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mercredi, 05 août 2009

Entendu: "Caritas en Allemagne"...

Parlant de la situation de l'Eglise en Allemagne, un jeune m'a dit: "En Allemagne, la Caritas (association sociale et caritative) est capitale, puissante et très importante". L'Allemagne est parfois aussi le pays de la contestation, qui s'engage parfois dans un "social" séparé de la vérité de l'Eglise.

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Nous comprenons d'autant plus le zèle de Benoît XVI magnifiquement illustré dans le titre de sa dernière encyclique sociale: "Caritas in Veritate", la Charité dans la Vérité. Il y a le risque de séparer la Charité de la Vérité. La théologie de la libération a connu ce risque, tout comme les chrétiens qui veulent être charitable en mettant de côté la vérité et l'intégralité de l'enseignement de l'Eglise. Par exemple, les centres d'accueils pour aider les femmes en détresse manquaient à la Charité en proposant une voie vers l'avortement.

Or, pour le Saint Père, l'annonce de la Vérité est une forme éminente de la Charité, si bien que contester l'enseignement de l'Eglise est un manquement à la Charité. On rétorque d'ailleurs souvent que les catholiques sont intolérants. C'est le pouvoir des idéologies. Prêcher l'amour vous rend sympathique et populaire alors qu'annoncer la vérité vous donne des airs de fondamentalistes et de réactionnaires. La première Encyclique de "l'ancien Panzer Cardinal" avait pris tout le monde à contre pieds: "Deus Caritas Est", Dieu est Amour. C'est le dramatique pouvoir de l'intolérance qui peut caricaturer un homme qui a passé sa vie à aimer et servir la vérité par amour pour les hommes.

L'Allemagne est aussi le pays de la Réforme, qui a opéré des séparations et des ruptures dans l'Unité de la réalité:" sola scriptura, L'Ecriture seule, sola fide, la Foi seule". C'est la pensée de la rupture et de l'opposition qui vise à séparer l'Ecriture de la Tradition et brisé le lien entre la Foi et l'Eglise. Caritas in Veritate opère une réconciliation pour réunir ce qui a pu être séparé, notamment la séparation entre la morale et la charité. Benoît XVI a inclus les thèmes moraux, que l'Occident risque de rejeter, dans la doctrine sociale. Humanae Vitae (refus de la contraception) de Paul VI n'a pas manqué à la Charité et fut une Encyclique éminemment sociale. Il donne la direction pour l'amour vrai afin d'aimer vraiment. Dans la crise mondiale actuelle, moraliser l'activité économique est aussi une sérieuse urgence. S'il y a le pays de rêve et des contes de fées, l'Eglise catholique est alors le pays de l'Unité. Caritas in Veritate est une Encyclique de réconciliation dans un monde divisé.

Extraits:

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L’amour – « caritas » – est une force extraordinaire qui pousse les personnes à s’engager avec courage et générosité dans le domaine de la justice et de la paix. C’est une force qui a son origine en Dieu, Amour éternel et Vérité absolue... Défendre la vérité, la proposer avec humilité et conviction et en témoigner dans la vie sont par conséquent des formes exigeantes et irremplaçables de la charité... En effet, celle-ci « trouve sa joie dans ce qui est vrai » (1 Co 13, 6). Toute personne expérimente en elle un élan pour aimer de manière authentique: l’amour et la vérité ne l’abandonnent jamais totalement, parce qu’il s’agit là de la vocation déposée par Dieu dans le cœur et dans l’esprit de chaque homme. Jésus Christ purifie et libère de nos pauvretés humaines la recherche de l’amour et de la vérité et il nous révèle en plénitude l’initiative d’amour ainsi que le projet de la vie vraie que Dieu a préparée pour nous. Dans le Christ, l’amour dans la vérité devient le Visage de sa Personne. C’est notre vocation d’aimer nos frères dans la vérité de son dessein. Lui-même, en effet, est la Vérité (cf. Jn 14, 6)...

Dans les domaines social, juridique, culturel, politique, économique, c’est-à-dire dans les contextes les plus exposés à ce danger, il n’est pas rare qu’elle soit déclarée incapable d’interpréter et d’orienter les responsabilités morales. De là, découle la nécessité de conjuguer l’amour avec la vérité ... Ce qui, aujourd’hui, n’est pas rien compte tenu du contexte social et culturel présent qui relativise la vérité, s’en désintéresse souvent ou s’y montre réticent.

Par son lien étroit avec la vérité, l’amour peut être reconnu comme une expression authentique d’humanité et comme un élément d’importance fondamentale dans les relations humaines, même de nature publique. Ce n’est que dans la vérité que l’amour resplendit et qu’il peut être vécu avec authenticité. La vérité est une lumière qui donne sens et valeur à l’amour. Cette lumière est, en même temps, celle de la raison et de la foi, par laquelle l’intelligence parvient à la vérité naturelle et surnaturelle de l’amour: l’intelligence en reçoit le sens de don, d’accueil et de communion. Dépourvu de vérité, l’amour bascule dans le sentimentalisme. L’amour devient une coque vide susceptible d’être arbitrairement remplie. C’est le risque mortifère qu’affronte l’amour dans une culture sans vérité. Il est la proie des émotions et de l’opinion contingente des êtres humains ; il devient un terme galvaudé et déformé, jusqu’à signifier son contraire. La vérité libère l’amour des étroitesses de l’émotivité qui le prive de contenus relationnels et sociaux, et d’un fidéisme qui le prive d’un souffle humain et universel.

Parce que l’amour est riche de vérité, l’homme peut le comprendre dans la richesse de ses valeurs, le partager et le communiquer... Dans le contexte socioculturel actuel, où la tendance à relativiser le vrai est courante, vivre la charité dans la vérité conduit à comprendre que l’adhésion aux valeurs du Christianisme est un élément non seulement utile, mais indispensable pour l’édification d’une société bonne et d’un véritable développement humain intégral. Un Christianisme de charité sans vérité peut facilement être confondu avec un réservoir de bons sentiments, utiles pour la coexistence sociale, mais n’ayant qu’une incidence marginale. Dans ce cas, Dieu n’aurait plus une place propre et authentique dans le monde. Sans la vérité, la charité est reléguée dans un espace restreint et relationnellement appauvri. Dans le dialogue entre les connaissances et leur mise en œuvre, elle est exclue des projets et des processus de construction d’un développement humain d’envergure universelle.

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La doctrine sociale de l’Église répond à cette dynamique de charité reçue et donnée. Elle est « caritas in veritate in re sociali »: annonce de la vérité de l’amour du Christ dans la société. Cette doctrine est un service de la charité, mais dans la vérité. La vérité préserve et exprime la force de libération de la charité dans les événements toujours nouveaux de l’histoire. Elle est, en même temps, une vérité de la foi et de la raison, dans la distinction comme dans la synergie de ces deux modes de connaissance. Le développement, le bien-être social, ainsi qu’une solution adaptée aux graves problèmes socio-économiques qui affligent l’humanité, ont besoin de cette vérité. Plus encore, il est nécessaire que cette vérité soit aimée et qu’il lui soit rendu témoignage. Sans vérité, sans confiance et sans amour du vrai, il n’y a pas de conscience ni de responsabilité sociale, et l’agir social devient la proie d’intérêts privés et de logiques de pouvoir, qui ont pour effets d’entrainer la désagrégation de la société, et cela d’autant plus dans une société en voie de mondialisation et dans les moments difficiles comme ceux que nous connaissons actuellement.

Benoît XVI, Caritas in Veritate

 

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