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mardi, 11 août 2009

La peur du monde des traditionnalistes

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"Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ... Voici l'Agneau de Dieu qui enlève la péché du monde"

Ces deux prières de la messe nous aideront à comprendre le lien entre l'Eglise et le monde.

Ecône et la mouvance traditionaliste sont assez connus pour leur refus partiel du Concile Vatican II surtout en ce qui concerne le dialogue inter-religieux, l'oecuménisme ou la messe selon le rite romain sous la forme de Paul VI. Les formes politiques prônées par la Fraternité Saint Pie X sont aussi peu compatibles avec l'intégralité de la doctrine sociale de l'Eglise.

Un thème moins connu doit aussi venir aussi quelque peu à la lumière et concerne la grande Constitution pastorale "Gaudium et Spes" du Concile Vatican II. Cette véritable clef de voûte du Concile débute avec les célèbres paroles: les joies et les espérances de ce monde, ainsi que ses angoisses sont aussi celles de l'Eglise. Nous les avons simplifiés comme une ouverture au monde. Or, il s'agit de la vie de l'Eglise dans le monde de ce temps. En lisant les écrits ou en écoutant les interventions de Marcel Lefebvre, on peut se rendre compte que notre monde est dépeint comme dangereux, car lieu de perdition et de danger entièrement soumis à la loi du péché. C'est un comportement quelque peu sectaire, qui n'est pas sans sérieuses conséquences sur le plan psychologique, pouvant conduire à un certain isolement. Cette attitude est quelque peu perceptible dans l'interview de Mgr Fellay, supérieur de la Fraternité, notamment lorsqu'il fustige l'Osservatore Romano, le journal du Vatican. Ce dernier s'intéresserait à Harry Potter. Un canoniste américain étrille ce même journal qui a osé parler de Michael Jackson (lire ci-dessous).

Pour eux, il faut le constater, cela semble difficile de distinguer chez une personne, son talent et ses capacités de sa vie morale. Sur un autre sujet, le porte-parole de l'Opus Dei d'Italie a d'ailleurs osé reprocher au journal de la conférence épiscopale italienne, Avvenire, de s'en prendre trop fortement à Berlusconi. L'argument était assez cinglant et dénoncait le risque d'une reprise de la dictature d'un Robespierre lors de la Révolution française. Cette argument est très loin de relativiser l'importance de tout en chacun de vivre selon sa conscience, qui demeure obligée de chercher la vérité et d'y adhérer.

Le Cardinal Journet, avec son sens de l'humour, avait eu cette phrase: "Ecône, c'est Port-Royal avec le génie en moins". Le jansénisme, hérésie fondamentalement pessimiste sur une certaine bonté de la nature humaine laisse encore des traces dans les âmes et n'a jamais donc jamais totalement quitter les esprits. C'est une subtile tentation.

Le Seigneur a prié pour ses Apôtres afin de les garder du mauvais. La prière eucharistique numéro IV, prière principale lors de la messe, souligne que Jésus a partagé la condition humaine en toutes choses excepté le péché. Enfin, la prière de tous les chrétiens, le Notre Père se termine bel et bien par:  "délivre nous du Mal", mais non pas du monde. La doctrine de l'Eglise se situe dans cette ligne d'équilibre: le monde est bon, car sorti des mains du Créateur pour réjouir le coeur de l'homme et stimuler son imagination. Le chrétien est appelé à aimer ce monde passionnément. Par contre, le péché, dont l'instigateur principal reste le diable, est le plus grand mal dans sa vie car il conduit à la tristesse, à la séparation de la vraie vie et de la joie authentique qui ne se trouvent qu'en Dieu.

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Aussi, pourquoi un chrétien ne pourrait-il pas aimer la musique de Michael Jackson, ou lire les romans de Harry Potter ? Si cela correspond à ses goûts, il jouit de la liberté des enfants de Dieu. Il n'y a pas de musique catholique ou de roman catholique, pas plus qu'une écologie ou une politique catholique. Par contre, notre conscience doit chercher le bien, le beau et le vrai, avec toutes ses forces. Au fond, Ecône et la pensée traditionaliste sont à la limite d'un certain piétisme protestant.

