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samedi, 19 décembre 2009

Communiquer le Verbe de Dieu

Interview réalisée par Vincent Pellegrini et parue aujourd’hui dans Le Nouvelliste

L’abbé Dominique Rimaz est un prêtre fribourgeois qui étudie depuis un an et demi à l’Université pontificale de la Sainte-Croix, à Rome. Il terminera dans une année et demie sa formation en sciences de la communication dans une faculté qui existe depuis douze ans. L’abbé Rimaz y est le seul prêtre-étudiant suisse. Quatorze français y suivent des cours, mais en théologie. Nous l’avons rencontré lors d’un pèlerinage à Rome. Et nous en avons profité pour interviewer ce prêtre qui tient aussi un excellent blog d’actualité sous le pseudonyme du «Suisse romain»(http://lesuisseromain.hautetfort.com). Un blog dans lequel il met en pratique ses études de communication et où il donne la température de l’Eglise universelle à partir de son poste d’observation privilégié à Rome.

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Notre Interview

Abbé Dominique Rimaz, après votre ordination sacerdotale vous avez obtenu l’autorisation de votre évêque, Mgr Bernard Genoud, de venir étudier la communication à Rome. Pourquoi?


J’étudie à Rome la communication sociale et institutionnelle avec bien sûr un accent mis sur la communication de l’Eglise puisque je suis dans une Université pontificale. C’est un domaine qui m’a toujours passionné et j’avais d’ailleurs commencé en Suisse des études universitaires en sciences politiques pour devenir journaliste. Après avoir passé à l’Université de Fribourg ma licence en morale, puis travaillé neuf ans en paroisse, j’ai donc demandé à Mgr Genoud de pouvoir passer à Rome une deuxième licence en sciences de la communication.


Comment vous est venue votre vocation de communicateur pour l’Eglise?


J’ai reçu la foi à Noël 1987. J’ai alors eu la certitude que Dieu existait et cette certitude ne m’a jamais quitté depuis, comme une grâce imméritée. A partir de «ma conversion», j’ai toujours suivi Jean-Paul II dans les médias. J’étais fasciné par sa capacité à communiquer. Il atteignait non seulement l’intelligence mais il touchait aussi les cœurs. Avant d’entrer au séminaire j’étais passionné aussi par les émissions radio-TV d’opinion et de débat. J’ai alors eu l’occasion de faire durant quinze mois des émissions pour la radio locale neuchâteloise RTN. J’y donnais l’actualité ecclésiale et j’ai été fasciné de voir tout ce que l’on pouvait faire pour la foi avec un simple micro.


De quelle manière avez-vous vécu depuis Rome la polémique médiatique planétaire autour de la levée par le pape des excommunications qui pesaient sur les évêques d’Ecône?


La communication du Vatican sur cette affaire aurait certes dû être meilleure et plus rapide car dans le monde des médias tout se joue en quelques minutes. Mais j’ai été surtout frappé par le fait que cette crise révélait, du point de vue de la communication, que certains épiscopats n’étaient hélas pas au diapason avec la pape.


L’Evangile se prêche et se vit, ce n’est pas du marketing…


La communication peut être aussi un outil pour inculturer la foi et l’Evangile dans notre société très médiatique. L’Eglise a d’ailleurs toujours communiqué en utilisant plusieurs canaux, comme l’art ou la littérature par exemple. La voix d’une institution divine comme la papauté doit être relayée de manière claire et efficace pour les gens. La communication offre des techniques qui aident à rendre ce message limpide et lisible par tous.


N’y a-t-il pas un risque d’affaiblir la parole de l’Eglise en la faisant passer dans le filtre des techniques de communication?


Il ne faut surtout pas céder à la tentation d’affaiblir ce message de l’Eglise qui restera de toute façon une pierre d’achoppement et un signe de contradiction pour une partie de la société. Ce n’est pas quelque chose à la mode qu’il faut communiquer mais la personne du Christ qu’il faut montrer.  On ne communique pas sur un message intellectualiste ou idéologique, mais sur des réalités et une personne. Le communicateur ne doit jamais oublier cela même s’il use des techniques de communication modernes.


Mais le communicateur ecclésial cherche quand même toujours à séduire les médias.


Il ne faut ni se méfier ni vouloir utiliser les médias qui gardent leur indépendance. L’Eglise dans le monde doit travailler encore plus avec les médias et aussi avoir ses propres médias. Si elle ne veut  pas faire d’erreur, elle doit comprendre les règles du métier de journaliste. L’Eglise sera toujours victime de sa naïveté si elle n’est pas assez professionnelle dans la communication. Comme le domaine de la foi est généralement assez peu connu des journalistes, ils peuvent se permettre de donner sur l’Eglise des informations fausses qu’ils ne se permettraient jamais de livrer en sport, en politique ou en économie…  Le manque de connaissance élémentaire des journalistes sur l’Eglise est ce qu’il y a de plus dangereux pour elle. Car le public perçoit beaucoup moins bien dans la religion que dans d’autres domaines les manipulations ou les fautes professionnelles des médias de masse. Mais le métier de journaliste n’est pas facile.  Nous devons aussi servir les personnes afin de les aider de façon désintéressée. C’est pourquoi je n’aime pas les croisades antimédias. L’Eglise se doit en tout cas d’avoir des relations professionnelles et de qualité avec les journalistes.


Au fond que demandez-vous aux journalistes?


On ne leur demande pas d’être des porte-parole mais de respecter la parole dite et son contenu pour que le public puisse entendre la note juste avant de faire son jugement. Le public doit pouvoir clairement distinguer entre ce qui a été dit et l’opinion personnelle du journaliste.


Et après vos études à Rome?


Ici à Rome, j’ai notamment un petit ministère auprès des enfants, des étudiants et des professionnels. De retour en Suisse, je me mettrai à l’entière disposition de mon évêque, que ce soit en paroisse ou ailleurs.

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