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lundi, 30 novembre 2009

Les minarets et le Vatican ?

"Assez souvent, les moyens d'information attribuent au ‘Vatican', entendant par là le ‘Saint-Siège', des commentaires et des points de vue qui ne peuvent pas lui être automatiquement attribués. En effet, lorsque le Saint-Siège entend s'exprimer de façon autorisée, il utilise les moyens qui lui sont propres et des modes adaptés (communiqués, notes, déclarations). Tout autre prise de position n'a pas la même valeur. Récemment encore, on a constaté des attributions inopportunes. Le Saint-Siège, dans ses organes représentatifs, manifeste du respect envers les autorités civiles, qui, dans leur autonomie légitime ont le droit et le devoir de pourvoir au bien commun".

Père Frederico Lombardi, directeur salle de presse du Vatican, mars 2009.

Conclusion: aucune déclaration du Saint-Siège sur cette question.

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Par contre, l'Eglise enseigne la liberté religieuse et le dialogue interreligieux. Les laïcs ordonnent la société civile, aussi les évêques et les prêtres ne font pas de politique.

Liberté orientée vers la vérité (liberté de qualité et non pas d'indifférence).

"De même encore, le Concile déclare que ce double devoir concerne la conscience de l'homme et l'oblige, et que la vérité ne s'impose que par la force de la vérité elle-même qui pénètre l'esprit avec autant de douceur que de puissance. Or, puisque la liberté religieuse que revendique l'homme dans l'accomplissement de son devoir de rendre un culte à Dieu concerne son immunité de toute contrainte dans la société civile, elle ne porte aucun préjudice à la doctrine catholique traditionnelle sur le devoir moral de l'homme et des associations à l'égard de la vraie religion et de l'unique Église du Christ".

Pas de contrainte

Cette liberté consiste en ce que tous les hommes doivent être soustraits à toute contrainte de la part soit des individus, soit des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit, de telle sorte qu'en matière religieuse nul ne soit forcé d'agir contre sa conscience, ni empêché d'agir, dans de justes limites, selon sa conscience, en privé comme en public, seul ou associé à d'autres. Il déclare, en outre, que le droit à la liberté religieuse a son fondement dans la dignité même de la personne humaine telle que l'a fait connaître la Parole de Dieu et la raison elle-même.

Un droit civil

Ce droit de la personne humaine à la liberté religieuse dans l'ordre juridique de la société doit être reconnu de telle manière qu'il constitue un droit civil. En vertu de leur dignité tous les hommes, parce qu'ils sont des personnes, c'est-à-dire doués de raison et de volonté libre, et par suite, pourvus d'une responsabilité personnelle, sont pressés par leur nature même et tenus par obligation morale à chercher la vérité, celle tout d'abord qui concerne la religion.

Ils sont tenus aussi à adhérer à la vérité dès qu'ils la connaissent et à régler toute leur vie selon les exigences de cette vérité. Or, à cette obligation les hommes ne peuvent satisfaire, d'une manière conforme à leur propre nature, que s'ils jouissent, outre la liberté psychologique, de l'immunité à l'égard de toute contrainte extérieure. Ce n'est donc pas dans une disposition subjective de la personne mais dans sa nature même qu'est fondé le droit à la liberté religieuse. C'est pourquoi le droit à cette immunité persiste en ceux-là même qui ne satisfont pas à l'obligation de chercher la vérité et d'y adhérer; son exercice ne peut être entravé dès lors que demeure sauf un ordre public juste.

Conclusion:

- la liberté religieuse touche et concerne les personnes, et non pas les bâtiments. Les islams ne connaissent pas ou presque pas cette liberté fondamentale.

- de ce principe, les laïcs peuvent diverger dans les applications. Donc pas de vote catholique pour cette question des minarets. Je connais des catholiques qui ont voté oui d'autres non. Si la question avait été la liberté religieuse, ou le principe du dialogue interreligieux, un catholique aurait eu le devoir de voter en faveur. Mais cela eut été une autre question.

Commentaires

Il y a quand même une réaction du Président du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants, Mgr Veglio, selon un dépêche de l'agence Zénit reproduite ci-dessous:

ROME, Lundi 30 novembre 2009 (ZENIT.org) - Le Vatican réagit dans la « ligne » des évêques catholiques de Suisse au lendemain du référendum pour l'interdiction à l'avenir de la construction de minarets - et non de mosquées - sur le territoire de la confédération helvétique. Les évêques invitent à toujours défendre « la paix religieuse ».