Voilà deux sacrés pierres jetées dans la marre: après le risque d'être révolutionnaire comme Robespierre, voilà le danger d'un certain protestantisme qui pointe le bout de son nez. A force de lutter contre un ennemi, on finit tôt ou tard par lui ressembler.

La pensée traditionaliste représente donc un frein pour l'Evangélisation de notre monde actuelle. Il recouvre tout d'abord d'un voile la lumineuse pensée d'un Cardinal Ratzinger devenu Benoît XVI. L'argument consistant à dire que le Concile Vatican II ne fut que pastoral et pas doctrinal apparaît assez correct, mais représente en fait un certain danger, pour ne pas dire un danger certain, pour les âmes et pour le plein déploiement de toute la voilure du bâteau de l'Eglise qui navigue de ce monde vers la vie éternelle.

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Source: Daniel Hamiche

par le professeur Edward Peters qui enseigne le latin et le droit canonique

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« Pendant presque toute ma vie, j’ai considéré L’Osservatore Romano comme une feuille de chou somnolente et romaine qui arrivait des semaines après sa date de parution, et imprimée avec une encre de si mauvaise qualité qu’elle maculait les doigts de ceux qui éprouvaient le besoin de lire, page après page, des poncifs sur le dernier ambassadeur de je ne sais où, photographié en habit et  présentant ses lettres de créances. Hormis, supposons-le, une critique de livre intéressante mais occasionnelle, L’OR n’a, pendant des décennies, rien publié de vraiment intéressant qui ne se trouvât beaucoup plus rapidement dans une demi-douzaine d’autres publications lesquelles, de surcroît, n’obligeaient pas leurs lecteurs à aller se laver les mains avant de toucher quelque chose de beige ou de blanc.

Mais, ultérieurement, L’OR a décidé qu’il lui fallait devenir compétent. Que Dieu nous aide. À peine venait-il de refaire surface, maltraité mais, je le pensai, modérément réprimandé, après son éditorial à la louange du président Obama, naïf et nuisible à un point très embarrassant, que L’OR offrait au monde un hommage scolaire, version terminale, au très talentueux mais absolument pathétique artiste de music-hall Michael Jackson.

Il se peut que Jackson n’ait pas été entièrement responsable du chaos tourbillonnant que furent sa vie et sa mort, mais que L’OR en soit venu à faire part de son décès – sans même, et simultanément, inviter les catholiques à prier pour son âme et pour celles de tous les fidèles défunts – me stupéfie.

Pire, L’OR dans son article ne permet guère aux catholiques de savoir que beaucoup de l’œuvre de Jackson exploitait la sexualité, et parfois de manière quasi obscène. Il écarte comme insignifiant l’affreux exemple d’un Jackson à la recherche maladive d’une “beauté” superficielle, donné à des millions de jeunes gens. Et, le pire de tout, il banalise les allégations sérieuses – et, dans certains cas, non résolues – d’abus sexuels contre des enfants qu’on lui a imputées. L’OR n’avait pas besoin de reprendre à son compte ce qu’il y a de pire dans la conduite deJackson dans ces affaires, mais il n’aurait jamais dû sous-entendre que de telles allégations, même si elles sont vraies, ne pourront jamais ternir l’admiration mondiale dans laquelle il fut tenu ! Ça alors ! L’OR a-t-il complètement perdu la raison ?

Si le Vatican souhaite avoir un journal pour offrir une perspective catholique sur le monde : parfait. Mais, article premier sur la liste “à faire” : trouver des catholiques capable d’écrire et de publier un tel journal avec cohérence. De gaffe en gaffe, n’importe qui peut finir par vaciller. »

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