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lundi, 23 novembre 2009

Paul Hinder et la liberté religieuse

Source: Le Matin et Vincent Pellegrini

minaret_4.jpgA l’approche de la votation sur les minarets, le Suisse Paul Hinder, évêque catholique et vicaire apostolique d’Arabie, décrit à quel point la tolérance vis-à-vis des chrétiens est différente d’un pays à l’autre. Il est par ailleurs opposé à l’initiative anti-minarets car pour lui “afficher au vu et au su de tous sa croyance par la construction de lieux de culte, pourvus des symboles qui sont propres à sa religion, est un droit fondamental de tout citoyen”. Extraits de l’interview de Mgr Hinder relatifs à la thématique de la liberté religieuse et à la tolérance.


(…) Justement, les musulmans respectent-ils les droits de culte des autres religions?
Dans la plupart des pays arabes, la liberté de culte est limitée, voire inexistante dans certains. Mais il faut souligner que, dans ces pays, la liberté d’expression dans tous les domaines est également réduite. Naturellement, quand la liberté de culte est limitée, celle de construire des églises ou des temples non musulmans l’est également. Ainsi, à Abu Dhabi – où se trouve mon évêché – et dans les autres Emirats arabes unis, nous avons plusieurs églises catholiques, mais il nous a été interdit de les parer à l’extérieur des symboles propres au catholicisme, tels les clochers et les croix. Il en va d’ailleurs de même dans la plupart des autres pays du Golfe.


Ah oui, lesquels?
En Arabie saoudite, par exemple, les lieux de culte chrétiens ne peuvent exister que dans des maisons privées. En Turquie, un pays officiellement laïc, le culte chrétien est soumis à restriction, de même que les autres droits des minorités religieuses.


Aucun pays n’est donc entièrement libéral?
Si, le Liban, la Jordanie et la Syrie respectent presque intégralement les autres religions.


(…) Quel est le seuil de tolérance?
La conversion: celui qui veut changer de religion, c’est-à-dire commettre l’apostasie, risque dans certains pays la mort. De plus, il sera banni de sa propre famille. C’est probablement en raison de la sévérité de la sentence que je n’ai entendu parler d’aucun cas d’apostasie depuis que je m’occupe du monde arabe.


En résumé, vous dites que, dans son ensemble, le monde arabo-musulman n’est guère plus tolérant que l’UDC…
Oui, mais je souhaite que les musulmans puissent un jour avoir nos droits constitutionnels et je refuse que nous, les chrétiens, adoptions leurs pratiques juridiques et morales.


Les musulmans de Suisse se battent-ils pour la tolérance?
Ils sont à la traîne. Je pense qu’il existe une forme de lâcheté dans leur expression publique. Ils n’ont pas vraiment pris position ces dernières années. Par exemple par rapport à certains abus commis au nom de la religion ou par rapport aux principes fondamentaux d’une démocratie constitutionnelle. Leur communauté étant dépourvue d’une autorité morale, c’est-à-dire d’une voix forte, leur présence dans le débat en Suisse est peu marquée.

Note:

- Raison pour laquelle, chacun doit se faire une opinion, et la hiérarchie de l'Eglise ne doit pas donner des consignes de votes. Car des mêmes arguments, des mêmes buts, peuvent avoir des applications différentes.

- D'où la sagesse actuelle de l'Eglise, plaider pour le multi-partisme dans les engagements des catholiques, de l'UDC au parti socialiste, tout en tenant à la doctrine sociale de l'Eglise.

- Par contre, comme prêtre, j'ai le devoir de promouvoir et de défendre la liberté religieuse, une des conditions pour la justice et la paix.

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