Mgr Antonio Maria Veglio, président du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement a répondu à ce sujet aux questions de l'agence italienne Ansa, indiquant qu'il réagissait « dans la ligne des évêques suisses ».

Déjà, Mgr Veglio était intervenu à ce sujet vendredi dernier, 27 novembre (cf. Zenit du 27 novembre 2009), à la veille de la consultation des cantons suisses, et lors de la présentation au Vatican du message de Benoît XVI pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié.

« Je suis pour l'ouverture à l'autre. Donc je ne vois pas comment on pourrait empêcher un groupe de personnes d'avoir leur lieu de prière, même si cela comporte un sentiment d'aversion ou de peur, parce qu'il n'y a aucune réciprocité. Mais le chrétien doit aussi dépasser cela », avait déclaré Mgr Veglio.

Walter Müller, chargé d'information de la conférence des évêques catholiques de Suisse (CES) a déclaré dimanche : « Le peuple suisse a accepté aujourd'hui l'initiative populaire pour l'interdiction de la construction de minarets. Les évêques ont pris connaissance avec une grande attention de ce résultat ».

Il voit se compliquer les possibilités d'intégration et de dialogue : « Pour les évêques, a-t-il expliqué, la décision du peuple représente un obstacle et un grand défi sur le chemin de l'intégration dans le dialogue et le respect mutuel. On n'est manifestement pas parvenu à montrer au peuple que l'interdiction de la construction de minarets ne contribue pas à une saine cohabitation des religions et des cultures, mais au contraire la détériore. La campagne, avec ses exagérations et ses caricatures, a montré que la paix religieuse ne va pas de soi et qu'elle doit toujours être défendue ».

Il craint pour la cohabitation harmonieuse de différentes communautés : « Le oui à l'initiative augmente les problèmes de la cohabitation entre les religions et les cultures. Le défi premier constitue à redonner à la population la confiance nécessaire en notre ordre juridique et l'attention appropriée aux intérêts de tous. Cela exige la collaboration de tous en Suisse, et spécialement les responsables de l'Etat et de l´Eglise ».

Il y voit aussi un effet négatif pour les pays où des chrétiens sont opprimés (deux Suisses sont retenus en otage en Lybie) : « L'interdiction de la construction de minarets ne servira pas les chrétiens opprimés et persécutés dans des pays islamiques mais elle détériore la crédibilité de leur engagement dans ces pays ».

Et de conclure : « Les évêques suisses encouragent toutes les personnes de bonne volonté à s'engager encore plus aujourd'hui pour ces chrétiens et à se tenir à leur côté ».

Au micro de Radio Vatican, dimanche également, Mgr Félix Gmür, secrétaire général de la conférence épiscopale suisse, a indiqué que les évêques ne sont « pas contents » du résultat du vote : il y voit un « coup dur pour la liberté religieuse et l'intégration de tous ceux qui viennent en Suisse ».

Il invoque le concile Vatican II qui, souligne-t-il, indique « clairement » qu'il est « licite pour toutes les religions de construire des édifices religieux, et les minarets sont des édifices religieux ».

Je pense qu'il est honnête de la signaler. Cordialement, Laurent Passer

Écrit par : Laurent Passer | mercredi, 02 décembre 2009

Oui, c'est un avis en effet et il est juste qu'il soit aussi connu.
Zenit est une agence de presse, qui fait un excellent travail, mais n'est pas la voix officielle du Saint-Siège, tout comme mon petit blog d'ailleurs.
Aussi, on ne peut pas dire que le Saint Sège s'est exprimé sur la votation en Suisse.

Il est intéressant de constater qu'à Rome, les avis sont plus variés que ce que l'on peut penser depuis la Suisse. On dit souvent: Rome... mais c'est très ouvert, très nuancé.
Aussi je regrette que notre conférence épiscopale soit entrée dans le concret, car mieux aurait valu communiquer sur la liberté religieuse, voulue par le Concile (prophétiquement). Pas un hasard que l'on prie le vendredi saint pour l'expension de la liberté religieuse. C'est cruciale aujourd'hui, pour éviter un choc. Hélas, elle n'existe pas chez nos frères et amis musulmans, tout comme ceux d'Ecône.

Enfin, vu d'ici, la communication des évêques et des responsables n'est pas très claire, et trop partisanne, ce qui provoque des tensions.

Écrit par : Dominique | mercredi, 02 décembre 2009

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