mardi, 19 mai 2009
E.Frankl:"un psychologue dans les camps de concentration
Un psychologue dans le "Lager", de Viktor E. Frankl (Ed. Ares) - livre en italien.
"Qui a un pourquoi vivre peut supporter presque tous les comment vivre" F.Nietzche
J'ai lu avec passion et émotion ce livre, à Rome, la citée éternelle, connue pour l'art et pour le Pape.
Le 24 janvier 2009, Benoît XVI levait l'excommunication de 4 évêques lefebvristes. Un d'eux avait donné en début novembre 2008 une interview sur les camps de concentration (Lager en italien), sur Auschwitz, déclaration trop forte qui ont fait le tour du monde, provoquant une énorme crise de communication.
Bien qu'ayant vu Auschwitz, "étudié" cette horreur nazie, après la lecture du livre de E.Frankl, les déclarations de Williamson m'ont semblé encore plus scandaleuses, proprement une folie. Frankl, un psychologue qui a survécu aux camps affirme: "sur la terre, existent seulement deux races d'hommes, et seulement ces deux: la race des hommes "de bien" et celle "des moins bien, des peu bons". Ces deux races sont présentes partout, elles pénètrent et se faufilent dans tous les groupes" (p.144). Lorsque l'on touche à la tragédie de la souffrance, de la guerre, de la mort, des choses impensables, les gens réagissent heureusement avec force: viennent alors ces images de gas, des crématoires et des cadavres. L'oeuvre de Frankl a fait le tour du monde également, en plusieurs langues et se lit aussi avec beaucoup d'émotions. Elle explique réellement, avec une recherche philosophique, comment il a réussi à traverser cette épreuve, cette tragédie.
Dans son livre écrit en 1946, Frankl raconte sa vie "ordinaire" durant 3 ans dans un camp, faite de faim, de manque de sommeil, de travail exténuant, de fatigue, de contacts quotidiens avec la mort et les cadavres, de la brutalité et de la violence, de manque d'hygiène et de la réduction à n'être réduit qu'à un numéro (No 119.104), de la négation même de son humanité. Il décrit aussi les petites astuces, comment la saveur de l'art ou la recherche du beau, l'ont aidé à vivre. Il conte comment goûter les petites joies d'un moment furtif: le soleil qui colore le ciel de rouge ou de gris.
Pour revenir à Rome, l'oeuvre de Michel Ange et son jugement dernier est proprement une oeuvre d'art, une beauté qui fait comprendre et aide à vivre l'épreuve de la vie.
J'ai été frappé par l'expérience de Frankl qui décrit son entrée dans le camp, avec cette confrontation face à face avec un soldat SS. Ce dernier était debout, la main droite levée avec l'index qui faisait un petit geste très ténu: "maintenant à droite, maintenant à gauche". Ce petit geste, fait avec l'index de la main, signifiait: être ou ne pas être.
Ce signe de la main, du doigt, est aussi au plafond de la chapelle sistine avec la création de l'homme, crée à la ressemblance de Dieu. L'homme semble dépeint comme une authentique oeuvre d'art, appelé à être, à exister, avec l'index même de Dieu. L'homme est nu, crée de rien, "ex nihilo". Frankl a experimenté cette nudité, mais dans un sens totalement inversé et pervertie. L'homme peut se mettre diaboliquement à la place de Dieu et décider de la vie d'un autre, cherchant alors à le réduire au néant. Frankl, par la folie de quelques hommes, fut réduit à rien.
La thèse centrale du livre consiste à expliquer comment toutes tentatives de résoudre intérieurement le drame des hommes enfermés dans un camp présuppose qu'ils réussissent à s'orienter vers un futur, afin de tout affronter avec courage. Donc malheur à celui qui ne trouve plus un but dans sa vie. C'est justement le non futur qui conduit à la mort; rien de pire que de penser: "désormais je ne peux plus rien espérer dans la vie". Celui qui ne croit pas au futur est perdu. Face à la souffrance, l'homme doit parvenir et atteindre la conscience d'être, avec ce destin de souffrance, unique au monde. Il dépend donc entièrement de l'individu frappé la manière dont il assume ou oriente son destin de souffrance. Le poète Rilke s'exclame:" que de choses devons-nous encore souffrir". Mais avec une révolution semblable à celle de Copernic, il faut se dire:" combien de choses restent à faire ?", appelant ainsi un travail constructif ou une souffrance créatrice.
Pourquoi ne s'est-il pas suicidé ? pourquoi ne s'est-il pas lancé contre la barrière de barbelés électrisés?
L'oeuvre créatrice de l'amour vers sa femme lui a sauvé la vie. Ce n'était pas le petit commerce des cigarettes, le pain, l'eau, la nourriture... Certes, Frankl explique la prépondérance de la nourriture, des discours obsessionnels sur la nourriture dans les camps (il parle de masturbation de l'estomac). Pour lui, dans quelques pages magnifiques, il décrit combien la contemplation intérieure de l'être aimé fut déterminant (p.74).
Finalement, Frankl explique les deux signification du mot latin "finis": la fin et la finalité. Pour un croyant, l'existence de l'homme, se déroule entre la création et le jugement. La vie est orientée vers une finalité, un sens, une raison, un "pour quoi" et enfin "un où" final. Frankl ne parle pas de la vie éternelle, mais son livre se termine comme une oeuvre d'art, une poèsie:
"cette expérience de l'homme retourné à la maison, sera couronnée par la magnifique sensation qu'après avoir tant souffert, l'on ne doit plus rien craindre au monde, sauf son Dieu".
N.B. E. Frankl a perdu son épouse, entrée enceinte dans le Lager puis contrainte d'avorter. Il l'a su à sa libération. Il s'est remarié par la suite
02:35 | Lien permanent | Commentaires (2) | | |
Commentaires
Royal ce moment passez en votre établissement, merci bien pour cette excellente.
Écrit par : pari en ligne | mardi, 27 mai 2014
Il est exceptionnelle votre blog, prompte, pratique, nous l'aime bien, est ce que la création d'un tel blog est gratuite ?
Écrit par : match france honduras coupe du monde | dimanche, 15 juin 2014
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