une instruction). Il est très intéressant de relire la position personnelle du théologien Joseph Ratzinger sur le sujet (pages 232-233)

- « La théologie de la libération, dans ses formes qui se rattachent au marxisme, n'est absolument pas un produit autochtone, indigène, d'Amérique latine ou d'autre zones sous-développées où elle serait née et aurait grandi quasi spontanément par l'action du peuple. Il s'agit en réalité, au moins à l'origine, d'une création d'intellectuels ; et d'intellectuels nés ou formés dans l'Occident opulent : ce sont des Européens, les théologiens qui l'ont fait naître ; ce sont des Européens - ou formés dans des universités européennes -, les théologiens qui la font grandir en Amérique du Sud. Derrière l'espagnol ou le portugais de ces prédications perce en réalité l'allemand, le français, l'anglo-américain. »

- Ainsi (commente Messori), selon lui, même la théologie de la libération ferait partie « de l'exportation à destination du Tiers-Monde de mythes et d'utopies élaborés dans l'Occident développé. C'est presque une tentative visant à expérimenter dans le concret des idéologies conçues en laboratoire par des théoriciens européens. D'un certain point de vue, par conséquent, c'est encore une forme d'impérialisme culturel, bien que présenté comme la création spontanée des masses déshéritées. Reste ensuite à vérifier quelle influence réelle ont en vérité sur le "peuple" ces théologiens qui disent le représenter et être leurs porte-parole. »

- Poursuivant dans cette ligne, il observe:
« En Occident, le mythe marxiste a perdu de ses charmes auprès des jeunes et des travailleurs eux-mêmes ; on tente alors de l'exporter dans le Tiers-Monde, et ce, par le truchement de ces intellectuels qui vivent, eux, hors des frontières des pays dominés par le "socialisme réel". En fait, ce n'est que là où le marxisme-léninisme n'est pas au pouvoir qu'il s'en trouve encore quelques-uns pour prendre au sérieux ses illusoires "vérités scientifiques". »

images.jpeg

3. Conclusion

Aussi, le martyr même de Mgr Romero est un signe de son don total à l'Eglise. Cette cause risque peut-être de prendre du temps, car hélas la récupération politique de cette grande figure est un risque non négligeable. Il faut savoir enfin que Mgr Romero eut comme père spirituel un prêtre de l'Opus Dei et que tout comme Jean Paul II et de très nombreux saints, il eut aussi libremement recours à la mortification. Mais seule la grâce de Dieu fait les saints. Alors prions-le et confions nous à ce martyr, cet évêque qui a tout donné jusqu'à sa vie pour le Christ et pour chacun d'entre nous.

"Cet évêque, en tant que personne, mérite la béatification, je n’ai aucun doute"

Benoît XVI


Les commentaires sont fermés.